ZHANGJIAKOU, Chine - Pour la première fois depuis bien longtemps, le Canada sera compétitif en sauts acrobatiques aux Jeux olympiques de Pékin, autant chez les hommes que chez les dames.

Alors que le pays a été à l'origine du sport, la médaille remportée jeudi dernier en compétition par équipe mixte était la première du Canada en 20 ans, soit depuis les médailles d'argent et de bronze de Veronica Brenner et Deidra Dionne, aux Jeux de Salt Lake City, en 2002.

Chez les hommes, il faut remonter à 1994, à Lillehammer en Norvège, alors que Philippe Laroche et Lloyd Langlois étaient montés sur les deux dernières marches du podium.

Jeff Bean, actuel entraîneur-chef de l'équipe canadienne de sauts, est celui qui est passé le plus près, avec une quatrième place à Salt Lake City (2002). Kyle Nissen a terminé cinquième à Turin et Vancouver. Olivier Rochon a fait de même à PyeongChang, mais chez les dames, aucun top-10 depuis Brenner et Dionne.

Bean croit que les jours sombres sont passés pour son programme.

« Je peux dire que cette équipe voit enfin la lumière au bout du tunnel. Je suis très fier, car c'était mon objectif en rejoignant le programme », a-t-il dit au bas de la piste du Parc de neige de Genting, dimanche, tandis que la tempête qui a forcé le report des qualifications chez les dames faisaient toujours rage.

« Je suis très chanceux : il y a eu Nicolas Fontaine (maintenant entraîneur de l'équipe de développement et de l'équipe du Québec de ski acrobatique) qui a tout mis en place et moi, quand je suis arrivé, j'ai installé ma philosophie, mais j'ai profité de tous ces athlètes qui se joignaient à nous. On a tellement de bons athlètes que c'est facile. Je pense que (l'entraîneur adjoint) Rémi Bélanger et Nic, on a vraiment mis nos forces ensemble. »

La relève est maintenant au rendez-vous.

« Depuis la gang qui été des Jeux de 2010 (Steve Omischl, Warren Shouldice et Nissen), il manquait cruellement de relève, a noté Bean. Il y a maintenant un bon pipeline et il y a une bonne communication entre les entraîneurs dans le système. Derrière la génération actuelle, il y a une bonne relève.

« Avant, avec Nous le Podium, ils mettaient toute l'attention sur le haut niveau, juste sur les 'tops'. Là, on a remis de l'énergie sur la base, sur le coaching et ça paie: nous avons deux gars de 18 ans qui sont avec l'équipe, Flavie (Aumond) qui a 19 ans et il y a encore une autre génération qui pousse derrière. Nic n'est pas ici avec son fils, il est à une compétition NorAm pour ramener des jeunes! C'est son choix: ça montre les priorités du programme maintenant."

Terminé, donc, la figuration pour les sauteurs canadiens. Bean s'attend même à un ou des podiums dans les compétitions individuelles.

« Je pense que Marion (Thénault) a une bonne chance de faire le podium. Elle en a fait deux l'an dernier et avec ses sauts, elle a une chance. Chez les hommes, on a vraiment de bonnes chances. Lewis (Irving) a fait trois podiums l'an dernier et il est de retour en forme; Miha (Fontaine) et Émile (Nadeau) ont vraiment une chance aussi: ils ont vraiment augmenté les coefficients de difficulté de leurs sauts.

« Si Marion réussit ses sauts sur le (tremplin à) double (vrille), elle est parmi les meilleures. Mon job avec elle c'est de lui faire réussir ses meilleurs sauts sur le tremplin de double. Si des filles font mieux sur le triple, c'est correct: ça ne fait que quatre ans qu'elle pratique ce sport. »

Thénault, Irving et Fontaine ont procuré la médaille de bronze en équipe mixte au Canada. Bean a tout de suite vu un changement d'attitude au sein de ses troupes, complétées par Naomy Boudreau-Guertin.

« Ça a donné un boost d'énergie, mais aussi enlevé de la pression à toute l'équipe. Ça a démontré ce que nous pouvons accomplir. Maintenant, tout le monde est plus relaxe: ils font des blagues à la cafétéria, ils s'amusent. C'est vraiment l'ambiance d'équipe que je voulais mettre en place. C'est l'ambiance que j'avais dans le temps avec Nicolas Fontaine et cette bande-là. Je pense que c'est ce qui manquait dans ce programme : dans notre temps, on travaillait fort, mais on s'amusait beaucoup en même temps. C'est ça notre but. »

La météo a joué les trouble-fête à Zhangjiakou, dimanche, alors que les qualifications chez les dames sont devenues la deuxième compétition repoussée de la journée, après les qualifications en slopestyle féminin en matinée.

Zhangjiakou est touchée par une tempête hivernale depuis les petites heures de la nuit de samedi à dimanche. Des accumulations de quelques centimètres de neige, mais surtout les forts vents ont troublé le calendrier sportif en montagnes.

Même s'il est à la tête d'un jeune groupe, Bean ne croit pas qu'il sera affecté par ces modifications à l'horaire.

« Je pense que ça peut être bénéfique. (Dimanche), elles sont montées et ont pu voir un peu ce qui en est. Elles ont même pu faire deux sauts: c'est une petite expérience qui pourrait faire tomber un peu de nervosité.

« Il va faire froid, ce sera dans nos conditions. Notre camp pré-olympique a eu lieu à Lac-Beauport et je n'ai pas vu beaucoup plus chaud que -15 avec du vent. On est prêts pour ça! »

La Chinoise Mengtao Xu, actuellement classée première au monde, est la favorite. Elle voudra racheter sa contre-performance à Pyeongchang, alors qu'elle avait terminé neuvième malgré son dossard no 1.

Six athlètes passeront à la finale à la suite de la première ronde de qualifications. Six autres pourront les rejoindre en finale 1 à l'issue de la deuxième.