Charles Hamelin devait faire son dernier tour de piste en 2018. Les Jeux olympiques de Pyeongchang devaient être ses derniers. Il aurait pu se retirer dans la gloire quelques semaines plus tard, après avoir triomphé aux Mondiaux de patinage de vitesse courte piste à Montréal.

Mais celui qui est surnommé la « Locomotive de Sainte-Julie » n'avait pas encore atteint sa destination finale.

« Peut-être qu'inconsciemment en 2018, je n'étais pas prêt. Mon frère (François) prenait sa retraite. C'était un peu une retraite de groupe. Mais quand j'ai pensé à ce que moi je voulais faire, ça m'a mené à un questionnement », a raconté Hamelin lors d'un récent entretien virtuel avec La Presse Canadienne.

« Avec mes performances à l'entraînement entre les Jeux et les Mondiaux, j'ai réalisé que ça n'avait aucun sens que je prenne ma retraite. Je me suis dit de prendre ça un an à la fois et une chance que je me suis écouté! Je me suis rendu aux Jeux. Ce seront mes cinquièmes. C'est spécial de pouvoir faire ça. »

Maintenant âgé de 37 ans, Hamelin se dit à l'aise avec le fait qu'il en est à ses derniers tours de piste. Et il a tout ce qu'il faut pour s'épanouir dans son après-carrière.

Hamelin est impliqué depuis plusieurs années déjà dans l'entreprise d'équipement Nagano Skate. Il prévoit aussi publier sa biographie cet automne. Et peut-être le plus important, il doit maintenant s'occuper de sa fille, Violette, en compagnie de sa conjointe, Geneviève Tardif.

« Il y a plein de choses qui m'attendent, a noté Hamelin. Je dois me marier cet été. Nous aurons notre lune de miel en Afrique du Sud si nous pouvons voyager. Nous nous croisons les doigts.

« Je suis en paix avec ce que j'ai fait durant ma carrière, a-t-il ajouté. J'ai hâte de laisser les jeunes aller, voir qui sera le patineur qui pourra battre mes records. C'est intrigant. Ce sera intéressant à suivre. »

Avec le sourire

Hamelin l'admet sans détour, il n'était pas dans le meilleur état d'esprit lors des Jeux de Pyeongchang. Sa relation de longue date avec la patineuse courte piste Marianne St-Gelais était terminée, même si le couple avait décidé de ne pas le dévoiler publiquement avant la fin de la saison.

La nouvelle a finalement été annoncée par l'entremise d'un bref communiqué entre les Jeux et les Mondiaux. St-Gelais faisait partie du groupe de patineurs qui prévoyait prendre sa retraite après les Mondiaux.

« Clairement qu'en 2018, ça n'allait pas bien dans ma tête. C'est l'une des raisons pour lesquelles je n'ai pas eu les performances espérées à Pyeongchang », a reconnu Hamelin.

Il a alors ajouté une cinquième médaille olympique à sa collection, le bronze au relais masculin. Il s'est toutefois contenté du 9e rang au 1000 mètres et du 13e rang au 1500 mètres.

Hamelin a espoir de faire amende honorable cette fois-ci, aux Jeux de Pékin. Et ce, même s'il a été victime d'une commotion cérébrale lors des Championnats canadiens en août et qu'il n'a pas gagné de médailles individuelles lors des quatre étapes de la Coupe du monde cet automne.

« J'ai été victime de quelques malchances en Europe, mais je préfère que ça arrive là-bas qu'aux Jeux olympiques, a souligné Hamelin. Je me dirige vers les Jeux en pleine confiance. Les temps à l'entraînement démontrent que je suis en très bonne forme. »

Un peu comme son coéquipier en patinage de vitesse longue piste Laurent Dubreuil, Hamelin croit également que l'épanouissement dans sa vie familiale l'a aidé à patiner avec plus de légèreté depuis la naissance de sa fille en avril 2020.

« Violette n'a pas conscience que Papa est tombé ou a trouvé son entraînement moins bon que d'habitude, a raconté Hamelin. Violette voit Papa arriver à la maison, elle affiche un grand sourire et veut seulement donner des bisous! Ça fait oublier tout ce qui s'est passé de moins bon ou de bon à l'aréna.

« Ça fait que je ne pense pas au patin ailleurs qu'à l'aréna. J'ai donc plus d'énergie à donner dans le moment présent quand je dois être à mon meilleur sur la glace. »

Une médaille à Pékin permettrait à Hamelin de rejoindre la patineuse de vitesse longue piste Cindy Klassen en tant qu'athlètes canadiens les plus décorés aux Jeux d'hiver. La nageuse Penny Oleksiak est l'athlète qui en cumule le plus aux Jeux olympiques avec sept médailles.

Une médaille d'or permettrait aussi à Hamelin de rejoindre les hockeyeuses Caroline Ouellette, Jayna Hefford et Hayley Wickenheiser au sommet dans la colonne des médaillés d'or avec quatre.

Même s'il devait connaître des parcours triomphaux aux Jeux de Pékin, puis aux Mondiaux, prévus du 18 au 20 mars à Montréal, Hamelin promet de ne pas revenir sur sa décision d'accrocher ses patins cette fois-ci.

« Ce serait la meilleure des fins, la fin rêvée. Mais la fin rêvée pour moi, ce ne sera pas seulement en fonction des médailles, mais aussi de l'attitude que j'aurai. Si j'ai le sourire au visage et que j'arrive content à la maison, ce sera mission accomplie », a conclu Hamelin.

--

Les épreuves de patinage de vitesse courte piste commenceront le 5 février avec notamment la présentation des qualifications au 1000 mètres messieurs et de la finale du relais mixte. Le patinage de vitesse courte piste est aussi à l'horaire les 7, 9, 11, 13 et 16 février.