C'était le principal risque annoncé pour la quinzaine olympique de ski alpin: le vent a contraint dimanche les organisateurs à repousser à lundi la descente hommes des JO de Pékin, mettant les nerfs des concurrents à rude épreuve.

Les rois de la vitesse devaient se défier à partir de 11 h 00 locales sur "The Rock", ruban de neige artificielle déroulé dans un massif aride, rocailleux et régulièrement pelé par les rafales, à 75 km au nord-ouest de la capitale chinoise.

Mais la décrue du vent espérée par les organisateurs n'a pas eu lieu: après avoir repoussé le départ à trois reprises, d'heure en heure, ils se sont résolus à jeter l'éponge pour des raisons de "sécurité et d'équité".

Après une heure et demie de réflexion, la Fédération internationale de ski (FIS) a fixé la nouvelle tentative à lundi 12h00, intercalée entre les deux manches du géant femmes (9h30 et 14h30) disputé sur une piste voisine du site alpin flambant neuf de Yanqing.

« À mon avis, ils vont essayer tous les jours et le jour où il y aura un bon créneau ce sera parti », a estimé Johan Clarey, représentant des athlètes auprès de la FIS, qui avait subi quatre jours de report aux JO-2010 de Vancouver et une journée aux JO-2018 de Pyeongchang.

Après avoir prédit des rafales dépassant les 60 km/h ce dimanche, la météo officielle est plus optimiste pour lundi, avec un vent attendu de 21 km/h et des rafales à près de 40 km/h.

« Si ça souffle comme à chaque fois à la " reco ", ce sera impossible de faire quelque chose », avertit cependant Clarey, alors que le vent a déjà poussé l'organisation à annuler samedi le troisième entraînement de descente après le passage de trois dossards.

D'autant que le vent « est bizarre » et « dur à anticiper », précise le doyen du circuit mondial, qui cherchera à 41 ans à décrocher une première médaille olympique.

« La première double (porte, ndlr) se passe vent dans le dos et dix mètres plus loin c'est vent de face. Il tourne tout le temps », explique-t-il, une configuration particulièrement dangereuse sur les sauts du deuxième tronçon de la piste.

Habitués aux reports en Coupe du monde, les concurrents n'ont d'autre choix que de patienter, alors que la plupart disputeront également le super-G programmé mardi.

« C'est juste une perte d'énergie, quand vous avez une journée si longue et qu'ensuite ils attendent 14 heures pour prendre une décision. Voyons s'ils peuvent trancher plus tôt à l'avenir », a commenté le no 1 mondial de la descente, le Norvégien Aleksander Aamodt Kilde.

Dans ces moments où les tempéraments détachés ou anxieux se révèlent, « il y a de tout: des mecs qui font la sieste, des mecs qui restent tendus tout le long », a décrit Clarey.

Tous savent que même si l'épreuve finit par s'élancer, le vent risque d'en rester l'arbitre, poussant un concurrent dans le dos avant d'en freiner un autre.

« On ne peut pas y faire grand-chose », balaie Kilde. « Si ça souffle juste un peu et que c'est sans danger pour nous, alors on doit skier avec le vent et prendre ce qui vient. C'est un sport alpin. »