ZHANGJIAKOU, Chine – Mikaël Kingsbury a écrit une page d'histoire en remportant une troisième médaille olympique, samedi. Elle n'est toutefois pas de la couleur souhaitée.

Le Suédois Walter Wallberg a été impérial tout au long de la soirée sur la piste de bosses du Parc de neige de Genting de Zhangjiakou, si bien que c'est lui qui a été couronné champion des Jeux olympiques de Pékin, devant Kingsbury et le Japonais Ikuma Horishima.

« Je lui ai dit : "Bienvenue dans le club", a déclaré un Kingsbury serein, très noble dans la défaite. C'est un club très sélect, ça vaut la peine de les nommer : Grospiron, Brassard, Moseley, Lahtela, Begg-Smith, Bilodeau, moi et maintenant Wallberg. »

Le bosseur de 21 ans seulement a survolé la piste en 23,70 secondes et obtenu les meilleures notes pour les sauts pour terminer avec 83,23 points, la plus haute note des deux jours de compétition. Kingsbury, qui s'est élancé avant-dernier, avait appliqué la pression en obtenant 82,18 points pour reléguer momentanément les 81,48 d'Horishima au deuxième rang.

« En haut, il y avait tellement de vent qu'on n'entendait pas les scores, a raconté Kingsbury. Dans le portillon, j'ai demandé à Mike (Michel Hamelin, son entraîneur) quel était le score d'Ikuma. Je ne me souviens plus du pointage, mais quand il me l'a dit, je me suis dit : "OK, j'ai ça".

« J'ai tout laissé entre les mains de Walter et je me suis accoté sur la clôture. Quand il a croisé le fil, je me suis dit : "Ouf! Ça va être tough!". »

« On s'est battus toute la saison, c'était un bon moment d'obtenir cette première place, a pour sa part expliqué Wallberg, qui a accompagné Kingsbury et Horishima sur le podium lors des quatre dernières courses en Coupe du monde. Je pense que la clé aujourd'hui aura été d'être plus rapide que ces deux gars.

« C'est une sensation incroyable. Je savais que j'avais fait une bonne descente, mais je savais que Mik et Ikuma en avaient fait une aussi. J'étais super heureux quand j'ai vu les pointages. »

« Nous sommes un peu surpris de sa descente, a admis Hamelin. Lui, c'est clair qu'il s'est dit que c'était premier ou rien. Félicitations à lui. »

Cette victoire de Wallberg, c'est un peu celle de l'élève sur le maître.

« Je l'avais déjà entraîné quand il avait 15 ans, en Suède, avant qu'il ne soit sur la Coupe du monde, s'est rappelé Kingsbury. Il vient d'une bonne famille, il travaille fort, c'est un bon gars. C'est amplement mérité. »

« C'était très inspirant. Ça a toujours été mon idole, a souligné le vainqueur. Je lui posais plein de questions sur sa façon de préparer ses skis, des trucs pour attaquer les bosses. C'est très spécial de le battre. »

Trois pour rejoindre Traa

Kingsbury, âgé de 29 ans, est devenu le premier skieur acrobatique à récolter une troisième médaille olympique après l'argent récoltée à Sotchi et l'or à Pyeongchang. Il rejoint la Norvégienne Kari Traa, seule bosseuse à avoir mis la main sur trois médailles olympiques: le bronze en 1998, l'or en 2002, et l'argent en 2006.

« Ce sont mes troisièmes JO. On est dans un sport où c'est un seul événement. Je ne veux rien enlever aux autres sports qui ont plus d'un événement, mais on a tellement de pression : c'est une médaille tous les quatre ans. Je suis fier d'avoir participé à trois Olympiques et d'avoir trois médailles en huit ans. D'être le premier dans mon sport à avoir trois médailles, c'est vraiment spécial. Bien sûr, j'aurais aimé qu'elle soit en or, tout le monde le sait, mais j'ai tout donné et je n'ai pas de regret. »

Déjà le recordman avec 71 victoires et 101 podiums en carrière en Coupe du monde, Kingsbury tentait d'imiter son ex-coéquipier Alexandre Bilodeau, seul bosseur de l'histoire à avoir défendu avec succès son titre olympique. Bilodeau était monté sur la première marche du podium à Sotchi après être devenu quatre ans plus tôt le premier Canadien à remporter une titre olympique chez lui, aux Jeux de Vancouver.

« Il y a une petite déception, on travaille fort depuis quatre ans, il a gagné beaucoup de Coupes du monde et il voulait égaler la marque de Bilodeau. Mais on est très fier de ce qu'on a accompli, a souligné Hamelin, tout sourire, au bas de la piste. On a fait une petite erreur en F2, mais il a fait sa meilleure descente dans la dernière. On visait l'or, il n'y a pas de doute. Mais Wallberg a fait la run de sa vie. »

Dumais exclu et déçu

Plus tôt, Laurent Dumais avait échoué à sa deuxième tentative de se qualifier pour les phases finales. Le bosseur de 25 ans de Québec devait percer le top-10 parmi les 20 skieurs en lice de cette Q2, mais n'a pu faire mieux qu'une 16e place.

« C'est certain que je m'attendais d'être de la finale. Je m'attendais à plus de moi-même, a-t-il laissé tomber. Je suis très déçu de mes deux descentes. Je n'ai juste pas été assez bon. Je me sentais bien les deux fois en haut de la piste. Je n'ai tout simplement pas été en mesure de livrer la marchandise. »

Dimanche, Justine et Chloé Dufour-Lapointe ainsi que Sofiane Gagnon seront de retour en action. Justine est déjà qualifiée pour la F1, mais Chloé et Gagnon devront d'abord passer par la Q2.