GANGNEUNG, République de Corée - Charles Hamelin accumule les insuccès depuis le début des Jeux olympiques de PyeongChang, mais il n'est pas question de lancer une bouteille à la mer.

Mardi, Hamelin, qui en est à ses quatrièmes et derniers Jeux, a été éliminé par le biais d'une pénalité pour une troisième fois en autant d'épreuves.

Il y a quatre ans, aux Jeux de Sotchi, Hamelin et le reste de l'équipe canadienne de patinage de vitesse courte piste avait lancé dans la mer Noire une bouteille remplie de messages de frustration pour conjurer le sort à la suite de l'échec de l'équipe de relais masculin. Alors que le sort semble continuer à s'acharner sur la « locomotive de Sainte-Julie », le principal intéressé soutient que le contexte est différent cette fois-ci.

« Sotchi, c'était quelque chose qui était devenu incontrôlable. Je pense qu'ici, oui, personnellement, ce ne sont pas les résultats que je voulais, mais ce n'est rien qui est incontrôlable pour moi », a d'abord indiqué Hamelin, dont les efforts avaient été minés par des chutes inexplicables à Sotchi après sa victoire au 1500 mètres.

« Les résultats des autres patineurs, les résultats de l'équipe en général, ils sont super bons. L'équipe a un moral d'acier. Le fait d'être uni dans tout ça, c'est plus facile de passer à travers ça, de s'encourager les uns les autres », a-t-il ajouté avant de voir dans l'heure suivante l'équipe féminine de relais être victime d'une chute puis d'une disqualification en finale.

« Je pense que pour le moment, il n'y a rien à lui dire, a affirmé Samuel Girard, qui a gagné l'or au 1000 m samedi. Il sait ce qui est bon et pas bon. Je lui ai donné une tape sur l'épaule tantôt. On discutera plus tard quand on sera un peu plus entre nous. »

Même la partenaire de Hamelin, Marianne St-Gelais, croyait bon de lui donner un peu d'espace.

« Il n'y a pas grand-chose à lui dire, a mentionné St-Gelais, qui est pourtant reconnue pour sa personnalité exubérante. Je sais comment il se sent, il sait comment je me sens. C'est difficile de trouver les mots, et ces mots-là ne feront pas nécessairement du bien. Mais je suis là en appui.

« Ce sont ses "boys" qui vont faire la job avec lui. Moi, ce sera avec mes filles. J'ai besoin de leur chaleur, d'être avec elles. J'ai besoin qu'on vive nos émotions ensemble. C'est la même chose pour lui. »

Détenteur de trois médailles d'or olympique, dont deux lors d'épreuves individuelles, et d'une d'argent, Hamelin a répété avant les Jeux de PyeongChang que le monde du patinage de vitesse courte piste avait beaucoup changé au cours des quatre dernières années et que la compétition était féroce au sommet de l'échelle. Aucun patineur n'a gagné jusqu'ici plus d'une médaille en courte piste chez les hommes.

Mardi, Hamelin a été disqualifié lors des préliminaires du 500 m. Il avait subi le même sort en finale du 1500 m et en demi-finales du 1000 m.

« J'étais juste triste de ne pas pouvoir continuer ma ronde, de continuer au 500 m, a raconté Hamelin, cherchant un peu ses mots. C'était ma dernière distance... j'aurais voulu... ce n'est pas comme ça que je me sentais. Je me sentais capable d'en faire pas mal plus au 500 m. La sensation que j'ai sur la glace ne reflète pas comment j'ai couru aujourd'hui. J'aurais aimé... être avec Sam (Girard) dans les quarts, les demies, la finale. Montrer ce que je suis capable de faire sur la glace. Je ne peux pas m'apitoyer sur mon sort. Je vais devoir tourner la page et regarder ce qui s'en vient dans les prochains jours. »

Il ne reste à Hamelin qu'une occasion au relais de quitter la Corée du Sud avec une médaille dans ses valises. Cette cinquième médaille lui permettrait d'ailleurs d'égaler la marque canadienne de Marc Gagnon et François-Louis Tremblay en patinage courte piste.

Les Canadiens se sont tout juste qualifiés pour la finale du relais 5000 m messieurs le 13 février. Ils en auront plein les mains en finale jeudi, face aux Sud-Coréens, aux Chinois et aux Hongrois.

« C'est important qu'il se regroupe avec ses "boys", qu'il montre qu'il est là pour eux (pour le relais), a noté St-Gelais. Le titre olympique, c'est possible. Ces petits gars-là sont les plus forts sur la glace. Il faut juste qu'ils serrent les coudes, qu'ils fassent ça ensemble. Charles est un gros pion là-dedans et il faut qu'il passe à autre chose. »

Hamelin n'aura que deux jours pour tourner la page. Même s'il n'y a pas de mauvais sort à conjurer, une petite marche le long de la plage de Gangneung ne lui ferait peut-être pas de tort.