Les athlètes olympiques de Russie ont marqué en prolongation aux dépens de l'Allemagne pour gagner l'or en hockey masculin pour mériter une victoire de 4-3, dimanche, aux Jeux olympiques de PyeongChang.

Il s'agit de leur premier titre olympique en hockey depuis pas moins de 26 ans et le neuvième au total. Le pays n'aura empoché au final que deux médailles d'or en Corée du Sud après celle de la patineuse artistique Alina Zagitova.

L'Allemagne, visiblement atterée après être passée si près du but, repart quand même à la maison avec une médaille d'argent inespérée. Elle a ajouté du piquant dans un tournoi privé de plusieurs grandes vedettes de ce sport.

Le Canada est lui médaillé de bronze grâce à sa victoire de 6-4 aux dépens de la République tchèque samedi.

Vyacheslav Voinov a marqué avec seulement 5 dixièmes de seconde à faire à la première période pour permettre aux Russes de briser la glace. Nikita Gusev et Kirill Kaprizov ont récolté des aides sur la séquence.

Les Allemands ont créé l'égalité à mi-chemin en deuxième période grâce à Felix Schutz, qui a complété le jeu de Brooks Macek et Patrick Hager. Il a falllu passer par la reprise vidéo pour s'assurer que la rondelle n'a pas été poussée dans le filet par un coup de patin délibéré.

L'impasse persistait tard dans la rencontre, mais Gusev a finalement redonné les devants aux Russes. Sauf que ça n'a pas duré longtemps. Dominik Kahun a effectivement fait 2-2 seulement 10 secondes plus tard.

Plus incroyable encore, l'Allemagne a pris l'avantage pour la première fois de la rencontre grâce à un tir entre les jambières de la part de Jonas Muller.

Les Russes auraient pu avoir signé leur arrêt de mort en écopant une pénalité avec 2:11 à écouler, mais Gusev a réussi à sauver les meubles en marquant en désavantage numérique à 55 secondes de la fin pour remettre le compteur à zéro et forcer la prolongation.

Le tout était encore chaudement disputé en temps supplémentaire jusqu'à ce que l'Allemand Patrick Reimer soit envoyé au cachot pour son coup de bâton au visage de Pavel Datsyuk au centre de la glace. Son geste a coûté cher puisque les Russes ont tôt fait d'en profiter lorsque Kirill Kaprizov a déjoué le gardien Danny Aus Den Birken qui avait effectué un spectaculaire arrêt sur Ilya Kovalchuk quelques instants auparavant.

Les Russes ont remporté huit des dix titres olympiques entre 1956 et 1992 (le dernier en tant qu'équipe unifiée après la dissolution de l'URSS), mais la médaille d'or s'était depuis toujours refusée à eux. Ils n'ont plus remporté qu'une médaille d'argent en 1998 à Nagano, et une en bronze en 2002 à Salt Lake City.

Un rêve pour Datsyuk

Formée d'anciens joueurs de la LNH comme Pavel Datsyuk, Ilya Kovalchuk, Slava Voïnov, Mikhail Grigorenko et Nikita Nesterov, l'équipe russe était nettement la plus talentueuse du tournoi. L'entraîneur américain Tony Granato a précisé qu'elle pouvait se comparer à 20 des 31 équipes de la LNH.

Des drapeaux russes (l'équipe ne pouvait en afficher à la suite des sanctions du CIO dans la foulée du scandale de dopage d'État aux Jeux de Sotchi en 2014) étaient accrochés derrière le banc alors que l'équipe célébrait bruyamment sa victoire. Plus de 200 partisans, qui ont applaudi l'équipe tout au long du tournoi, ont également entonné l'hymne russe, et les joueurs les ont imités alors que le drapeau olympique était hissé.

Le défenseur Bogdan Kiselevich a précisé que les joueurs ont interprété l'hymne russe comme une expression de la « liberté d'expression ».

« Vous jouez pour votre pays, c'est plus important, a ajouté le capitaine russe, Datsyuk, qui a remporté sa première médaille d'or à ses troisièmes Jeux olympiques. Ça fait du bien, j'ai réalisé mon rêve. »

« C'était le match le plus dingue que j'ai joué », s'enthousiasmait aussi Kovalchuk, autre vétéran de l'équipe russe lui aussi médaillé de bronze en 2002. « Quand on a eu cette pénalité à deux minutes de la fin et qu'on était menés, honnêtement je pensais qu'on ne serait pas champions olympiques. »

Cette victoire a été acquise quelques heures après le vote du Comité international olympique qui a décidé de ne pas réintégrer l'équipe russe en vue de la cérémonie de clôture, dimanche.

À la fois crève-coeur et réjouissant pour l'Allemagne

Malgré cette défaite cruelle, l'équipe d'Allemagne a de son côté écrit la plus belle page de son histoire, elle qui était au bord de l'élimination dès les barrages d'accession en quarts, quand elle n'a battu la Suisse qu'en prolongation.

Les Allemands ont ensuite accroché à leur tableau de chasse la Suède, finaliste à Sotchi il y a quatre ans, et le Canada, double tenant du titre, en demi-finale.

« C'est un peu dur maintenant parce qu'on a l'impression qu'on aurait vraiment pu gagner ce match », estimait l'entraîneur allemand Marco Sturm. « On pensait tous que la finale, on la verrait chez nous, dans notre canapé mais on était là aujourd'hui. Les gars vont ramener l'argent à la maison et ils peuvent en être fiers. »

Il s'agit seulement de leur troisième podium olympique, après le bronze en 1932 à Lake Placid et en 1976 de l'Allemagne de l'Ouest à Innsbruck.