RIO DE JANEIRO - DeAndre Jordan n'a certes rien à voir avec son illustre homonyme, il est même une sorte d'antithèse du génial Michael, mais le pivot des Clippers de Los Angeles a su se rendre indispensable auprès de l'équipe américaine, en route à Rio vers sa troisième médaille d'or d'affilée.

Avec lui, pas de dribble avec changement de main, pas de tir en sautant vers l'arrière, pas non plus de tir gagnant à la dernière seconde : le rayon de ce Jordan-là, avec ses grosses pattes et ses gros sabots, ses 211 cm et ses 120 kg, c'est le dunk, le contre, le rebond et l'intimidation physique en défense.

C'est moins élégant, mais ça fait du bien aussi à une équipe. « C'est lui qui a fait la différence aujourd'hui. En attaque et en défense, ses rebonds, sa façon de contrôler la peinture (la zone située sous le cercle), c'est ce que nous attendions de lui et il nous l'a donné », a dit le capitaine Carmelo Anthony après la demi-finale gagnée contre l'Espagne (82-76).

Jordan avait pris 16 rebonds, dominant ainsi dans ce domaine son adversaire en NBA Pau Gasol (8). Il a contré quatre fois les Espagnols et marqué 9 points, à 4 sur 6 au tir. Attention! Cela n'en fait pas un joueur adroit. Il s'illustre même par une étonnante gaucherie aux lancers francs. On l'a déjà vu faire au moins deux « airballs » dans cet exercice aux Jeux où il plafonne à un pathétique 41 % de réussite sur la ligne.

Si son pourcentage au tir est si élevé (75 % aux Jeux olympiques), c'est que la plupart de ses points sont marqués sur des dunks, des claquettes, ou alors de très, très près.

Dès qu'il se trouve à plus d'un ou deux mètres du cercle, plus question de tenter le diable. Quant au tir à trois points, c'est bien simple, il n'en a jamais tenté un seul en huit ans de carrière en NBA.

La médaille d'or plutôt que la bague

À Rio, il alterne avec DeMarcus Cousins dans le rôle de donjon des États-Unis, avec un bonheur total. Après sept matchs, il est le meilleur rebondeur américain (6,3 prises par match) et certainement le défenseur le plus intimidant, même si « cela ne se voit pas dans les statistiques », comme dit le sélectionneur Mike Krzyzewski.

« Chaque fois que je regarde le coach, il me sourit, donc c'est positif. Mon boulot, c'est de mettre toute l'énergie que je peux des deux côtés du terrain. En défense, c'est être moi : contrer, contrôler le panneau. En attaque, donner des tirs ouverts aux copains, mettre la pression sur le cercle. J'ai toujours fait ça, c'est naturel pour moi », explique le joueur, âgé de 28 ans.

Sa belle campagne brésilienne n'a fait qu'aiguiser sa fibre olympique. Dans une interview à la chaîne ESPN, il a même osé dire qu'à choisir, il préfèrerait la médaille d'or à la fameuse bague du vainqueur de la NBA.

« Je vais peut-être m'attirer des ennuis en disant ça, mais je le pense. C'est plus spécial. On ne joue pas simplement contre des équipes américaines, mais venues du monde entier. Et puis, il y a un champion de NBA tous les ans, et pas seulement tous les quatre ans », a expliqué le pivot, dont les voeux ont toutes les chances d'être exaucés dimanche contre la Serbie.