TOKYO – Les Jeux olympiques de Tokyo doivent commencer dans près de six mois, le 23 juillet, et le comité organisateur n'a toujours pas révélé de plan pour souligner l'événement.

L'inquiétude est bien palpable en ce moment.

Tokyo et la plupart des autres préfectures du Japon sont en état d'urgence en raison d'une recrudescence du nombre de cas de COVID-19, et le pays dénombre jusqu'ici environ 4500 décès qui sont attribuables au virus.

Plutôt que de lancer le décompte des six mois, les discussions tournent autour de la pandémie et des rumeurs au sujet d'une éventuelle annulation de l'événement. Les Jeux olympiques devraient-ils se dérouler en pleine pandémie – avec ou sans le vaccin? Le comité organisateur a assuré qu'ils auront lieu, sans toutefois offrir plus des détails.

La situation est la même depuis l'annonce du report des JO il y a 10 mois. Il y a toujours plus de questions que de réponses à ce sujet.

Q : Quand est-ce qu'une décision finale sera prise au sujet de la tenue des JO?

R : Le Comité international olympique et le comité organisateur jurent qu'ils auront lieu. Encerclez la date sur le calendrier – le 25 mars. C'est à ce moment que le relais de la flamme commencera dans le nord du Japon, avant de sillonner l'ensemble du pays pendant quatre mois grâce à plus de 10 000 coureurs vers Tokyo. Il serait difficile de croire que le relais de la flamme puisse avoir lieu si les JO sont annulés. Rappelez-vous, les JO ont été reportés vers la fin du mois de mars l'an dernier.

Q : De récents sondages rapportent que 80 % de la population du Japon souhaite que les JO soient annulés ou reportés. Pourquoi est-ce que le Japon et le CIO persistent à vouloir les tenir?

R : L'enjeu, ce sont les milliards de dollars qui ont déjà été investis dans l'événement, et les revenus que Tokyo pourra générer pour le CIO. Le CIO puise environ 75 % de ses revenus de la vente des droits de télédiffusion. Et une autre portion de 18 % provient des ententes de commandite. Contrairement à d'autres sports tels que le basketball ou la Premier League anglaise de soccer, le CIO ne mise que sur deux événements – présentés aux quatre ans – pour être rentable.

Seules cinq éditions des JO ont été annulées, toutes à cause de la guerre : les Jeux d'été de 1916, 1940 et 1944, ainsi que les Jeux d'hiver de 1940 et 1944. C'était toutefois avant que des milliards de dollars soient impliqués.

Le Japon doit sauver la face. Il a dépensé au moins 25 milliards $ en vue des JO. De plus, la Chine accueillera les Jeux d'hiver de 2022 à Pékin. Le Japon déteste que la Chine lui vole la vedette.

Le premier ministre du Japon Yoshihide Suga considère les JO comme « la preuve de la victoire de l'humanité contre le coronavirus ».

Q : Est-ce que les Jeux seront différents?

R : C'est pratiquement assuré. D'abord, les athlètes ont reçu la directive d'arriver plus tard que prévu, et de quitter hâtivement. L'idée consiste à limites les contacts entre les participants dans le Village des athlètes. Il est très peu probable que les athlètes puissent échanger en personne avec les spectateurs ou les médias. La présence des athlètes à la cérémonie d'ouverture serait beaucoup moins importante. Certains médias japonais avancent qu'ils seraient seulement 6000 athlètes à y prendre part. Les JO impliquent généralement 11 000 athlètes.

Cependant, au petit écran, la facture visuelle pourrait ressembler à celle habituelle. Les installations sont en quelque sorte des plateaux de télévision, et ils se ressemblent tous. De plus, les téléspectateurs sont maintenant habitués à assister à des événements sportifs qui se déroulent à huis clos.

Un seul problème. Les ventes de billets procurent environ 800 millions $ aux coffres du comité organisateur. L'absence de spectateurs signifie qu'il y aura une perte de revenus supplémentaire, et des dépenses additionnelles. Ces conséquences financières devraient être épongées par le gouvernement japonais. Plusieurs rapports commencés par le gouvernement estiment que les JO coûteront environ 25 milliards $. Seule une portion de 6,7 milliards $ ne proviendra pas des contribuables japonais. Les commanditaires locaux devront aussi assumer une facture de 3,5 milliards $. En obtiendront-ils pour leur argent?

Q : Pourquoi est-ce que certains acteurs influents du domaine ont exprimé leur scepticisme récemment – surtout le membre du CIO Richard Pound et le ministre japonais Taro Kono?

R : Pound et Kono ont simplement répondu aux questions.

Pound a été questionné sur la présentation des JO. « Je ne peux être certain en raison de l'éléphant qui se trouve dans la pièce; la hausse du nombre de cas de coronavirus ». Il a aussi suggéré que les athlètes soient priorisés lors de l'opération de vaccination de masse, puisqu'ils servent de « modèles » pour la société. Ces commentaires ont contredit ceux du président du CIO, Thomas Bach, qui a dit que les athlètes ne devraient pas être vaccinés en priorité.

Kono, un membre du cabinet de Suga, a admis dans un entretien que la tenue des JO était incertaine.

« Je devrais dire que tout est possible », a rectifié Kono.

Q : Est-ce que la vaccination sera obligatoire?

R : On l'ignore. Bach a demandé à tous les participants d'être vaccinés. Mais il a rappelé que personne ne forcera les athlètes à le faire.

Q : Les Internationaux d'Australie sont aux prises avec des éclosions de COVID-19. Qu'est-ce que le CIO peut apprendre de la situation là-bas?

R : Environ 1200 joueurs, employés de soutien et membres des médias sont arrivés à Melbourne en prévision du premier tournoi majeur de la saison. Tous les participants devaient présenter un test de dépistage négatif avant de s'envoler vers l'Australie. En date de mardi, neuf de ces vols ont transporté des personnes infectées. En conséquence, 72 joueurs seront confinés pendant 14 jours dans leur chambre d'hôtel.

Le président des Internationaux d'Australie, Craig Tiley, a mentionné que son expérience pourra servir au Japon et au CIO au niveau logistique.

« Je crois que de nombreuses leçons pourront être tirées de cette expérience en vue des JO, a dit Tiley. Nous nous améliorons au quotidien, parce que nous tirons des leçons des événements des derniers jours – les erreurs qui ont été commises. »