TOKYO – La kayakiste en eau vive Florence Maheu a toujours visé plus haut dans la vie. Et c'est avec cet état d'esprit qu'elle s'est frayé son chemin jusqu'aux Jeux de Tokyo, où elle jouera en quelque sorte un rôle de pionnière.

L'athlète de Valleyfield devient seulement la troisième kayakiste canadienne à prendre part à la compétition olympique et la première depuis 2008 dans une discipline qui a fait ses débuts aux Jeux de Barcelone, en 1992.

« Oui, c'est une source de grande fierté pour moi, reconnaît l'athlète de 28 ans. J'ai participé aux sélections en 2015, mais je n'ai pas réussi à faire l'équipe nationale. Pour moi, c'était le plus gros objectif à atteindre en 2020. »

Et elle n'a pas lésiné sur les moyens. Elle a d'abord assuré la place du Canada en K-1 aux Championnats du monde de 2019. Puis elle s'est qualifiée elle-même en vertu de sa performance aux Championnats australiens de canoë slalom, en janvier 2020, terminant en tête du classement du processus national de sélection.

Malgré le report des Jeux d'un an, elle a su garder le cap.

« Je n'ai pas vraiment changé mes objectifs, j'ai toujours eu en tête d'aller chercher une demi-finale à Tokyo. Par la suite, je veux y aller d'une bonne manche et? on ne sait jamais.

« Mon objectif a toujours été de faire un top-15, si jamais c'est un top-10 je ne dirai pas non, lance-t-elle en poussant un rire. Mais mon objectif réaliste est de faire un top-15. »

Ne rien laisser au hasard

Maheu, qui a pris part à son dernier entraînement vendredi sur le parcours artificiel de Kasai, a toujours été une passionnée de sports. Le kayak en eau vive est arrivé dans sa vie à 13 ans.

« Au début de mon secondaire, un professeur dont le garçon faisait du slalom m'a proposé l'idée de l'essayer parce qu'il pensait que j'aimerais ça. J'ai toujours été ouverte à essayer quelque chose de nouveau et j'ai vraiment aimé.

« Au départ, je n'avais pas vraiment d'attente. Mais quand j'ai réalisé que j'aimais vraiment ça, que j'allais en faire tous les jours, j'ai envisagé la possibilité de faire de la compétition. »

Qu'est-ce qui lui plaît tant dans la pratique de son sport?

« C'est l'effet de nouveauté à chaque compétition. C'est une nouvelle rivière chaque fois, un nouveau parcours. Et même dans une compétition, nous devons faire deux parcours, celui des qualifications et celui des demi-finales et de la finale.

« D'ailleurs, nous n'essayons pas le parcours avant de le faire. Il faut être prête à tout, changer son plan, anticiper. »

C'est d'ailleurs la plus grande force de Maheu, le côté technique de son sport.

« Avant de monter dans le kayak, j'analyse tous les éléments, je regarde les mouvements d'eau et je décide du meilleur plan en tenant compte de mes forces. Ces très stratégique comme sport, méthodique. »

Un souvenir marquant

Quand elle pense aux Olympiques, un souvenir lui revient constamment à la mémoire : les émotions qu'une belle performance engendre.

« C'était aux Jeux de 2008 à Pékin, un kayakiste africain a gagné une médaille – le bronze du Togolais Benjamin Boukpeti – et à la ligne d'arrivée, il a brisé sa pagaie sur son bateau tellement il était content. C'était l'une des premières médailles de son pays aux JO. Ce moment m'a vraiment accroché. »

Après une longue année sans compétition, Maheu a pu disputer deux Coupes du monde en juin, à Prague, en République tchèque, et à Leipzig, en Allemagne, ainsi que quelques autres plus petites courses avant de s'amener à Tokyo. Une bonne façon de voir où l'on en est face à la compétition.

« Les principales concurrentes n'ont pas vraiment changé, malgré l'année de pandémie. Ces compétitions à un mois des Jeux ont permis de se mesurer à elles. »

Quant à savoir si la pause de 2020 lui a été favorable ou défavorable, elle est partagée.

« J'ai pu m'entraîner beaucoup à la maison, travailler sur mes faiblesses, le côté plus physique. D'un autre côté, j'étais sur une bonne lancée l'année dernière et la pandémie a coupé ça. »

Et même s'il s'agit de ses premiers Jeux, elle a trouvé un bon moyen de ne pas s'attarder sur le fait qu'ils n'auront pas leur cachet habituel.

« Pour moi, je venais aux Jeux avant tout pour compétitionner. Toutes les attractions, le fait de rester au village après ta compétition, c'est de l'extra. C'est certes décevant, mais tout ça pour dire qu'on va poursuivre jusqu'à Paris 2024 et on vivra l'expérience à ce moment-là. »