Jacqueline Simoneau et Claudia Holzner 5es du programme libre

Jacqueline Simoneau et la jeune équipe canadienne de natation artistique abordent les Jeux olympiques en confiance. Et elles sont impatientes de montrer, en dépit des défis qu'elles ont dû relever au cours des 16 derniers mois en raison des restrictions sanitaires, qu'elles sont prêtes à faire étalage de leur savoir-faire au bassin du Centre aquatique de Tokyo.

Cette confiance s'est bâtie petit à petit au fil des dernières semaines. la mi-juin, les Canadiennes ont fait belle figure à la Super finale des Séries mondiales à Barcelone, récoltant quatre médailles d'or et deux de bronze. Et à la mi-avril, Simoneau a connu un week-end de rêve en raflant quatre médailles d'or, deux en solo et deux autres en duo avec sa partenaire Claudia Holzner à l'étape de la Série mondiale à Budapest, en Hongrie.

« C'est très motivant et rassurant en même temps, a reconnu Simoneau plus tôt ce mois-ci en commentant ses performances et celle de l'équipe à Barcelone. Pour certains pays, cette compétition servait de qualification olympique et ils se battaient pour leur vie.

« Pour notre part, nous n'étions pas au sommet de notre forme physiquement et mentalement. Nous allons donc utiliser ces succès comme tremplin pour nous propulser encore plus loin aux Jeux de Tokyo. »

Simoneau, âgée de 24 ans, la seule représentante du groupe canadien comptant une expérience olympique – elle s'est classée septième en duo avec Karine Thomas aux Jeux de Rio en 2016 – estime que la reprise des compétitions a aussi permis de mesurer les progrès encore à faire.

« Cela nous a permis de comparer nos routines à celles des autres pays et nous a donné une bonne idée de ce qu'il fallait améliorer. En ce qui concerne l'équipe, c'est la finition des poussées acrobatiques. Nous avons de la puissance et de la hauteur, mais il nous manque la finesse à la fin. Il nous faut aussi nager plus proche les unes des autres en formation et corriger de petites erreurs de synchronisme. »

En duo, Simoneau note qu'elle et Holzner doivent perfectionner leur exécution.

« Aux Jeux olympiques, il y a plusieurs duos de jumelles et c'est un avantage parce qu'elles sont physiquement presque identiques. Pour notre part, il s'agit de synchroniser nos mouvements jusqu'au petit bout des doigts. »

S'il demeure difficile d'évaluer les forces en présence en vue de la compétition olympique, les Canadiennes ont bon espoir de créer la surprise.

« Nous ne partons pas toutes sur le même pied d'égalité. Par exemple, des pays comme la Russie et la Chine n'ont pas arrêté l'entraînement pendant la pandémie. Bien entendu, on ne sait jamais ce qui peut arriver. Avec la COVID, les juges n'ont pas vu beaucoup de compétitions. J'aime croire que n'importe quoi peut se produire.

« J'ai hâte de montrer que le Canada est très fort et tout le travail que nous avons fait malgré le confinement. Nous voulons que le Canada soit fier de nous. »

La force de l'adaptation

Si son enthousiasme n'y laisse rien paraître, il ne faut pas croire que le report des Jeux de Tokyo et les contraintes qui ont accompagné la pandémie de COVID-19 n'ont pas affecté Simoneau et ses coéquipières.

« Ç'a été des moments très difficiles à traverser, pas seulement pour moi, comme athlète, mais pour le monde en entier. C'était une période d'incertitude où il a été extrêmement difficile de planifier notre vie. »

Le défi est d'autant plus grand pour une athlète quand on est privée de son site d'entraînement pendant plusieurs mois lors d'une année olympique – NDLR : la pandémie n'est pas seule en cause puisque le centre d'entraînement de Natation Artistique Canada à Montréal a été fermé pendant plusieurs semaines à l'automne 2020 le temps d'une enquête pour des allégations de harcèlement et d'abus.

« J'ai vraiment appris à m'adapter à n'importe quelle situation et à en regarder l'aspect positif. Par exemple, j'en ai profité pour travailler sur moi, les choses que je contrôle, comme la flexibilité. »

Parmi les autres avantages, elle cite aussi celui d'avoir eu le loisir de passer plus de temps avec sa famille, un luxe plutôt inhabituel lors d'une année olympique alors que les nageuses sont souvent à l'extérieur pendant de longues périodes.

Autre rêve à concrétiser

Si une participation aux Jeux olympiques a toujours été un but à atteindre pour Simoneau, elle caresse un autre rêve depuis qu'elle est toute jeune, celui de poursuivre ses études et de devenir médecin.

De son propre aveu, il n'est pas toujours facile de concilier les deux.

« Après Rio, je travaillais, j'allais à l'école et je m'entraînais aussi. un certain moment, je me suis remise en question. Je me suis dit : "est-ce que je veux vraiment retourner aux JO parce que mon but ultime maintenant est d'entrer en médecine". Je me demandais si ça en valait vraiment la peine. »

Elle a finalement décidé de poursuivre pour un autre cycle olympique après avoir réalisé que la fenêtre des Olympiques est limitée dans le temps alors qu'elle pourra toujours mener à bien ses études plus tard. N'empêche qu'elle est souvent partagée sur cette question.

« Je dois avouer que c'est l'une des choses les plus difficiles pour moi au fil de ma carrière dans ce sport, c'est de voir mes amies finir leur université, leur maîtrise, d'être sur le marché du travail alors que je n'ai même pas commencé dans le domaine que je veux.

« Mais je sais que cette expérience olympique s'étend sur une courte période de temps et je veux en profiter au maximum. »

Et après les Jeux de Tokyo, toute son attention se portera de nouveau sur les études puisqu'elle entreprendra sa médecine à l'Université du Québec à Trois-Rivières.