Justin Kripps est un peu comme l'oeil du cyclone.

Au milieu de la tension et de la testostérone qui montent au sommet de la piste avant une course de bobsleigh, le pilote canadien dégage un calme qui contraste avec l'imminente explosion de muscles et de vitesse.

« Il incarne vraiment la définition du sang froid », a indiqué son coéquipier Ben Coakwell.

Le calme de Kripps s'étend au-delà de la piste et jusque dans la gestion des individus et des embarcations.

« Il ne compose pas avec de l'énergie nerveuse. Il réagit simplement sans crainte, a expliqué Coakwell. Il doit le faire. Nous poussons un bobsleigh. C'est cette expression explosive du sport. Puis, il saute sur le siège et c'est comme si le tout le bruit devait disparaître parce que ce n'est pas comme ça que ça fonctionne quand tu pilotes un bobsleigh. »

Kripps attribue le mérite à sa mère, Libby – elle et son père Rob étaient des travailleurs humanitaires pour l'UNICEF – de lui avoir transmis les éléments de personnalité de nature imperturbable.

« Peu importe ce qui se passe, elle est la voix de la raison. Elle est stable et calme. Par chance, j'ai hérité de ça, a confié Kripps. Ça m'a très bien servi dans un sport comme celui-ci, dans lequel la pression est élevée et dans lequel les choses se passent très vite. Rester calme est un énorme atout. J'ai hérité ça de ma mère, mais j'ai aussi beaucoup travaillé là-dessus en méditant. »

Originaire de Summerland, en Colombie-Britannique, Kripps trouve l'énergie que lui et ses trois coéquipiers ont besoin avant de se lancer du haut de la piste de départ.

« C'est vraiment facile de laisser ça exploser et en quelque sorte de gaspiller cette énergie, a observé Kripps. Tu veux utiliser l'excitation de ce grand moment, mais tu veux la canaliser dans ce que tu fais. Si tu la laisses faire, ça devient une sorte d'anxiété et de pression. »

Travailleur acharné

Kripps, âgé de 34 ans, a aidé le Canada à remporter la médaille d'or en bobsleigh à deux, en 2018, avec son coéquipier Alex Kopacz. Les Canadiens et les Allemands ont réussi un chrono identique pour partager la plus haute marche du podium à PyeongChang, en Corée du Sud.

Kripps est devenu le deuxième homme à permettre au Canada de décrocher l'or olympique, deux décennies après que Pierre Lueders eut réalisé l'exploit à Nagano, au Japon.

Kripps tentera de signer des titres olympiques consécutifs à compter du 14 février, lors de ses deux premières de quatre descentes en bobsleigh à deux. L'épreuve masculine de bobsleigh à quatre se déroulera lors de la dernière fin de semaine des Jeux olympiques de Pékin.

Ce que le Canada pourrait accomplir en bobsleigh à quatre à Pékin a servi de motivation pour Kripps de continuer son parcours olympique, mais il n'en a pas non plus terminé avec le processus d'amélioration.

« Après avoir gagné cette médaille, je ne me suis pas dit que j'avais terminé. Je me disais que je pourrais peut-être encore m'améliorer, a-t-il insisté. Pour moi, l'aspect sportif n'est jamais venu avec l'intention de gagner une médaille. La médaille est en quelque sorte un symbole qui représente tout le travail que j'ai fait et où j'en suis arrivé. Ma carrière n'a pas été celle d'un athlète ultra-talentueux qui a tout le temps été incroyable. J'ai travaillé sur beaucoup de choses mentalement et physiquement. »

Kripps a fait savoir qu'il allait peut-être continuer la compétition après Pékin et qu'il allait éventuellement effectuer une transition vers le rôle d'entraîneur. Il est fiancé à Breanne Wilson et le mariage est prévu en avril, en Californie.

En quête du succès

Les Canadiens ont remporté la médaille d'or en bobsleigh à quatre en 1964 et la médaille de bronze dans cette discipline en 2010. L'embarcation est plus longue de plus d'un mètre et plus lourde d'environ 100 livres que celle en bobsleigh à deux. Les deux corps supplémentaires et les personnalités s'ajoutent aux variables à considérer.

« Ç'a toujours été l'un de mes objectifs d'obtenir ce succès à quatre, a soutenu Kripps. C'est un peu plus compliqué. La dynamique d'équipe est plus importante avec plus de personnes dans le bobsleigh. »

Kripps, Coakwell, Ryan Sommer et Cam Stones ont gagné la médaille de bronze aux Championnats du monde de 2019 et ils ont terminé au troisième rang du classement général de la Coupe du monde en 2019 et lors de la saison écourtée de 2020-2021.

Ils ont pris le quatrième échelon lors de l'épreuve olympique test qui s'est tenue sur la piste de Yanqing, en octobre.

« Nous avons bâti une équipe incroyable avec Cam Stones, Ben Coakwell et Ryan Sommer et nous avons simplement une si bonne chimie et une si bonne position dans le bobsleigh », a affirmé Kripps.

Coakwell a le sentiment que la piste aux Jeux de Pékin sied bien aux forces du pilote et des coéquipiers.

« Ce n'est pas une piste très difficile. Ce sont de petites choses minimes que tu dois vraiment bien faire et c'est dans ce genre de situation que Kripps domine, a exprimé Coakwell. La partie poussée est conçue pour notre équipe, donc nous avons eu beaucoup de chance. Tous les départs poussés ne sont pas les mêmes. Certains sont raides. Certains sont longs et plats. Nous ne sommes pas une équipe bâtie pour un départ long et plat. »

« Pendant la semaine au cours de laquelle nous étions là-bas, nous avons trouvé qu'il était très facile d'attaquer rapidement. Nous allons assurément nous mettre dans la course dès le départ et nous espérons que Kripps se déchaînera également sur la piste », a conclu Coakwell.

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L'épreuve de bobsleigh à deux aux Jeux de Pékin aura lieu les 14 et 15 février et celle à quatre sera présentée les 19 et 20 février.