GANGNEUNG, République de Corée - Peu importe si les tapes sur l'épaule viendront ou pas, Willie Desjardins aura la satisfaction de rentrer à la maison avec une médaille olympique.

Diriger Équipe Canada est une tâche ingrate. Le pays s'attend à de grandes victoires à l'international mais ce n'est pas facile, même si on avait pu compter sur Sidney Crosby et d'autres vedettes de la LNH.

Après le gain de 6-4 face aux Tchèques samedi, pour le bronze, Desjardins a reconnu l'ampleur du mandat qu'on lui confiait.

« J'étais conscient de la pression quand j'ai accepté le poste, a dit l'ancien entraîneur-chef des Canucks de Vancouver. Le Canada est un pays fier, les gens sont fiers de leurs hockeyeurs et ils ont de grandes attentes. Mais face à ça, tout ce que vous pouvez faire est de jouer de votre mieux, et je crois que nos joueurs ont donné leur maximum pendant tout le tournoi. Nous avons battu des équipes coriaces. »

Avec un groupe assemblé de toutes pièces, l'unifolié a notamment battu la Suède en match préparatoire, puis la Finlande pendant le tournoi.

Le club était composé de joueurs laissés pour compte, ce dans quoi Desjardins se reconnaissait. Leur seule présence en Corée du Sud était pour eux une forme de victoire.

La récolte d'une médaille bonifie l'aventure, même si on aurait voulu que cette médaille en soit une d'or.

Certains ont essayé de décortiquer le langage non verbal de Desjardins, par exemple durant un gain ardu de 4-0 contre le pays hôte. « Il manque un peu de conviction », a écrit un chroniqueur. « Il est dépassé par les événements », avançait un autre.

L'homme de 61 ans de Climax en Saskatchewan a eu le dernier mot, leur répondant avec une médaille olympique.

Desjardins n'est pas le type à tenir des propos éclatants, mais il a su rejoindre ses joueurs, l'un deux le décrivant comme intelligent, patient et bon motivateur.

Comme exemple, lui et ses adjoints Dave King, Scott Walker et Craig Woodcroft ont riposté à la trappe finlandaise dans les deux dernières périodes.

Sur la glace, il est vrai que la constance n'a pas été un point fort. Quelques attaquants ont incarné le fait d'être irrégulier, ce qui peut expliquer, dans certains cas, pourquoi on ne les voit plus dans la Ligue nationale.

Le Canada a été battu 4-3 par les modestes Allemands, même en dominant 15-1 pour les tirs dans le dernier vingt.

Mais face aux Tchèques, avec le bronze à l'enjeu, le capitaine Chris Kelly s'est levé avec deux buts, tout comme Andrew Ebbett. Le groupe a réussi à accomplir quelque chose de spécial.

Le Torontois Wojtek Wolski, vedette du hockey junior avec Brampton, puis auteur de 99 buts dans la LNH, a rencontré les médias avec le drapeau canadien dans les mains, la voix brisée par l'émotion. Au fil de sa carrière, il a combattu la dépression et a surmonté une fracture du cou.

« C'est un moment dont je vais toujours me rappeler, a dit celui qui joue maintenant en KHL. J'ai l'impression que maintenant, tous les temps durs en ont valu la peine, même si c'est une médaille de bronze. Je vais la montrer à mes enfants, je vais leur en parler. J'espère qu'ils seront fiers. »