Les Jeux olympiques de Tokyo s'annonçaient pour être semblables en tous points à ceux de Rio de Janeiro pour le cycliste Hugo Barrette: après une sévère blessure, le natif des les-de-la-Madeleine allait avoir quelques mois pour se remettre.

Puis la pandémie est arrivée et tout a changé. Pour le mieux.

« J'ai vraiment eu plus de temps pour me remettre de cette grave blessure. La pandémie: c'était très triste comme situation. Mais côté sportif, ça m'a redonné une chance de revenir au meilleur niveau pour les Jeux olympiques », a-t-il expliqué à La Presse Canadienne il y a quelques semaines.

Cette grave blessure, c'est une fracture de l'omoplate gauche subie en demi-finales des Championnats panaméricains, en septembre 2019.

« Ça m'a pris beaucoup de temps à revenir à la normale. Une fois revenu à la normale, il ne me restait que quatre mois avant les JO. Ça semble beaucoup quand je dis ça aux gens et quatre mois, ça peut sûrement être suffisant pour offrir une performance correcte. Mais pour offrir une bonne performance aux Jeux olympiques, tu veux avoir plus de temps que ça. Quand (les Jeux) ont été repoussés, c'était triste, mais pour mes performances, je l'ai pris comme une seconde chance. »

Une seconde chance, car Barrette n'est pas entièrement satisfait de sa 13 place acquise au keirin des Jeux de Rio de Janeiro, en 2016, une performance réalisée quelques mois seulement après un terrible accident à l'entraînement, à la Coupe du monde de Cali, en Colombie.

Après avoir perdu le contrôle de son vélo, l'athlète maintenant âgé de 30 ans a sectionné une clôture de sécurité, se fracturant deux vertèbres lombaires et le nez, en plus de subir une sévère commotion cérébrale, entre autres blessures.

« Je me retrouvais dans une situation qui était presque `copié-collé' à celle de Rio, a noté Barrette. Ça ne me donnait pas assez de temps pour bien me préparer. »

Maintenant, le double médaillé d'or des Jeux panaméricains de 2015, au sprint et au sprint par équipe, ne regrettera pas ses performances au sprint et au keirin à Tokyo.

« Peu importe le résultat, si je sais que je suis dans la meilleure forme de ma vie, je vais être à l'aise avec ces résultats. Dans les dernières années, je suis souvent arrivé dans une forme qui n'était pas optimale. Je réussissais quand même à faire de bons résultats, mais quand les mauvais résultats survenaient, ils étaient plus difficiles à accepter.

« Juste de me présenter et d'être à 100%, ce sera une victoire pour moi, car ça ne m'est pas arrivé souvent dans les dernières années. La dernière fois, c'est aux Jeux panaméricains de 2015 », où il avait aussi terminé troisième au keirin.

Un podium en vue

En plus d'être au sommet physiquement, Barrette estime aussi être un bien meilleur cycliste qu'en 2015.

« Que ce soit au niveau des performances physiques ou de l'expérience, je suis à un autre niveau complètement. (?) Certains arrivent plus fort à un plus jeune âge, mais la plupart des meilleurs coureurs sont presque tous dans ma tranche d'âge. Il y a la puissance et la vitesse, qui se gagnent à l'entraînement, ce qui fait que tu peux les avoir plus jeune. Mais il y a aussi la force. Ça prend beaucoup de maturité avant non seulement de devenir fort, mais d'être capable de maintenir cette force-là. Il y a une expression qui dit `old man strength': plus les années passent, plus tu es capable de maintenir ta force.

« Il y a également une composante aérobique. C'est difficile pour des plus jeunes de faire compétition à des cyclistes de mon âge d'un point de vue aérobique. C'est pourquoi en vélo nous avons la catégorie des moins de 23 ans. »

Toutes ces raisons laissent croire à Barrette qu'il est prêt, à ses deuxièmes Jeux, à monter sur le podium.

Difficile de se mesurer à la compétition: tous les cyclistes sont au neutre depuis mars 2020, alors que toutes les compétitions ont été annulées.

« C'est difficile de s'entraîner seul, même si comme athlète, je suis honnête avec moi-même et que je suis capable de me pousser à l'entraînement. J'ai une bonne idée de ce qu'est le plus haut niveau. Avec l'expérience, tu sais qu'aux Olympiques, tu montes ce niveau d'encore un cran. Par défaut, je vise encore une coche plus haut! »

Barrette sera en action à compter du 4 août, avec les qualifications et les premiers tours du sprint individuel, une compétition qui s'échelonnera sur trois jours si le Québécois atteint la finale à compter du 7 août, ce sera au tour du keirin de se mettre en branle. L'une des disciplines sportives les plus populaires du Japon, la finale aura lieu juste avant la cérémonie de clôture.

« J'ai tellement fait de bonnes performances au keirin que je sais quoi faire, j'en ai couru des centaines. Dans le groupe de coureurs de keirin aux JO, je suis parmi ceux qui en ont couru le plus. Je vais amener cette expérience-là.

« Il y a eu quelques courses par-ci, par-là, mais le calibre n'y était pas. Dans une course comme celle que nous aurons aux JO, ce ne sont pas ces petites courses qui vont aider. Quand tous les meilleurs coureurs sont là, c'est une course tellement rapide, que c'est presque une compétition différente qu'un keirin avec un faible niveau de compétition. Avoir pris part à ce type de courses ne m'aurait pas aidé pour les Jeux. »

Toutes les compétitions de cyclisme sur piste se tiendront au Vélodrome d'Izu, à quelque deux heures de Tokyo.

« Ce sera tellement différent comme expérience olympique. Nous nous retrouvons dans un Village olympique satellite. On sera presque le seul sport (à Izu). Alors ça aura l'air de Mondiaux pour nous. Des Mondiaux avec les anneaux olympiques peints au milieu de la piste. »