Le comité organisateur des JO de Tokyo veut 500 infirmières
Jeux olympiques lundi, 3 mai 2021. 08:37 vendredi, 13 déc. 2024. 08:47TOKYO - De nombreuses infirmières du Japon s'insurgent contre la demande du comité organisateur des Jeux olympiques de Tokyo qui voudrait dépêcher 500 d'entre elles pour aider à l'organisation des Jeux.
Ces infirmières affirment être déjà surchargées par la pandémie de COVID-19.
Le comité organisateur a déjà indiqué qu'il aurait besoin de plus de 10 000 travailleurs du domaine médical pour travailler sur les sites des compétitions.
Sa demande afin de recruter des infirmières survient alors que les villes de Tokyo et d'Osaka ont été placées en état d'urgence.
« En plus d'être vraiment frustré, j'étais surpris de voir à quel point il y avait un manque d'empathie », a avoué Mikito Ikeda, qui est infirmier à Nagoya, dans le centre du pays, depuis 10 ans.
« Cela démontre à quel point les vies humaines peuvent parfois être négligées. »
Les Jeux doivent prendre leur envol dans un peu moins de trois mois, entraînant l'arrivée au Japon de 15 000 athlètes olympiques et paralympiques, dans un pays où les déplacements internationaux sont interdits depuis plus d'un an. Des milliers d'officiels, juges, partenaires financiers et membres des médias convergeront aussi vers Tokyo.
Dans un communiqué de la Fédération des syndicats des travailleurs de la santé du Japon, le secrétaire général, Susumu Morita, a rappelé que le pays devrait mobiliser ses ressources pour lutter contre la pandémie plutôt que pour organiser des Jeux olympiques.
« Nous devons cesser de demander à ces infirmières de quitter leur poste pour être bénévoles aux Olympiques. Elles doivent avant tout nous permettre de lutter contre la pandémie », selon Morita.
Un gazouillis proclamant que les infirmières étaient contre la tenue des Jeux dans leur pays a été partagé plusieurs milliers de fois sur Twitter au Japon.
Même avant la pandémie, les infirmiers et infirmières japonais travaillaient dans des conditions beaucoup moins avantageuses que ceux et celles travaillant aux États-Unis ou en Grande-Bretagne.
« Nos hôpitaux ne peuvent pas se permettre de perdre une seule infirmière, et maintenant, (le comité organisateur en veut) 500. Comment pensent-ils que c'est possible? », se demande Ikeda.
Le nombre de décès liés à la COVID-19 a récemment franchi le cap des 10 000 au Japon.
Le président de l'Association médicale de Tokyo, Haruo Ozaki, a déclaré qu'il serait « extrêmement difficile » de tenir les Jeux au moment où les nouveaux variants se transmettent rapidement.
« Nous avons entendu assez d'arguments concernant l'importance des Jeux, a-t-il souligné. La vérité est qu'il sera extrêmement difficile de tenir les Jeux sans augmenter le nombre d'infections, tant au Japon qu'à l'extérieur du pays. »
Le premier ministre japonais, Yoshihide Suga, a suggéré que plusieurs infirmières qui ont démissionné dans les dernières semaines pourraient aider à la tenue des Jeux.
« J'ai entendu dire que plusieurs infirmières prennent du temps de repos, donc je crois que cela serait possible », a affirmé le premier ministre la semaine dernière.
Cette déclaration a été fortement dénoncée.
De récentes consultations publiques ont rapporté que jusqu'à 80% de la population japonaise préférerait que les Jeux soient de nouveau reportés, ou encore qu'ils soient complètement annulés.