TOKYO – En introduisant le ski de montagne aux JO d'hiver de 2026, le Comité international olympique s'est efforcé mardi d'adapter les Jeux à leur époque, à la veille d'attribuer ceux de 2032 à Brisbane puis d'ouvrir vendredi l'édition de Tokyo.

L'espace d'une poignée d'heures, l'instance olympique s'est projetée au-delà de ce rendez-vous japonais reporté d'un an et troublé par la pandémie, source de « doutes quotidiens » et de « nuits sans sommeil », selon son patron Thomas Bach.

Réunis dans un palace de Tokyo fermé à la presse pour la 138e session, les membres du CIO ont unanimement validé l'inscription du ski de montagne au programme des JO 2026 de Milan, comme « sport supplémentaire » testé sans garantie d'être reconduit.

Cette discipline de montagne, consistant à gravir et dévaler des itinéraires hors piste sur des skis légers équipés de peaux de phoque, ou avec les skis dans le sac si la pente est trop raide, s'ajoutera aux quinze sports olympiques d'hiver – une liste intangible depuis l'introduction du snowboard aux JO 1998 de Nagano.

Comme lors des Jeux olympiques de la jeunesse l'an dernier à Lausanne, qui ont servi de laboratoire, le ski de montagne va donner lieu à cinq épreuves (sprint et course individuelle hommes et femmes, relais mixte) pour départager 48 qualifiés, qui entreront dans le quota global de 2900 participants aux Jeux.

Aventureux, agiles, affûtés

Soucieux de renouveler son audience, le CIO laisse désormais aux villes-hôtes des JO la possibilité de proposer de nouvelles disciplines, si elles sont à la fois « spectaculaires » et « culturellement pertinentes pour le pays hôte et au-delà ».

Et le ski de montagne sera chez lui dans les Alpes, puisque les skieurs européens et notamment italiens monopolisent ses podiums mondiaux, même si sa Fédération internationale compte désormais 37 pays membres sur quatre continents.

Pour le CIO, cette discipline a pour avantage de ne nécessiter aucune construction ni même de site dédié, un critère important depuis que l'instance a décidé de limiter les coûteux investissements souvent dissuasifs pour les villes-hôtes.

L'arrivée de ce sport pour montagnards aguerris, agiles et physiquement aussi affûtés que des traileurs, permet aussi à l'instance de suivre l'explosion récente de la pratique amateur, alors que le ski-alpinisme représente déjà « 15 % du marché de la neige et du ski », selon des estimations des fabricants citées par le CIO.

Si le label olympique permettra d'encore développer la discipline, notamment dans les deux Amérique ou en Asie, son format s'éloigne des courses les plus mythiques du circuit mondial – dont la Pierra Menta disputée en France sur quatre jours et 10 000 mètres de dénivelé.

Par ailleurs, les membres du CIO ont validé la modification de la devise olympique préparée par la commission exécutive, remplaçant « Plus vite, plus haut, plus fort » – indissociable des Jeux modernes – par « Plus vite, plus haut, plus fort, ensemble ».

Sportifs et militants

Ils ont également voté une série de modifications de la Charte olympique, qui fait office de loi, mais sans avoir besoin d'approuver formellement l'extension de la liberté d'expression des sportifs, annoncée début juillet par l'exécutif du CIO et qui s'appliquera dès les Jeux de Tokyo.

Consultés pendant plusieurs mois, « les sportifs voulaient plus d'occasions de parler de sujets qui leur importent », a expliqué à la presse Kirsty Coventry, présidente de la commission des athlètes du CIO.

La championne olympique de natation zimbabwéenne a précisé que ces nouvelles consignes ne seraient « probablement pas modifiées avant les Jeux de Pékin », qui font déjà l'objet d'appels aux boycotts en raison de la répression des Ouïghours et s'annoncent politiquement explosifs.

Les participants aux JO pourront désormais s'exprimer sur des sujets politiques ou sociétaux lorsqu'ils s'adressent aux médias, lors des réunions d'équipe, sur les réseaux sociaux et même juste avant les départs de leurs épreuves.

L'article 50 de la Charte olympique bannissait jusque-là toute « démonstration ou propagande politique », et avait notamment servi à sanctionner les sprinters américains Tommie Smith et John Carlos pour avoir brandi leur poing ganté de noir sur le podium du 200 mètres des J0 1968 de Mexico.

Mais son intransigeance paraissait inadaptée à l'heure du soutien affiché par nombre de sportifs à la lutte anti-racisme, en particulier aux États-Unis où basketteurs et footballeurs ont pris l'habitude de poser un genou à terre et de lever le poing avant le coup d'envoi de leur match.

Le CIO interdit néanmoins toujours de manifester pendant les épreuves, sur les podiums, pendant les hymnes ou dans le Village olympique, ou de « viser des gens en particulier, des pays, des organisations et toucher les gens dans leur dignité », sous peine de sanction.