PÉKIN, Chine - S'élançant au sein de la dernière paire à l'épreuve de 500 mètres à l'Anneau national de patinage de vitesse, Laurent Dubreuil a connu une bonne course, mais pas une excellente course, et le Québécois a terminé au pied du podium, samedi, aux Jeux olympiques de Pékin.

Champion du monde en titre sur la distance, Dubreuil a raté le podium par trois centièmes de seconde, alors que le Chinois Gao Tingyu a remporté la médaille d'or.

« En ce moment, je suis déçu. Ce serait mentir de dire le contraire, a dit Dubreuil. Mais éventuellement, je vais passer par-dessus et je n'y penserai plus. »

« Ce n'était pas une course parfaite, mais à trois centièmes, c'est facile de s'imaginer être capable d'aller trois centièmes plus vite. »

Dubreuil a franchi la ligne d'arrivée en un temps de 34,522 secondes. Il avait fort à faire pour mettre la main sur la médaille d'or, car Gao avait réalisé un record olympique (34,32), quelques minutes plus tôt.

Victime d'un faux départ, Dubreuil accusait deux dixièmes de retard derrière Gao après les 100 premiers mètres. Il n'a pas été en mesure de réduire l'écart et il a terminé à trois centièmes du Japonais Wataru Morishige (34,49), qui a gagné la médaille de bronze. Le Sud-Coréen Cha Min Kyu a décroché l'argent en vertu d'un chrono de 34,39 secondes.

« Avant ma course, 34,49, j'y croyais absolument. Même 34,32, pourquoi pas. Je n'avais pas de limites, a dit le Lévisien âgé de 29 ans. Je n'ai juste pas eu la course que j'espérais. J'ai fait quelques petites erreurs. Mon départ était un peu trop lent. Au final, je ne suis pas loin, mais je ne suis pas sur le podium. »

L'entraîneur de Dubreuil, Gregor Jelonek, a pour sa part indiqué que le faux départ a certainement eu un impact sur le résultat final.

« Si Laurent n'avait pas eu de faux départ, je crois qu'il aurait gagné la course, a déclaré Jelonek. Je dis ça, mais je ne dis rien. Ce n'est pas une excuse. »

« De mon point de vue, chaque fois que j'ai un patineur qui fait un faux départ, dans ma tête, c'est un dixième qui vient de sauter. »

Dubreuil, qui avait pris le 18e échelon de cette épreuve aux Jeux de Pyeongchang, en 2018, avait obtenu huit médailles en autant de courses de 500 mètres cette saison sur le circuit de la Coupe du monde, soit deux d'or, deux d'argent et quatre de bronze.

Il était d'ailleurs devenu le deuxième homme le plus rapide de l'histoire lorsqu'il avait arrêté le chrono à 33,778 secondes à Calgary, en décembre.

« Moi, je ne me considérais pas le favori. Je considérais que le favori était Gao, a déclaré Dubreuil. En termes de classement mondial, il était loin, mais il a raté la moitié des courses. Quand il était à son meilleur, c'était lui qui gagnait. Je le considérais donc le favori. »

« Moi, ça ne m'a pas stressé. Vous avez plus de chance de gagner une médaille quand vous êtes bons que quand vous n'êtes pas bons. C'est juste un bon signe quand les gens pensent que vous avez de bonnes chances. Ça ne m'a pas dérangé du tout. »

Dubreuil tentait de devenir le premier Québécois à remporter une médaille sur cette distance en longue piste depuis le bronze de Gaétan Boucher aux Jeux de Sarajevo, en 1984. Il tentait aussi de devenir le premier Canadien à grimper sur le podium dans cette épreuve depuis Jeremy Wotherspoon (argent) et Kevin Overland (bronze) aux Jeux de Nagano, en 1998.

« Je suis très fier. Ça fait 13 ans que j'entraîne Laurent. Il y a eu des hauts et des bas et je suis super content de vivre ce moment-là, a affirmé Jelonek. De pouvoir venir aux Olympiques et d'avoir une chance de podium, surtout au 500 mètres, où c'est tellement compétitif, c'est merveilleux. »

Dubreuil aura l'occasion de se reprendre au 1000 mètres, vendredi. Il ne sera toutefois pas l'un des favoris sur cette distance.

« Il y a deux ans, au Championnat du monde, j'ai fini sixième au 500 mètres et j'ai gagné une médaille (de bronze) au 1000 mètres le lendemain, s'est consolé Dubreuil. Je l'ai déjà fait. Je ne suis pas un favori au 1000 mètres, mais ce n'est pas impossible. »

Dubreuil avait répété au cours des dernières semaines que son bonheur ne passerait pas par une médaille olympique, maintenant qu'il avait une famille. Il a brièvement aperçu sa conjointe Andréanne et leur fille âgée de 2 ans, Rose, sur un écran dans un espace à la sortie de la patinoire. Il avait hâte de les appeler plus tard.

Il comptait ensuite revenir au travail à l'entraînement dimanche, avec sa quatrième position au 500 mètres déjà bien loin dans son esprit.

« Je lui ai dit de garder la tête haute et d'être fier de lui », a raconté Jelonek au sujet de ses premiers mots pour Dubreuil après la course.

« Terminer quatrième aux Jeux olympiques, c'est la pire position, a-t-il ajouté. Mais quand vous y repensez, vous savez que vous étiez tout près. »

Les Canadiens Gilmore Junio (35,162) et Antoine Gélinas-Beaulieu (35,84) ont respectivement pris les 21e et 29e positions.

Plus tôt en début de soirée, le Canada a assuré sa qualification pour les demi-finales de la poursuite féminine. À l’étape des quarts de finale, la formation canadienne composée d’Ivanie Blondin, Valérie Maltais, Alexa Scott et Isabelle Weidemann a enregistré un temps de 2 :53,97 afin de terminer au deuxième rang. Elles n’ont été devancées que par les Japonaises avec un écart de 36 centièmes. Ces dernières ont réalisé un record olympique grâce à un temps de 2 :53,61.

« Nous avons eu une bonne course, a dit Maltais, qui participe à ses premiers Jeux olympiques en longue piste après trois participations en courte piste. Nous n'avions pas eu de course de poursuite depuis décembre. C'était bien de pouvoir chasser la nervosité de la première course. »

Les Canadiennes affronteront les Néerlandaises en demi-finale dans 48 h. Elles ont conclu avec une priorité de trois secondes lors des quarts de finale. Les athlètes du ROC complètent le carré d’as.

Classement du 500 m

1. Gao Tingyu (CHN) 34.32

2. Cha Min Kyu (KOR) à 0.07

3. Wataru Morishige (JPN) 0.17

4. Laurent Dubreuil (CAN) 0.20

5. Piotr Michalski (POL) 0.20

6. Kim Junho (KOR) 0.22

7. Artem Arefyev (ROC) 0.24

8. Yuma Murakami (JPN) 0.25

9. Viktor Mushtakov (ROC) 0.28

10. Ruslan Murashov (ROC) 0.31