Marie-Pier Langlois désirait une seule chose pour sa sœur Andréanne Langlois aux Jeux olympiques de Tokyo : qu’elle s’amuse. C’est exactement ce qu’a fait la kayakiste de Lac-Beauport à l’épreuve de K1 200 m, se qualifiant pour la grande finale et finissant au neuvième rang mardi.

« Je suis passée par toute la gamme des émotions aujourd’hui, mais oui, je me suis amusée, pas mal plus que ce que j’avais l’habitude de faire. J’étais une petite boule de stress auparavant, mais là, j’ai vraiment savouré chaque moment », a confié Andréanne Langlois en entrevue à Sportcom.

Qualifiée en finale A grâce une troisième place dans la deuxième demi-finale et un chrono de 39,952 s, celle qui en est à sa deuxième expérience olympique s’est ensuite classée neuvième en un temps de 40,473 s à sa dernière course de la journée.

« C’est sûr que je suis un petit peu déçue du résultat de la finale. En fait, ce n’est pas tant le résultat que le fait que je n’ai pas été capable de bien montrer mes qualités sur l’eau, c’est ce qui m’a déçue un peu. »

La performance de l’athlète de 28 ans reste des plus méritoires, elle qui a su il y a moins d’un mois qu’elle participerait au K1 200 m au Japon. Contrairement à la plupart des autres finalistes, elle ne s’y préparait donc pas depuis des années. « C’est une bonne chose pour moi. Je suis un peu une boule d’énergie. Alors si tu me dis go, il faut que tu y ailles, je dis ok sans trop me poser de questions. »

Inversement, la Néo-Zélandaise Lisa Carrington se préparait depuis longtemps pour cette épreuve. Double championne olympique en titre, elle a remporté sa troisième médaille d’or de suite au K1 200 m, établissant au passage le meilleur temps dans l’histoire des Jeux en 38,120 s. Elle a respectivement devancé l’Espagnole Teresa Portela (38,883) et la Danoise Emma Aastrand Jorgensen (38,901).

La Néo-Écossaise Michelle Russell était également de la partie. Après avoir pris le 7e rang de la première demi-finale, Russell a terminé 5e de la finale B, se classant 14e au cumulatif.

 

Traversée du désert

Andréanne Langlois avait fini 14e du K1 200 m aux Jeux de Rio. L’atteinte de la finale A à Tokyo affiche cette fois l’éclat d’un superbe accomplissement pour elle.

Elle était en effet fort heureuse de renouer avec la compétition internationale après un long, très long arrêt, en raison de la pandémie, oui, mais aussi après une longue traversée du désert, due, entre autres, à un épuisement professionnel. « Ç’a fait du bien de prendre place sur les lignes de départ d’un parcours contre des filles que je vois normalement plusieurs fois par année. »

C’est en fait une pause sportive complète de plus d’un an dont a eu besoin la Trifluvienne d’adoption, de 2018 à l’automne 2019. Qu’a-t-elle trouvé le plus difficile du dernier cycle olympique?

« Revenir de mon épuisement et me reconstruire. C’est une fine ligne que tu ne veux pas retraverser. Ç’a été vraiment pénible pour moi. J’ai beaucoup appris. J’ai beaucoup grandi en cinq ans. Je ne suis plus du tout la même athlète. Physiquement, ça ne paraît pas, mais mentalement, c’est le jour et la nuit. »

Savoir maintenant s’écouter est l’apprentissage qui la rend la plus fière. « Ma psychologue me dit que c’est comme une recette de biscuits. Quand la recette n’est pas bonne, il ne faut pas la refaire. Si tu t’écoutes et que tu as tout donné, que tu as fait ce qu’il y avait à faire, c’est correct. »

Qu’aimerait-elle que les gens retiennent de son histoire? « Ce n’est pas parce que tu penses que tu es brisée que tu l’es vraiment. C’est juste une opportunité de pouvoir te reconstruire. »

« Que ce soit au travail, à l’école, dans le sport, on vit tous des moments difficiles. Apprendre à se connaître et à se respecter, je pense que c’est la clé », ajoute Langlois, avant de critiquer l’actuelle pression de performance qui affecte un nombre toujours grandissant d’athlètes… et de travailleurs.

« Des fois, ça fait du bien de prendre deux pas vers l’arrière, de prendre une bonne respiration, puis de prendre le temps d’aller à nouveau vers l’avant. »

La Québécoise et sa compatriote Michelle Russell reviendront au canal de la forêt de la mer pour les vagues qualificatives du K4 500 m. Elles reprendront l’action en compagnie des Ontariennes Alanna Bray-Lougheed et de Madeline Schmidt le vendredi 6 août.

À Rio, en 2016, Langlois était de l’équipage canadien qui avait terminé 8e du K4 500 m.

Les Cubains remportent le C-2 1000 mètres

Au C-2 1000 mètres chez les hommes, le duo canadien formé par Roland Varga et Connor Fitzpatrick a pris le sixième rang de la finale A. Les Canadiens ont franchi la distance en trois minutes 30,157 secondes.

Les Cubains Serguey Torres Madrigal et Jorge Enriquez Fernando Dayan ont causé la surprise en décrochant l'or en 3:24,995, devant les Chinois et les Allemands.

L'Allemagne avait gagné cette épreuve lors de cinq des sept derniers Jeux olympiques. Sebastian Brendel était dans l'embarcation victorieuse pour l'Allemagne en 2012 et 2016.

Cette fois, Brendel et son coéquipier Tim Hecker n'ont pu faire mieux que la troisième place, avec un temps de 3:25,615.

Le duo chinois de Liu Hao et Zheng Pengfei a remporté l'argent en 3:25,198.

La paire cubaine avait décroché l'argent aux championnats du monde de 2019, mais Cuba n'était pas reparti cette épreuve avec une médaille olympique depuis 2000.