TOKYO - L'équipe masculine canadienne de volleyball visait le podium aux Jeux olympiques de Tokyo, après s'être arrêtée tout juste à court il y a cinq ans, à Rio de Janeiro.

De nouveau, la Russie l'a stoppée en quarts de finale et la formation dirigée pour la dernière fois par Glenn Hoag a été reléguée à la cinquième place du tournoi olympique.

D'obtenir exactement le même résultat, face à la même équipe, par surcroît, cinq ans plus tard ne signifie toutefois pas que le programme masculin n'a pas progressé au cours de cette période.

« Nous avons connu de grands moments depuis Rio sur la scène internationale, a fait valoir John Gordon Perrin, le capitaine de la formation, qui a aussi disputé mardi un dernier match au sein du programme national. Il ne s'agit pas que des JO. Nous avons bien joué dans d'autres tournois. Nous n'avons seulement pas été capables de franchir le prochain pas. »

« Oui, (on a connu) une grosse progression, mais les autres formations ont connu la même, a pour sa part souligné Nicolas Hoag. On voit pas mal les mêmes équipes qui étaient à Rio ici. Cinq ans, ç'a fait une grosse différence dans le niveau de ces équipes-là. Je pense qu'à Rio, le niveau était élevé, mais il était encore meilleur à Tokyo. On a perdu, mais c'est tellement le fun de jouer du volleyball comme ça. Il n'y a pas de regret. J'ai eu du fun, je me suis battu. »

Selon l'entraîneur Glenn Hoag, même si le résultat est le même qu'au Brésil, le Canada n'a pas à rougir de sa prestation au Japon

« (On retire) une bien plus belle satisfaction du match qu'on a donné. Il y a une petite déception sur les détails, ce qui aurait pu faire la différence. Quand tu dis que TJ (Tyler Sanders) n'a joué que trois matchs au cours des deux dernières années en raison d'une double fracture des vertèbres. Il ne devrait pas jouer normalement. Imagine ce gars-là en forme : c'est l'un des meilleurs meneurs de jeu de la planète. Il a fait le tournoi olympique et je pense qu'il va maintenant se retirer, pas par choix. Quand tu vois ça, c'est un honneur d'être avec des gars comme ça », a-t-il dit avant d'éclater en sanglots.

 

Fin d'une époque

L'entraîneur de 62 ans était émotif et pour cause: après quelque 15 ans, l'ère Glenn Hoag à la tête du programme masculin est terminée. Quel sera son legs?

« Son héritage parle de lui-même, a dit Perrin. Il a fait faire beaucoup de chemin à ce programme. Il a développé quantité de jeunes joueurs. Il a fait du bon pour toute la communauté du volleyball au Canada. »

« Il a construit le programme depuis 2006 et il a arrêté en 2016, en pensant qu'il n'allait pas revenir. On le voit, ça fait deux JO d'affilée qu'on fait les quarts de finale et qu'on termine cinquièmes. C'est certain qu'on voulait gagner une médaille avec lui; lui aussi le voulait. Il a tellement bien dirigé tout au long de sa carrière que je pense qu'il n'a pas de regret. C'est le meilleur niveau qu'on a atteint dans ce tournoi. Je suis fier de lui et il devrait l'être de lui-même. Tout le monde est fier de lui », a affirmé son fils Nicholas.

Humble, Glenn Hoag aime mieux voir de façon pragmatique ce qu'il laisse au volleyball canadien.

« Le programme canadien, son problème est que nous n'avons pas le même système qu'en Europe, où le développement se fait à partir de tout jeune. (...) Nous avons une structure scolaire et universitaire : il y a un écart sur lequel on doit continuer de travailler.

« En termes d'héritage, ce qu'on a fait en 2006 c'est de partir sur des bases très solides. J'avais travaillé avec l'équipe de France et nous avions affronté le Canada en Coupes du monde et en qualifications olympiques. Alors j'avais étudié le Canada. Toutes les faiblesses du Canada je les connaissais, car je préparais les plans de match. Quand j'ai pris l'équipe, on a reparti tout un système, on est revenu à la base et on a reconstruit l'équipe. On a aussi travaillé à donner ça au niveau domestique. C'est un peu ça mon legs. »

Cette volonté d'en faire plus devra demeurer présente si le Canada espère se maintenir au même niveau sur l'échiquier mondial.

« Dans les milieux compétitifs, il y a toujours quelqu'un qui va tenter d'en faire plus, de faire mieux que tout le monde. Il faut rester dans cet esprit-là. Et il faut penser à plus long terme. Contrairement à l'Europe, nos joueurs de 22, 23 ans viennent de finir l'université. En Europe ils ont déjà acquis un gros niveau de jeu dans les ligues. C'est cet écart qu'il faut fermer, qui va toujours demeurer notre réalité.

« La chose intéressante, c'est qu'au niveau canadien, les joueurs sont des universitaires, ils sont donc intelligents. Ils sont habitués avec la discipline. J'ai beaucoup de joueurs en Turquie (où il dirige au niveau professionnel) qui n'ont pas fini l'école. Quand vient le temps de finir quelque chose, ça paraît. (...) C'est notre travail de les développer et de tenter de les envoyer dans de bons clubs en Europe. On va tout de suite s'y remettre. On ne peut pas dormir au gaz: il faut toujours avoir un sentiment d'urgence dans le volleyball canadien. On n'a pas le système de développement pour se permettre (de perdre ce sentiment). »

Une fois la rencontre face à la Russie complétée, Hoag a pris le temps de savourer le moment sur le terrain en compagnie de ses joueurs.

« J'ai été un petit peu émotif sur le terrain, car tu réalises que c'est le dernier match avec ce groupe-là. Je regardais des photos de Nic, Lucas (van Berkel) et TJ quand ils étaient juniors, il y a 10 ans. Ils ont des faces de bébé! Ça va faire bizarre de les quitter. Mais on va continuer à les aider, à aider le programme. On ne veut pas que ça meure. Mais ça va: on va se rencontrer (mardi) après-midi et jaser un petit peu. »

Le prochain à occuper le poste aura de grands souliers à chausser.