GANGNEUNG, République de Corée - Parmi les messages reçus par Eric Radford aux Jeux olympiques de PyeongChang, une note écrite par une mère de sa petite ville de Balmertown, en Ontario, l'a particulièrement marqué.

« Elle m'a dit que sa fille lui a confié qu'elle était homosexuelle, et elle voulait me remercier de donner un bon exemple », a confié le patineur artistique.

L'athlète canadien est devenu le premier homme ouvertement gai à remporter une médaille d'or olympique, lundi. Et s'il s'est déjà demandé s'il avait bien fait de sortir du placard après les Jeux de Sotchi en 2014, ces messages qu'il reçoit le rendent particulièrement fier.

« J'ai reçu certains messages très touchants de gens qui cachent toujours leur orientation sexuelle et qui disent que je les ai inspirés et aidés à s'accepter davantage (...) C'est incroyable », a souligné Radford.

« Je regarde ma propre histoire. Lorsque j'étais enfant, dans une petite ville, un patineur artistique dans une ville de hockey, c'était horrible. En plus de ne pas être accepté par d'autres, il y a eu un long moment où je ne me suis pas accepté moi-même. Et je me dis que si j'avais eu un modèle, ça aurait été plus facile. Et c'est ce que je veux être pour d'autres personnes. »

Radford et sa partenaire en couple Meagan Duhamel sont doubles champions du monde. Ils patineront pour une médaille dans le programme libre, jeudi, et il s'agira sans doute de leur dernière compétition.

Le nageur canadien Mark Tewksbury n'avait pas un tel modèle lorsqu'il a gagné l'or aux Jeux de Barcelone, en 1992. Il est finalement sorti du placard six ans plus tard et a par la suite perdu un lucratif contrat de conférencier.

« Ça me permet d'avoir un certain recul, a indiqué Tewksbury au sujet de l'or de Radford. Parfois, je pense au passé et je me dis: "Oh, j'aurais aimé être plus brave. J'aurais dû déclarer mon homosexualité dès que j'ai gagné". Mais maintenant, je me dis plutôt: "Oh, j'aurais été 26 ans en avance sur mon temps". Il n'est pas étonnant que je ne l'aie pas fait, j'aurais été trop décalé pour l'époque et la conscience collective. »

Le plongeur américain Greg Louganis est un quadruple médaillé d'or olympique, mais il n'est sorti du placard que huit ans après avoir gagné deux fois l'or en 1988, à Séoul. Et le patineur artistique américain Brian Boitano, médaillé d'or aux Jeux de Calgary en 1988, n'a déclaré son homosexualité que lorsqu'il a été sélectionné dans la délégation américaine des Jeux de Sotchi.

« C'est triste, juge Radford. Mais je crois que les temps changent, et ces Jeux comptent le plus grand nombre d'athlètes ouvertement gais de l'histoire, et c'est bien d'en faire partie. »

L'athlète de 33 ans à la chevelure poivre et sel est fiancé au danseur sur glace espagnol Luis Fenero. Il l'a demandé en mariage l'été dernier, en Espagne, puis a écrit sur son compte Instagram : « La vie avec lui est simple et magnifique. »