Eileen Gu, passeport chinois, show à l'américaine
Jeux olympiques mardi, 15 févr. 2022. 06:11 vendredi, 13 déc. 2024. 18:44Suivez les Jeux olympiques sur RDS et RDS Direct
A 18 ans, elle a déjà remporté deux médailles olympiques, collectionne les exploits et la Chine est tombée sous son charme: Eileen Gu est un phénomène du ski freestyle et du sport-business qui peut jouer sur deux tableaux et deux marchés, chinois et américain.
Après l'or en big air, Gu s'est offert l'argent en slopestyle mardi, avant le dernier volet de son tryptique olympique jeudi et vendredi avec l'épreuve de half-pipe à Zhangjiakou.
Quel que soit son palmarès à l'issue de cette quinzaine pékinoise, Gu Ailing, comme elle est connue en Chine, est déjà assurée d'être une des stars, sinon "LA" star, des JO-2022.
Il y avait déjà peu de doutes qu'il en soit autrement avant même le coup d'envoi des Jeux de Pékin: l'adolescente, née en Californie d'un père américain et d'une mère chinoise, était déjà omniprésente en Chine, dans des magazines de mode et comme ambassadrice de plusieurs marques comme une chaîne de cafés, un opérateur de téléphonie mobile ou encore un producteur de lait.
Aux Etats-Unis, ce sont des marques de luxe, comme le joaillier Tiffany, Louis Vuitton, Fendi et Gucci, qui ont été séduits par l'adolescente de San Francisco qui, à ses heures perdues, participe à des défilés de mode.
« Princesse grenouille »
Elle n'apparait pas encore dans le classement annuel Forbes des sportifs les plus fortunés, mais le magazine économique américain suit de près le phénomène Gu.
Selon Cheyenne Cantor, directrice de la société de marketing MediaLink, interrogée récemment par Forbes, « Gu est dans une position intéressante où elle peut représenter des marques chinoises et américaines. Elle peut attirer l'attention sur des marques en Chine qui n'ont pas encore le renom d'autres marques américaines, et vice-versa ».
Gu, qui a choisi de représenter la Chine en 2019, l'a bien compris et martèle dès qu'elle est interrogée, comme c'est souvent le cas, sur le sujet de sa double nationalité, qu'elle se sent à la fois chinoise et américaine.
« Je suis redevable à la fois aux Etats-Unis et à la Chine, ces deux pays m'ont soutenue, ce que j'ai vécu dans ces deux pays a fait la personne que je suis. Je suis Américaine quand je suis aux Etats-Unis et Chinoise quand je suis en Chine », a-t-elle répété après son titre olympique en ski big air.
Sinophone -- elle passe depuis son enfance plusieurs mois en Chine chaque année --, Gu, surnommée affectueusement "la princesse grenouille" en référence au casque vert qu'elle portait lors d'une compétition, a vite compris comment devenir une coqueluche en Chine.
Raviolis chinois
Sur le réseau social Weibo, elle publie régulièrement des photos la montrant en train de poser un oeil gourmand sur des raviolis chinois, son péché mignon, pour le plus grand plaisir de ses 4,6 millions d'abonnés.
Après ses deux victoires l'an passé lors des X-Games, rendez-vous majeur des sports extrêmes, l'agence de presse Chine nouvelle l'avait aussitôt présentée comme une « nouvelle icône du sport chinois ».
Celle qui a obtenu une place à l'université de Stanford fait certes preuve d'une incroyable maturité, mais est aussi très bien entourée, avec notamment sa mère, très présente, qui veille au bon fonctionnement de la multinationale Gu, sur les snowparks et en dehors.
Le message est bien rodé.
« Je veux me servir du sport comme une force pour connecter les gens dans ces deux pays, au lieu de les diviser. Mon but ultime est de faire connaître mon sport à travers le monde, s'il n'y a même qu'une seule petite fille qui découvre le ski freestyle en regardant mes épreuves à la TV, j'aurai atteint mon but », déroule la double championne du monde 2021 (halfpipe et slopestyle).
Avant de se rebeller, un peu, contre ceux qui la critiquent sur les réseaux sociaux: «Je n'essaie pas de rendre tout le monde heureux, je suis juste une ado de 18 ans qui vit les plus beaux moments de sa vie ».