MONTRÉAL – Magali Harvey n’a pas encore digéré la décision surprenante de son entraîneur John Tait de l’exclure des 12 joueuses de l’équipe féminine de rugby à sept qui prendra part aux Jeux olympiques de Rio.

Pis encore, Harvey a même admis qu’elle doit retrouver son amour et sa passion pour son sport. Par contre, elle est loin d’en avoir fini avec le rugby alors qu’elle étudiera ses options pour la suite de sa carrière. Mais elle a encore besoin de temps pour accepter le fait qu’elle ne sera pas aux Olympiques, ce qui semblait être la destinée de celle qui avait permis au Canada de terminer deuxième à la Coupe du monde de rugby à 15 en 2014.

Celle qui a été nommée la joueuse internationale de l'année par l'International rugby board (IRB) en 2014 n’a même pas été invitée à Toronto pour le camp de perfectionnement qui s’est entamé samedi et qui se terminera jeudi. À l’issue de ce camp, une 13e joueuse sera sélectionnée pour faire le voyage au Brésil comme réserviste.

Bien qu’elle demeure prudente dans ses commentaires pour ne pas nuire à l’équipe, on sent une frustration par rapport au choix de John Tait.

« Je ne peux pas mettre de mots dans sa bouche. De mon côté, je peux dire que je suis déçue et que je ne m’en attendais pas. Quand je l’ai rencontré, il m’a dit que je m’étais fait surclasser. J’imagine que ça ne change rien que je ne sois pas d’accord. C’est ça qui est ça », a déclaré Harvey dans une conférence téléphonique tenue mercredi alors qu’elle se retrouvait à Montréal.

Tait avait mentionné que Harvey n’était pas encore tout à fait au même niveau que les autres étant donné qu’elle avait raté quelques tournois de la Série mondiale de rugby en raison d’une blessure. Il avait aussi ajouté qu’il était important de choisir celles qui avaient été le plus constantes.

« Je crois seulement qu'elle aurait eu besoin de quelques tournois supplémentaires pour se mettre davantage en valeur sur le terrain », avait indiqué Tait lors d’une téléconférence après l’annonce des 12 joueuses sélectionnées pour Rio, le 8 juillet dernier.

Pourtant, une joueuse qui n’a participé à aucun des évènements de la Série mondiale de rugby a réussi à se tailler une place sur l’équipe.

« Je ne peux pas lire dans sa tête. Je crois que des fois ça laisse place à l'interprétation. Je peux simplement dire que je ne suis pas d’accord », a rétorqué l’athlète de Québec.

Questionnée sur sa relation avec Tait, Harvey a été très brève dans sa réponse.

« Il est mon entraîneur et je suis son athlète. C’est ça notre relation », s’est-elle contentée de répondre.

« J’imagine que c’est comme n’importe quel athlète, tu as des hauts et des bas. Il y a eu des hauts et des bas », a-t-elle ajouté plus tard dans la conférence.

Un véritable choc

Magali Harvey a appris que son rêve olympique partait en fumée à la suite d’une rencontre individuelle avec son entraîneur, comme c’était le cas pour toutes les joueuses qui faisaient partie du programme.

Elle était sans mot lorsque John Tait lui a annoncé la nouvelle.

« C’était un choc total. Je ne m’y attendais vraiment pas. Je n’avais aucune émotion parce que je croyais que j’y allais. C’était une grande surprise. Je suis passée de la surprise, à la colère, à la peine », a-t-elle décrit en mentionnant qu’être exclue de l’équipe était « une claque au visage ».

Étant une formation qui s’est construite durant les quatre années du cycle olympique, Harvey n’a aucun ressentiment envers ses coéquipières à qui elle souhaite du succès.

Elle n’est cependant pas certaine si elle regardera le tournoi de rugby à sept qui en sera à sa première présentation aux Jeux olympiques.

« Si je suis disponible, je vais le regarder. Mais ce n’est pas une priorité. Je sais que ça paraît un peu rancunier, mais c’est juste que... c’est lourd », a lancé Harvey après une courte pause.

Harvey en sera maintenant à l’étape de réfléchir à la suite des choses. Sera-t-elle de retour dans le prochain programme olympique en vue des Jeux de Tokyo de 2020? Elle a laissé planer le doute.

Pour l'instant, elle mettra ses efforts pour retourner avec l’équipe où elle a été découverte sur la scène internationale. La Coupe du monde féminine de rugby à 15 se déroulera dans un an en Irlande.  

« J’aimerais faire partie de l’équipe à 15 pour la Coupe du monde. C’est un différent entraîneur et une différente ambiance et je crois que ça me ferait du bien du changement. [...] Je ne veux pas arrêter le rugby maintenant. Je veux retrouver ma passion et mon amour pour le sport », a-t-elle indiqué.

Harvey ne ferme pas la porte à aller jouer à l’extérieur du Canada, ce qui serait en quelque sorte un désaveu pour le programme de Rugby Canada.