TOKYO - Meaghan Benfeito et Caeli McKay étaient évidemment en état de choc après avoir raté le podium de la finale à la tour de 10 mètres synchro par l'infime marge de 54 centièmes de point. Mais quand on sait que McKay a participé à la compétition sur un seul pied, on ne peut qu'admirer le courage de la jeune athlète de 22 ans.

Les deux plongeuses avaient donc les émotions à fleur de peau au moment de rencontrer les journalistes après leur « décevante » quatrième place.

« Juste d'être aux Jeux olympiques, c'est le rêve de ma vie, a raconté McKay en larmes aux côtés d'une Benfeito tout aussi émotive. Il y a seulement trois semaines, je ne pouvais même pas sauter sur mon pied. Alors de plonger aux Jeux olympiques aujourd'hui, je suis super fière. »

McKay, originaire de Calgary, a subi une sévère entorse à une cheville à l'entraînement quelques jours avant les essais olympiques fin juin. Le médecin lui avait alors prescrit de huit à 10 semaines de repos pour récupérer, mais à moins d'un mois des Jeux, c'était hors de question.

« Je ne suis même pas censée marcher sur mon pied présentement. »

Dans ces circonstances, cette performance qui aurait même pu leur permettre de monter sur le podium, n'eut été d'un quatrième plongeon raté, est digne d'éloges.

« Je ne vous mentirai pas, je suis évidemment déçue. Tout le monde serait déçu de finir à 54 centièmes d'une médaille. Mais je suis très fière de cette fille, a réagi d'emblée Benfeito en regardant sa coéquipière. Nous n'avons pas pu avoir la somme d'entraînement nécessaire avant cet événement, mais elle a tout donné et c'est pour ça que je suis fière de nous. »

Quasi parfaites tout au long de la compétition, les Chinoises Chen Yuxi et Zhang Jiaqi ont sans surprise remporté la médaille d'or avec un total de 363,78 points. Elles n'ont jamais tiré de l'arrière au fil des cinq plongeons.

Les Américaines Jessica Parratto et Delaney Schnell (310,80) ont devancé les Mexicaines Gabriela Agundez Agundez et Alejandra Orozco Loza (299,70) pour la médaille d'argent.

Benfeito et McKay ont pour leur part totalisé 299,16.

Un pari risqué

Après trois plongeons somme toute bien réussis qui leur permettaient d'être bien en selle à la deuxième place, Benfeito et McKay y sont allées d'un triple saut périlleux et demi arrière, avec un degré de difficulté de 3,3, soit le plus difficile de la compétition.

« Moi, ça fait quelques mois que j'ai de la difficulté avec ce plongeon, a reconnu Benfeito. Je ne comprends pas encore pourquoi. C'est un plongeon que je faisais déjà avec Roseline (Filion, son ancienne partenaire). J'arrive à court de la verticale souvent. »

Les deux plongeuses ne regrettent pas d'avoir osé et gardé ce plongeon à leur liste. Elles sont d'ailleurs les seules à l'avoir tenté sur les huit équipes.

« Nous avons décidé de le faire parce que nous voulions prendre le risque. Ça fait de nous une équipe forte. Évidemment, ça n'a pas été en notre faveur aujourd'hui. Quand il est réussi, ça donne beaucoup de points, mais quand il ne l'est pas? »

« N'oubliez pas que c'est le plongeon le plus difficile chez les femmes, a renchéri McKay. C'est beau que nous ayons pris ce risque. Ça n'a pas joué en notre faveur cette fois, mais je suis fière de notre performance. »

À 32 ans et à ses quatrièmes JO, Benfeito n'a pu échapper à la question quant à son avenir, même s'il lui reste la compétition individuelle à disputer la semaine prochaine.

« Je pense que j'en ai fini avec les Jeux. Trois ans, c'est long. On riait sur la plateforme avant notre dernier plongeon et j'ai lancé à Caeli, " Eh! peut-être que je vais continuer ", a-t-elle rigolé. Ma décision n'est pas prise à 100%. On dirait que ça me laisse un petit goût amer de terminer quatrième. Il me reste l'individuel dans une semaine, je vais me concentrer là-dessus avant de prendre ma décision. »

Et au moment de quitter les journalistes, McKay est montée sur le dos de Benfeito qui l'a ainsi portée jusqu'aux vestiaires.