Que d'émotions depuis le début de ces Jeux olympiques! Joies, peines, déceptions, surprises, tout y est.

À chaque Jeux olympiques, c'est le même scénario. Il y a les athlètes identifiés « médaillables » et les autres qui deviennent des surprises lorsqu'ils montent ou s'approchent du podium.

Jusqu'à présent, j'ai assisté à deux moments magiques. Pas des médailles, mais de petites victoires qui sont en fait de grands accomplissements. Coïncidence, ces deux moments sont survenus sur un terrain de volleyball : un en sable et l'autre dans un stade intérieur.

L'équipe canadienne de volleyball masculin revenait aux Jeux pour la première fois depuis 1992. En guise d'accueil pour ce retour, rien de moins qu'un duel contre les puissants Américains. On m'avait dit grands bien de l'entraîneur, Glen Hoag, un Québécois qui a participé aux Jeux de 1984 justement en volleyball. Qu'il avait repris le programme canadien et l'a ramené aux Olympiques. Pour ajouter à cela, son fils Nicolas est de l'aventure. C'est le plus jeune joueur de l'équipe, mais le talent lui sort par les oreilles. Cela dit, sur papier, on ne donnait pas cher de la peau des Canadiens. Résultat? Devant une foule brésilo-canadienne (les Américains en ont pris pour leur rhume côté huées), la troupe de Hoag a balayé les Américains en trois sets.

Ce n'était que le premier match du tournoi à la ronde, mais il fallait voir les joueurs sauter partout après la rencontre comme s'ils venaient de gagner l'or. Imaginez, cette équipe a arraché sa qualification au dernier moment au mois de mai et là elle se farcit rien de moins que les Américains. Au-delà du résultat, c'est la force du groupe qui nous frappe en regardant cette bande de jeunes. Un entraîneur qui a le contrôle et un groupe uni, ça peut aller loin.

Comme j'ai un travail ingrat (lire de l'ironie ici), le sort a voulu que je me retrouve par la suite au stade de volleyball de plage à Copacabana. Le duo canadien composé de Chaim Schalk et Ben Saxton affrontait non seulement une des équipes favorites du tournoi, le Brésil, mais également une foule hostile. Chaque service, chaque bon coup canadien, était suivi de huées. Après avoir perdu la première manche, le duo canadien a fait taire la foule en enlevant les deux manches suivantes. Le silence se fit instantanément. Après avoir récupéré leur mâchoire qui était tombée, les partisans brésiliens ont quitté le stade bien gentiment, mais penauds. Une défaite brésilienne inattendue et de l'autre côté une victoire oh combien énergisante pour Schalk et Saxton. Et vous à la maison, je me surprends à vous lire sur les réseaux sociaux et à découvrir cet engouement nouveau pour le volleyball. C'est ça les Jeux olympiques.

Roseline, Meaghan, Antoine

Les attentes étaient grandes, mais les résultats ne sont pas allés dans la même direction pour Antoine Valois-Fortier en judo et le duo de plongeuses formé de Roseline Fillion et Meaghan Benfeito.

D'abord Antoine. Il faut avoir rencontré Antoine quelques fois pour comprendre combien il est un athlète passionné, travaillant et dédié. Le judo fait partie de son ADN. Il en mange. Il est fait tout d'un bloc. Un battant comme il s'en fait peu. Depuis quatre ans, il n'a qu'une idée en tête; devenir champion olympique. Sa grande déception, il l'a vécue lors de sa défaite en quarts de finale. Cela signifiait qu'il ne deviendrait pas champion à Rio. Il l'a lui-même admis en entrevue après sa défaite lors du repêchage qu'il avait eu de la difficulté à se regrouper après cette déception. Le mal était fait. La suite nous l'a démontré.

Dans l'émission de la série « Nos athlètes » consacrée à Antoine, on comparait le parcours d'Antoine et de celui de son entraineur Nicolas Gill. Petit retour en arrière. Nicolas a gagné le bronze à ses premiers Jeux olympiques en 1992, non médaillé à ses deuxièmes Jeux en 1996 et médaillé d'argent en 2000 à Sydney. Reprenez la dernière phrase et changer le nom de Nicolas par celui d'Antoine... reste maintenant les troisièmes Jeux. Antoine est encore jeune. L'expérience acquise à Rio ne pourra que lui être profitable dans quatre ans à Tokyo.

Pendant qu'Antoine tentait de digérer tout ce qui venait de se passer, Roseline Fillion et Meaghan Benfeito devaient, elles aussi, composer avec des attentes de médailles. Faire mieux qu'à Londres (médaille de bronze) était un objectif réaliste. Au final, c'est à nouveau le bronze. Bronze, argent ou or, les deux inséparables s'en balançaient pas mal à voir leurs larges sourires sur le podium. Au terme de leur cinquième et dernier plongeon et à l'annonce de leurs notes, elles se sont enlacées et Roseline a soufflé dans l'oreille de sa complice « je t'aime ». Je pense que pas mal de gens au Canada vous aiment les filles!