La lutte se poursuit en danse
Patinage artistique dimanche, 16 févr. 2014. 15:03 vendredi, 13 déc. 2024. 06:52Début de la compétition en danse au patinage artistique avec la présentation de la danse courte à laquelle est maintenant incorporée la danse imposée, cette année le foxtrot et le quickstep. C’était un peu le moment de vérité entre les deux couples qui survolent le reste du peloton, les Canadiens Tessa Virtue et Scott Moir, et les Américains Meryl Davis et Charlie White. Même si le résultat final ne sera connu qu’à l’issue de la danse libre, il importait de bien se positionner à cette première épreuve.
Mais il serait injuste de réduire la compétition à ces deux couples. Avant le passage de Virtue et Moir, au 18e rang sur 24, il y a eu les médailles de bronze au championnat canadien Alexandra Paul et Mitchell Islam qui ont payé très cher une petite erreur sur un « twizzle », pirouette côte à côte sur un pied. Ils se sont cependant admirablement bien repris par la suite, gardant une vitesse constante et une belle fluidité. Mais la note fut décevante et les 55,91 points obtenus n’ont pas réussi à illuminer leur visage dans le « kiss and cry ».
Une autre performance canadienne à saluer, celle de l’ancien patineur olympique Patrice Lauzon qui a vu le couple qu’il entraîne conjointement avec Marie-France Dubreuil, Sara Hurtado et Aria Diaz, prendre une première place provisoire qu’ils ont conservée jusqu’au déferlement américain. Une belle réussite pour un pays qui n’a pas une longue tradition en patinage artistique, révélé à ce sport par Javier Fernandez qui a cependant vu le podium lui échapper.
Beaucoup de danseurs ont profité de la règle qui leur permet d’avoir recours à la musique vocale, ce qui sera ouvert à toutes les disciplines l’an prochain. En danse, c’est bien souvent un choix heureux. Les chansons sont très porteuses et un bon choix musical va souvent chercher le public plus aisément, créant une ambiance propice dans l’aréna. Une ambiance dans laquelle baignent les juges. Le monde de la comédie musicale a été logiquement mis à contribution avec « Cabaret », « No business like show business », « Funny girl », et le classique « New York, New York »… des musiques qui passent aisément de la scène à la glace.
Enfin, Virtue et Moir sont arrivés. On les a vus s’étreindre longuement avant d’entrer sur la glace. Un recueillement qui faisait le tour d’une longue et fructueuse carrière qui prendra fin après ces Jeux. Étaient-ils nerveux? On ne le saura jamais tant ils ont patiné avec naturel et aisance. C’était un pur enchantement que de les voir glisser sur la glace. Tessa devait dire un peu plus tard qu’il était important de trouver le registre juste dans l’expression, de ne pas surajouter pour atteindre l’effet inverse de celui recherché et de garder une certaine réserve. Mais la réserve a volé en éclat lorsqu’ils ont terminé et Scott a fait quelques pirouettes hors programme afin de souligner sa joie. Cependant, la note obtenue n’a pas provoqué de pirouette. C’était bon, beaucoup mieux que lors de la danse courte dans la compétition par équipe, mais à quelques dixièmes de leur meilleur pointage de la saison. Suffisant cependant pour leur donner la tête… jusqu’à ce qu’arrivent Davis et White, six couples de danseurs plus tard.
On pourrait reprendre le paragraphe précédent en changeant les noms… Naturel, aisance, enchantement, maîtrise. Ils patinaient dans les traces des autres, mais arrivaient à aller grappiller des points çà et là, suffisamment pour leur donner la tête, à deux points et demi des Canadiens, et une sérieuse option sur la médaille d’or. Soyons réalistes, ce n’est pas une surprise. Ils n’ont pas perdu une compétition depuis les championnats du monde 2012 remportés alors par Virtue et Moir, et dans un monde où le passé est encore un peu garant de l’avenir, ils sont à l’endroit où on pensait qu’ils seraient à ce stade de la compétition. Tout n’est pas joué, mais Tessa et Scott n’auront vraiment pas droit à l’erreur lors de la dernière danse de leur carrière.
Entre ces deux géants sont passés les autres Canadiens Kaitlyn Weaver et Andrew Poje, qui ont terminé dans le top cinq des trois derniers championnats du monde. C’est leur première participation olympique. Les 65,93 points qu’ils ont reçus m’ont paru un peu sévères et les placent en septième position, à sept points du podium, ce qui tout de même est excellent.
Une personne est certaine de gagner dans ce concours : la Russe Marina Zoueva qui entraîne à la fois Virtue/Moir et Davis/White. Comme l’a justement dit Carol Lane, entraîneuse et chorégraphe : « C’est comme si elle était gardienne de but de deux équipes qui s’affrontent pour la Coupe Stanley! » Mais le grand gagnant restera le public et les amateurs qui auront droit à un spectacle épique demain.