ST. JOSEPH, Mo. - Durant le mois d'août, après de longs entraînements sur le campus de Missouri Western State University, Cairo Santos va décompresser en ouvrant la télé pour regarder les Jeux de Rio.

Seul Brésilien dans la NFL, il a bien hâte de voir comment son pays mettra à profit cette vitrine planétaire. Le botteur de précision des Chiefs de Kansas City connaît mieux que bien d'autres les embûches que la nation doit traverser.

« Le Brésil a malheureusement cette image de corruption depuis longtemps, mais nous avons beaucoup de potentiel, a dit Santos. Nous luttons fermement pour être sur la bonne voie. »

Les nouvelles négatives se sont accumulées: le scandale de dopage en Russie, les craintes liées au virus Zika, l'eau polluée, la procédure de destitution de la présidente, Dilma Rousseff, la question du logement, la qualité des installations, le taux de criminalité à Rio.

Plusieurs dossiers précèdent l'attribution de l'Olympiade au Brésil, note Santos. Ils ne sont que mis en lumière davantage, vu toute l'attention consacrée aux Olympiques.

Le chômage est aussi un problème, tout comme le nombre de sans-abris.

« La sécurité est le principal souci », concède Santos, qui a passé une partie de la saison morte à Rio et à Sao Paulo, où sa famille habite, et où seront présentés des matches de soccer.

« Je ne conseillerais pas de se retrouver seul, surtout pas le soir, dit -il. Mais il y aura beaucoup de sites olympiques et de présence policière. Il faudra s'en tenir à ces endroits-là, où il y aura beaucoup de monde. »

Comme la plupart de ses compatriotes, Santos a joué au soccer quand il était petit. Il a commencé à jouer au football lors d'un échange étudiant en Floride, parce que son école secondaire avait besoin d'un botteur. C'est avec le jeu vidéo Madden qu'il a appris les règlements.

Il a démontré un grand talent et Tulane lui a fait signe, lui accordant une bourse d'études.

Après avoir mérité le trophée Lou Groza, remis au meilleur botteur de la NCAA, il a signé un contrat avec les Chiefs. Lors du camp de 2014, il a ravi le poste à Ryan Succop et depuis, il a réussi 55 placements sur 67. L'an dernier, ses 30 bottés à la bonne place lui ont valu le neuvième rang de la ligue à ce niveau.

La NFL ne se compare nullement au soccer au Brésil en termes de fidèles, mais Santos a été reçu en héros à son école primaire à Brasilia et dans les stations de télé où on l'interviewait, plus tôt cette année.

Il a surtout visité des coins bien en vue, mais il est très conscient des conditions de vie des favelas. Il se demande d'ailleurs si les Jeux peuvent vraiment avoir un impact positif sur les plus pauvres.

Il est peu probable que les réseaux de télé s'y attardent. On va plutôt montrer le plus beau de Rio - la statue du Christ Rédempteur, le mont du Pain de sucre et autres vues panoramiques.

Ce qui va l'intéresser le plus côté sportif, c'est le soccer, on n'en sera pas surpris.

« J'espère que le Brésil va se reprendre après le Mondial de 2014 » (pulvérisé 7-1 par les Allemands, les Brésiliens ont ensuite perdu le match de troisième place 3-0, contre les Pays-Bas).

« J'ai aussi hâte de voir comment le pays va gérer le fait d'avoir l'attention du monde entier, a dit Santos. C'est une belle occasion pour le Brésil de grandir et de changer son image. »