Ce qu'il y a de bien avec des Jeux olympiques, c'est que les gens s'intéressent et découvrent des sports qu'autrement ils ignorent à longueur d'année. Ça fait du bien de savoir que nous sommes si nombreux devant nos téléviseurs à encourager les équipes canadiennes de rugby, soccer, basketball, volleyball, handball, etc. C'est tout aussi agréable de suivre les performances de nos judokas, nageurs, escrimeurs, cavaliers, rameurs, etc. Ce n’est pas à tous les jours que je croise des collègues à RDS et qu'on amorce une discussion de corridor au sujet de la plus récente performance d'une plongeuse, d'un cycliste, d'une nageuse ou d'un archer! Ça fait du bien.

Personnellement, je scrute à l'année longue avec avidité les différentes réunions québécoises, canadiennes ou mondiales d'athlétisme. Je me réjouis de savoir qu'enfin, un grand nombre d'entre vous allez découvrir à quel point le Canada se présente à Rio avec une délégation d'athlètes en piste et pelouse absolument fantastique.

On l'a constaté au cours des récentes années, le Canada a produit des athlètes de haut niveau qui ont fait oublier deux décennies de résultats en demi-teinte sur la scène internationale. Fini le temps où nous nous satisfaisions de quelques tops-10. À Rio, ils seront plusieurs à postuler sérieusement pour une place sur le podium. Et parfois, ce sera sur la plus haute marche!

Bien sûr, alors que s'amorcent les compétitions d'athlétisme des présents Jeux olympiques, nous allons surveiller les grandes stars du stade. Le Jamaïcain Usain Bolt est la plus grande d'entre elles et le Britannique Mo Farah n'est pas très loin derrière. Mais quelques Canadiens, déjà bien connus sur la scène mondiale de l'athlétisme, auront enfin la chance d'obtenir une plus grande reconnaissance grâce à une médaille olympique. Et n'allez surtout pas croire que c'est en raison de l'absence des sportifs russes que cela sera possible.

Le 100 mètres est l'épreuve reine des compétitions sur piste. Des centaines de millions de téléspectateurs de partout sur la planète suivront cette course qui durera pourtant moins de dix secondes. Le Canadien Andre De Grasse a profité des deux dernières années pour se faire un nom auprès des amateurs et, ce n'est pas à négliger, auprès des équipementiers sportifs. Il a signé un lucratif contrat avec Puma qui l'a transformé en millionnaire. De Grasse est un spécialiste du 100 et 200 mètres de même que du relais 4 x 100 mètres. À Rio, il a de bonnes chances de médailles au 100 mètres et au relais.

C'est en 2015 que De Grasse, qui a découvert la course sur le tard, s'est imposé et a gagné le respect des grands noms du sprint. Il a remporté des médailles d'or sur 100 et 200 mètres aux Jeux panaméricains avant de confirmer son potentiel avec le bronze au 100 mètres à Pékin lors des Championnats du monde. 

Melissa BishopToujours sur piste, Melissa Bishop, une spécialiste du 800 mètres, représente une excellente chance de médaille pour le Canada. En début d'année, elle a battu le vieux record canadien de la distance en salle. Ensuite, elle a soulevé le stade à Toronto lors des Jeux panaméricains en mettant la main sur la médaille d'or. Quelques semaines plus tard, à Pékin, elle gagnait la médaille d'argent tout en enregistrant un record national pour le 800 mètres. Il y a deux mois, Athlétisme Canada lui a décerné le titre d'athlète de l'année dans les épreuves sur piste. Le 800 mètres est une des disciplines les plus chaudement disputées de l'athlétisme mondial et Bishop se prépare à briller. 

La délégation canadienne compte dans ses rangs la meilleure heptathlonienne et pentathlonienne au monde. Lors du plus récent Championnat du monde d'athlétisme en salle, Brianne Theisen-Eaton a conclu la dernière des cinq épreuves au programme, un 800 mètres, avec une belle performance pour gagner l'or. Il s'agissait de son premier titre mondial. Ses 4881 points lui ont permis d'enregistrer la meilleure performance mondiale de 2016.

À Rio, Theisen-Eaton se battra pour la plus haute marche du podium lors de l'heptathlon. Tous les espoirs sont permis pour celle qui avait gagné la médaille d'argent à cette épreuve lors des Mondiaux de Pékin.

Shawn BarberUne chose est certaine, les canadiens savent sauter haut. Que ce soit avec ou sans perche, Shawn Barber et Derek Drouin ont ce qu'il faut pour atteindre le podium. Barber, un jeune perchiste de 22 ans, a connu une année 2015 fantastique lui permettant de recevoir rien de moins que le titre d'athlète de l'année par Athlétisme Canada. C'est lui qui a gagné l'or aux Jeux panaméricains de Toronto et aux Championnats du monde de 2015. Il est dans une forme parfaite et a amorcé sa préparation olympique cette année en s'inscrivant dans l'histoire. En effet, il est devenu le plus jeune athlète à franchir la barre des six mètres en salle. Ce serait une déception s'il devait quitter Rio sans une médaille.

Pour ce qui est de Drouin, comment ne pas se souvenir de cette belle médaille de bronze gagnée aux Jeux de Londres en 2012? Depuis, il a prouvé qu'il n'était pas un feu de paille. Il est le champion du monde en titre au saut en hauteur. S'il est capable de bien gérer la pression, car il est clairement l'homme à battre, il pourrait survoler la barre et la compétition!

Enfin, le décathlonien Damien Warner a de bonnes chances de terminer parmi les trois premiers. Il est le recordman canadien avec 8695 points grâce à sa médaille d'argent obtenue à Pékin. En 2012, il avait terminé en cinquième position à Londres et avait déclaré vouloir mieux se préparer pour la prochaine olympiade. Et bien ça y est. Le moment est venu.

Charles Philibert-ThiboutotPas de réelles chances de médailles pour les athlètes québécois. Mais cela ne doit surtout pas nous empêcher de les encourager et de les suivre. Charles Philibert-Thiboutot réaliserait tout un exploit en se qualifiant pour la grande finale du 1500 mètres. L'ancien du Rouge et Or de l'Université Laval, malgré quelques blessures récentes, est dans une excellente forme. Il l'a d'ailleurs confirmé lors de la réunion Diamond League de Monaco, en juillet, alors qu'il a arrêté le chrono à seulement un petit centième de seconde de son record personnel sur la distance (3:34.23). Sa préparation, supervisée par l'entraîneur de l'année au dernier gala de la Fédération québécoise d'athlétisme, Félix-Antoine Lapointe, est optimale. Pour Philibert-Thiboutot, un top-10 aurait une odeur de médaille.

Soulignons au passage les malheureuses absences d'Alex Genest au 3000 mètres steeple et de la sprinteuse Kimberly Hyacinthe. Tous les deux ont déclaré forfait en raison de blessures. Dans le cas de la Québécoise, elle souffrait d'une déchirure du quadriceps gauche.

Alors, combien de médailles pour le Canada en athlétisme à Rio? J'y vais avec cinq, ce qui serait exceptionnel. Et ne nous fions pas uniquement aux médailles pour évaluer le travail de nos athlètes puisqu'ils nous offriront un spectacle époustouflant résultant de longues années d'entraînement. Un spectacle qui encouragerait certainement une cohorte de jeunes Canadiens et Canadiennes à découvrir cette merveilleuse discipline. C'est de cette façon qu'on influencera et créera les médaillés de demain.