Mikaël Kingsbury avait toute la pression sur ses épaules. Dernier à s’élancer, le jeune prodige s’est finalement incliné devant l’expérience d’Alexandre Bilodeau. On n’évince pas un champion olympique aussi facilement.

« Un pointage de 26,31, ça ne se voit pas souvent sur le circuit de la Coupe du monde. En frôlant la perfection lors de sa dernière descente, Alexandre a sans doute joué un peu dans la tête de Mikaël », estime le skieur acrobatique Olivier Rochon, qui agit à titre d’analyste sur les ondes de RDS.

« Mikaël était capable de doubler Alexandre. Il a donc poussé la machine à fond, mais une petite erreur a finalement confirmé le triomphe d’Alexandre », enchaîne Rochon.

Bilodeau est ainsi devenu le premier athlète masculin canadien après Catriona Le May Doan à défendre avec succès sa médaille d’or olympique dans une épreuve individuelle. Il est de plus le premier skieur acrobatique, toutes disciplines confondues, à remporter deux médailles d’or aux Jeux olympiques.

« Défendre un titre olympique, c’est sans doute l’un des exploits les plus difficiles à accomplir dans une carrière d’athlète. Se rendre aux Jeux, c’est déjà exceptionnel. Récidiver et monter sur la plus haute marche du podium quatre ans plus tard, ce l’est encore plus », souligne Rochon.

L’expérience de Bilodeau lui a aussi été fort utile au terme de la première finale. Classé huitième, derrière ses trois compatriotes Philippe Marquis, Kingsbury et Marc-Antoine Gagnon , Bilodeau a dû se ressaisir, et vite.

La pression était sur Mikaël

« Mettre sa huitième place derrière lui, c’est en plein ce qu’il devait faire. D’autant plus qu’il bénéficiait d’un temps de repos plus court. Sa médaille d’or, il la mérite », insiste Rochon.

Pour réaliser cet autre doublé canadien après celui des sœurs Justine et Chloé Dufour-Lapointe samedi, Bilodeau et Kingsbury ont dû composer avec des conditions de glisse difficiles.

« La piste était molle, ce qui compliquait les atterrissages, note Rochon. Dans des conditions semblables, les skis s’enfoncent plus qu’à l’habitude dans la neige, ce qui peut créer un débalancement vers l’avant ou l’arrière. Les bosses deviennent aussi plus imposantes au fil du passage des skieurs. »

« Mikaël préfère une piste un peu plus ferme, ce qui a peut-être joué contre lui. Les skieurs sont toutefois habitués à de telles conditions, qui étaient les mêmes pour tout le monde », rappelle Rochon.

Le tout pour le tout

Dans l’ombre de Bilodeau et Kingsbury, Gagnon a quant à lui permis au Canada d’espérer un triplé. Participant à la super finale, contrairement à Marquis qui a pris le neuvième rang, Gagnon se classait troisième avant l’ultime descente de Kingsbury. Il a finalement conclu l’épreuve au pied du podium, au quatrième échelon.

« Marc-Antoine était capable de monter sur le podium, pense Rochon. Il l’a d’ailleurs démontré sur son avant-dernière descente. Alors qu’il y avait moins de pression sur lui, il a tout donné. Il pourra quitter Sotchi en n’ayant aucun regret. »

Il n’est sans doute pas le seul au sein de cette équipe canadienne de bosses, qui a raflé quatre médailles sur une possibilité de six.