L'Américaine Mikaela Shiffrin, qui skie sur une autre planète entre les piquets serrés, défend mercredi son titre en slalom pour une médaille d'or qui lui semble promise aux Jeux de PyeongChang 2018, la première d'une levée qu'elle veut riche.

Dominant outrageusement la discipline depuis 2013 et le premier de ses trois titres mondiaux, Shiffrin peut compter sur les doigts d'une main ses échecs. 

En 2014 à Sotchi, elle était devenue à 18 ans la plus jeune championne olympique de slalom de l'histoire.

Mais la dernière fois qu'elle a perdu, c'était il y a peu, le 28 janvier à Lenzerheide (Suisse). Trop courte sur un piquet, la skieuse de Vail était partie à la faute à quelques portes de l'arrivée de la seconde manche, alors qu'elle avait course gagnée. 

Shiffrin a assuré qu'elle avait rechargé les batteries lors des deux dernières semaines. Car le raté de Lenzerheide n'avait été que l'épilogue et le signal d'alarme ultime d'une mauvaise série fin janvier, ponctuée par d'autres sorties de piste, en super-G à Cortina d'Ampezzo et en géant à Kronplatz (géant), toujours en Italie. 

Et même la 7e place en géant à Lenzerheide, la veille de « l'accroc » en slalom dans la station suisse, avait confirmé que la machine était déréglée. 

Coup de fatigue

« J'ai eu un gros coup de fatigue avec la succession des épreuves et les déplacements incessants, et moins de temps pour m'entraîner. Mais je me sens bien désormais. J'aime beaucoup les conditions ici. L'entraînement s'est bien passé, je suis prête », a déclaré  l'Américaine, âgée de 22 ans), à son arrivée en Corée du Sud. 

L'annulation lundi à cause du vent du slalom géant, reprogrammé jeudi, offre l'opportunité à Shiffrin de lancer la campagne olympique par sa discipline de prédilection. 

Ce peut être la fusée de lancement vers l'objectif Lune que la jeune femme s'est fixé: cinq médailles d'or aux Jeux d'hiver 2018, autant de breloques qu'elle compte mettre bien au chaud dans des chaussettes. 

« Je pense qu'elle est au-dessus sur tous les plans. Elle est très talentueuse, mais on ne mesure pas le talent. Elle a un tel niveau d'engagement dans tout ce qu'elle peut faire, c'est un animal », souligne auprès de l'AFP Romain Vélez, responsable du groupe technique de l'équipe de France. 

Cylindrée

« Elle a une grosse capacité de travail physique et, techniquement, elle est très juste, avec une capacité à répéter les gestes et enchaînements plus que les autres dans la fréquence et l'intensité », explique M. Vélez, également époux de la Slovaque Veronika Zuzulova, une des trois ou quatre filles susceptibles d'accrocher ponctuellement la reine du slalom. 

Pour l'ex-champion américain Bode Miller, double vainqueur de la Coupe du monde, Mikaela Shiffrin est le skieur (hommes et femmes confondus, NDLR) « le plus impressionnant que j'ai jamais vu ». 

« Marcel Hirscher m'impressionne aussi, comme le faisait Hermann Maier quand il était au sommet. Ils sont tous les deux incroyables, mais Mikaela m’impressionne encore plus parce qu’on dirait qu’elle est sur une autre planète », a précisé Miller, au style inimitable.  

Victorieuse à Lenzerheide, la Slovaque Petra Vhlova est la seule à avoir devancé deux fois à la régulière Shiffrin lors des 12 derniers mois. La Suissesse Wendy Holdener et la Suédoise Frida Hansdotter sont les autres prétendantes au podium.

On peut y ajouter Veronika Vélez-Zuzolova, 12e à Lenzerheide après quatre mois d'absence (blessure à un genou). « C'est une excellente rentrée, avec le troisième chrono de la seconde manche », note Romain Vélez.