Les Jeux olympiques de PyeongChang sont terminés. Les athlètes participant à ces 23es Jeux d’hiver nous ont offert un spectacle relevé en donnant le meilleur d’eux-mêmes. Les Coréens peuvent être fiers, puisque tout s’est bien déroulé. Les installations étaient parfaites et l’accueil très chaleureux. Mission accomplie!
 
Lorsque, dans quelques années, on pensera à la performance canadienne réalisée lors de ces Jeux olympiques, qu’est-ce qui nous viendra en mémoire? Les trois médailles de la porte-drapeau Kim Boutin, le spectaculaire patinage de Tessa Virtue et Scott Moir ou la consécration olympique de Mikaël Kingsbury? Il y a du choix avec une belle récolte collective de 29 médailles.
 

Personnellement, c’est d’une athlète dont on aura peu parlé que je vais me souvenir. En effet, la fondeuse de Saint-Ferréol-les-Neiges, Anne-Marie Comeau, a marqué mon imaginaire en raison du parcours inattendu qui l’a mené jusqu’à PyeongChang.
 
Ce ne sont pas ses résultats qui fascinent. Quarante-huitième au skiathlon de 15 kilomètres, 62e au 10 kilomètres style libre, 13e au relais 4 x 5 kilomètres et elle n’a pu terminer le 30 kilomètres style classique en clôture des Jeux. Pas mal tout de même pour une jeune femme de 21 ans qui n’avait pas en tête de participer à ces Jeux il y a encore quelques mois seulement. Sa simple présence au départ des courses est une belle histoire comme les Jeux aiment en créer.
 
Remarquez, je suis un peu biaisé! Vous connaissez mon amour pour l’athlétisme, un sport au sujet duquel j’écris à chaque semaine. Anne-Marie Comeau est une bonne fondeuse, un sport qu’elle a découvert à huit ans, mais également une très grande coureuse. Pendant de nombreuses années, elle a excellé dans les deux disciplines.
 
Comme coureuse, elle détient toujours le record junior québécois au 5000 mètres. À titre de fondeuse en décembre 2012, alors qu’elle n’était âgée que de 16 ans, elle avait pris part à une épreuve de la Coupe du monde de ski de fond à Canmore, en Alberta. De 2012 à 2015, elle a participé à quatre Championnats du monde junior de suite avant de totalement renoncer au ski de fond pour miser sur le cross-country et des courses de fond avec l’équipe d’athlétisme du Rouge et Or de l’Université Laval.
 
Mais voilà qu’en novembre 2017, elle décide d’enfiler ses bottillons de ski après deux ans d’absence. Sa dernière participation à une compétition internationale remontait à décembre 2015. À peine un mois après son retour, elle prend part à une compétition de la Coupe Nor-Am à Vernon, en Colombie Britannique, en utilisant les mêmes skis qu’elle avait portés aux Championnats du monde junior en 2012.
 
En janvier dernier, elle se présente au Mont Saint-Anne pour participer à l’étape de la Coupe Nor-Am. Résultats : une belle deuxième place au skiathlon et une troisième position au 10 kilomètres style classique. Tout cela fait renaitre chez elle le goût de la compétition de haut niveau sur deux planches. Mais surtout, elle réalise qu’une participation olympique n’est pas une utopie.
 
Une semaine plus tard, elle se rend aux Vermont pour une compétition de la Fédération internationale de ski et, à la surprise générale, termine en deuxième place du 10 kilomètres style libre! Puis, elle prend le 16e rang du 5 kilomètres style classique d’une course organisée par l’Université de l’Utah. Toutes ces performances de la jeune étudiante en administration lui permettent d’obtenir le standard canadien et son billet pour PyeongChang.
 
Anne-Marie ComeauLe parcours d’Anne-Marie Comeau est une autre preuve de la complémentarité qui existe entre plusieurs sports estivaux et hivernaux. La fondeuse québécoise n’est pas la seule coureuse à avoir participé aux Jeux de Corée. Par exemple, plusieurs athlètes de bobsleigh, comme la médaillée de bronze Phylicia George,  sont des sprinters. En fait, la plupart des athlètes choisissent la course pour développer leur endurance.
 
Anne-Marie Comeau a également prouvé qu’il était possible de pratiquer plus d’un sport au niveau élite. La transition entre la course à pied et le ski de fond s’est faite facilement.
 
Mais elle a surtout relevé un incroyable défi. Celui de renouer avec un sport  après deux ans d’absence en compétition et se qualifier pour une participation au plus grand spectacle sportif de la planète. Rivaliser aussi rapidement avec les meilleurs, avec aussi peu de courses de préparation, relève de l’exploit!
 
À un si jeune âge, il est raisonnable d’affirmer que les meilleures années de compétitions de la Québécoise sont devant elle. Il sera intéressant de voir si elle choisira de poursuivre cette double carrière d’athlète élite encore longtemps.
 
Une chose est certaine, je suis convaincu ne pas avoir été le seul à éprouver la plus grande des admirations en regardant Anne-Marie Comeau skier à PyeongChang. Des milliers de Canadiens auront été inspirés par son parcours atypique marqué d’une détermination hors norme. Voilà pourquoi, sans rien enlever à nos nombreux médaillés, elle est mon coup de cœur de ces Jeux d’hiver.