Un peu d'ail pour relever l'épreuve de curling? La Team Kim, l'équipe féminine de Corée du Sud, dont les membres viennent d'Uiseong, la ville connue pour ses bulbes blancs, provoque un intérêt inattendu pour ce sport dans le pays hôte des JO de PyeongChang.

La Corée du Sud avait ses vedettes du patinage de vitesse; elle a désormais ses curleuses, sorties de nulle part pour tenter de remporter une médaille historique, avant la demi-finale contre le Japon vendredi sur la glace de Gangneung.

Jamais le pays asiatique n'est monté sur le podium de cette discipline marginale chez lui. Mais la Team Kim, composée de cinq membres portant dans le dos de leur maillot le même patronyme, Kim, le plus répandu en Corée - Kim Eun-jung, Kim Seon-yeong, Kim Kyeong-ae, Kim Yeong-mi et Kim Cho-hi -, a prouvé qu'elle pouvait réécrire l'histoire à coups de balais.

Elles ont déjà remporté une première victoire, en rendant cool le kolling (curling) certainement le sport le plus moqué des Jeux. En Corée du Sud, les internautes détournent avec humour les images de la compétition. Un des hits en vidéo ? Les Yong-mi! Yong-mi! passionnés de la capitaine Eung-jung lancée à l'adresse de sa coéquipière, affairée au balais.

« Elles jouent avec de la passion, et beaucoup de justesse technique, s'extasie Rick Patzke, le patron de la fédération américaine de curling.  C'est super de voir le public les soutenir comme ça, ici ».

« Nous sommes étonnées que le curling puisse être aussi bien accueilli en Corée, confie leur entraîneuse Kim Min-jung. Nous avons toujours voulu rendre ce sport plus populaire et nous sommes heureuses d'en arriver là ».

 Pancake et steak

Mais des tribunes remplies de la patinoire olympique, où les spectateurs agitent fièrement le taegeukgi (le drapeau sud-coréen), le chemin a été long depuis Uiseong, une ville moyenne du centre rural de la Corée, connue, jusque-là, pour sa production d'ail.

Depuis 2006, Uiseong abrite un centre de curling, financé par des fonds publics, qui attire les jeunes du coin. La récolte a été bonne: les curleuses de la "Team Kim", ainsi que l'entraîneuse, viennent toutes de la région, au point d'être aussi surnommées les "Garlic (ail) girls", un surnom qu'elles n'aiment pas trop.

« Nous n'aimons pas l'ail. Nous préférons nous appeler Team Kim », explique coach Kim.

Entre joueuses, elles se sont affublées de surnoms autrement goutus, selon leur petit-déjeuner préféré: Pancake, Yaourt, Steak, Cookie et Sunny .

« Leurs surnoms sont si drôles!, réagit Oh Ja-young, un spectateur de Bundang, près de Séoul.  Mais si elles n'étaient pas aussi fortes, je n'y aurais pas prêté attention ».

Toutefois, c'est au prestigieux palmarès olympique, dominé par les Canadiennes victorieuses à Sotchi-2014, que les Sud-Coréennes espèrent désormais graver leurs noms, usuels, pour l'éternité, en montant sur le podium pour leur deuxième participation.

« Nous avons toujours pensé que nous irions aussi loin », explique  Kim. Elles ont déjà atteint un niveau inédit: l'ail a bien des vertus.

Des repas à 260 dollars pour chaque délégué nord-coréen

Le gouvernement sud-coréen a dépensé en moyenne plus de 260 dollars par repas pour chaque membre de la délégation officielle nord-coréenne qui est venue quelques jours au Sud lors des Jeux olympiques, rapporte jeudi l'agence sud-coréenne Yonhap.

Après deux années de très fortes tensions sur la péninsule en raison des programmes nucléaire et balistique de Pyongyang, les jeux de PyeongChang ont permis une spectaculaire détente entre les deux rivaux qui sont encore techniquement en guerre.

Le Nord a envoyé au Sud une délégation officielle comptant quatre hauts responsables, parmi lesquels Kim Yo Jong, la soeur du dirigeant Kim Jong Un, et Kim Yong Nam, qui est selon le protocole le chef d'Etat de la Corée du Nord.

Ces quatre responsables étaient accompagnés de 18 conseillers lors de ce voyage réalisé du 9 au 11 février et dont l'addition s'est élevée à 240 millions de wons (220 000 dollars) payés par le gouvernement sud-coréen, selon Yonhap qui citait un responsable du ministère sud-coréen de l'Unification.

Les frais de logement -des nuitées dans des hôtels de luxe à Seoul et Gangneung- se sont élevés à 130 millions de wons (120 000 dollars), les frais de transport à 50 millions (46 000 dollars) et ceux de nourriture à 50 millions, a indiqué mercredi soir l'agence.

En calculant que les 22 délégués ont pris huit repas dans les deux jours et demi qu'ils ont passés au Sud, la douloureuse se chiffre à 284 000 wons (261 dollars) par délégué par repas.

Ils ont notamment mangé du lieu et bu du soju, un alcool coréen, lors de leur repas à la « Maison bleue », siège de la présidence sud-coréenne, et du boeuf mariné lors de leur ultime dîner à Séoul.

Pyongyang et Séoul se sont mis d'accord en janvier sur l'envoi au Sud d'une délégation officielle lors des JO ainsi que de sportifs, d'artistes et de pom-pom girls. Les deux capitales ont décidé que cette participation serait prise en charge par la Corée du Sud, 11e économie du monde.

Le gouvernement sud-coréen a prévu à cette fin un budget de trois milliards de wons (2,8 millions de dollars) ne prenant pas en compte les frais des athlètes nord-coréens censés être pris en charge par le Comité international olympique.

Le gouvernement sud-coréen a vendu ces JO comme les « Jeux de la Paix » censés permettre un rapprochement durable entre le Nord et le Sud. Mais de nombreux Sud-Coréens accusent le président Moon Jae-in, un partisan revendiqué du dialogue, d'être allé trop loin pour plaire au Nord.

Et de nombreux experts doutent que cette détente durera longtemps, une fois la trêve olympique terminée.

L'or aux Allemands au combiné nordique par équipes

L'Allemagne a remporté jeudi l'or sur le combiné nordique par équipes lors des JO de Pyeongchang, devant la Norvège, 2e, et l'Autriche, 3e.

Les Allemands se sont élancés sur le ski de fond à six secondes des Autrichiens après l'épreuve du saut mais sont parvenus à refaire leur retard lors du relais 4x5 kilomètres.

Le drapeau russe flottera-t-il?

Interdit de séjour depuis l'ouverture des Jeux olympiques de PyeongChang le 9 février suite à la suspension de la Russie en raison d'un système de dopage institutionnalisé, le drapeau russe flottera-t-il lors de la cérémonie de clôture? Réponse samedi à l'issue d'une réunion de la commission exécutive du CIO.

Placés sous le signe de la détente entre les deux Corées, ces Jeux pourraient donc également l'être entre le CIO et la Russie. Et ce malgré l'ampleur d'un programme mis en place par Moscou pour manipuler et dissimuler les tests antidopage de ses sportifs, notamment durant les Jeux de Sotchi 2014.

Ce système avait été mis au jour par un rapport de l'Agence mondiale antidopage (AMA) et avait valu au Comité olympique russe (ROC) une suspension, prononcée le 5 décembre par le CIO.

Exclus des JO, une certain nombre de sportifs russes pouvaient cependant y être « invités » à participer sous la bannière olympique. Un total de 168 sportifs russes y ont pris part, pour un bilan provisoire de 12 médailles, mais aucun titre.

À Sotchi, la Russie avait terminé première nation, mais le bilan a été revu à la baisse à la suite du scandale.

La décision du 5 décembre prévoyait dans le même temps une possible levée de la suspension de la Russie, au dernier jour des Jeux, afin de permettre au drapeau russe d'être brandi lors de la cérémonie de clôture.

Pour ce faire, un groupe « de mise en oeuvre » composé de deux membres du CIO et de son directeur général, va soumettre samedi un rapport à la commission exécutive - le gouvernement du CIO - qui se réunira dans l'après-midi et décidera alors de lever ou non cette suspension. La recommandation sera ensuite formellement entérinée dimanche matin par les membres réunis en session, avant la cérémonie de clôture prévue dimanche soir.

Ce rapport du groupe « de mise en oeuvre » prendra en compte le comportement général des sportifs russes et l'application de « l'esprit et de la lettre » des conditions posées.

« La levée de la suspension peut être totale ou partielle », a expliqué jeudi Mark Adams, porte-parole du président du CIO Thomas Bach.

Le ROC a déjà rempli une des conditions posées en s'acquittant d'une amende de 15 M USD, a appris l'AFP mercredi d'une source proche du dossier.

Mais dans le paysage global, le cas de dopage du curleur russe Alexander Krushelnitsky, contrôlé positif au meldonium, fait tache. Reconnu coupable de « violation aux règles antidopage », le curleur a accepté la sanction et devra rendre la médaille de bronze gagnée en double mixte avec sa femme, récompense qui devrait désormais revenir à la Norvège.

Ce cas de dopage va certes peser, mais la défense du Russe sera aussi prise en compte. Krushelnitsky, qui nie s'être dopé volontairement, accuse une équipe concurrente d'avoir volontairement versé un produit dopant dans une de ses boissons durant un stage de préparation au Japon.

« C'est une explication plausible », a confié à l'AFP une source proche du dossier.

Si la suspension du ROC est levée, les sportifs russes pourront défiler derrière le drapeau russe lors de la cérémonie de clôture.

Déjà taxé par certains de manque de fermeté envers Moscou à la veille des JO d'été de Rio 2016, le CIO se trouve donc face à un dilemne. S'il maintient la suspension de la Russie, première nation à Sotchi avant de perdre un certain nombre de médailles pour dopage, et seulement 20e provisoire à Pyeongchang, le CIO apparaîtra comme le héraut de la lutte antidopage.

Si en revanche, il lève totalement ou partiellement la suspension, le CIO risque alors d'être soupçonné d'avoir cédé face à la puissance sportive et géopolitique du géant russe.

« Il n'est alors pas totalement exclu que certains comités olympiques envisagent un boycott de la cérémonie de clôture », a confié à l'AFP un membre du CIO, sous couvert d'anonymat, ajoutant que « certains membres n'ont pas compris l'empressement de Thomas Bach et du CIO à vouloir se prononcer aussi rapidement sur le cas russe ».