TOKYO - Shinzo Abe ne sera pas là - du moins pas à titre officiel - lorsque les Jeux olympiques de Tokyo devraient débuter, le 23 juillet 2021.

Il compte démissionner du poste de premier ministre du Japon, en raison d'un problème de santé chronique.

Celui qui a eu de telles fonctions le plus longtemps aurait été dans la loge VIP aux côtés du président du Comité international olympique Thomas Bach, si les Jeux avaient débuté comme prévu il y a un mois, au lieu d'être victimes de la pandémie.

« Les Jeux olympiques ont bénéficié de son soutien, mais maintenant la situation échappe au contrôle du premier ministre, a déclaré Jeff Kingston, qui enseigne la politique japonaise à l'Université Temple de Tokyo. Tout dépend du CIO, du comité organisateur de Tokyo et des fédérations sportives du monde entier. »

Abe était aux premières loges en 2013 à Buenos Aires lorsque le président du CIO de l'époque, Jacques Rogge, a ouvert une enveloppe pour annoncer Tokyo comme hôte en 2020, battant Istanbul lors du vote final.

Abe a assuré aux membres du CIO à l'époque que la fusion de trois réacteurs nucléaires en 2011, à la suite d'un tremblement de terre et d'un tsunami, était  » sous contrôle ».

Ce ne l'était pas tout à fait; d'ailleurs, le Japon doit encore composer avec la catastrophe survenue dans la préfecture de Fukushima.

 « Je pense que c'est probablement déchirant pour Abe (se retirer) », a dit David Leheny, qui enseigne la politique à l'Université Waseda de Tokyo.

Leheny mentionne qu'Abe n'a mené d'avancée claire au sujet de la condition féminine, d'une modification de la constitution ou de la politique économique.

« Les Jeux auraient été un exemple majeur qu'il aurait pu souligner et dire, voici ce que j'ai fait. Je pense que le prochain premier ministre va s'assurer qu'Abe ait une place de choix aux Jeux. Par contre, ce ne sera pas la même chose que dans le rôle d'accueillir les gens.»

Il n'est pas garanti que les JO auront lieu. Le CIO et les organisateurs ont dit que ce serait le cas, mais jusqu'à présent, ils n'ont pas offert de précisions.

Il y a des questions sur l'isolement, admettre le public ou non, les vaccins et la logistique d'amener 15 400 athlètes olympiques et paralympiques en toute sécurité à Tokyo. Sans parler des milliers d'officiels, de personnel de soutien et de membres des médias.

De plus, la situation de la COVID-19 diffère beaucoup, dans les 206 pays ou territoires qui peuvent prendre part aux Jeux.

Les organisateurs ont cessé de tenir des conférences de presse régulières pour des mises à jour. Peu de détails sont attendus jusqu'à l'automne, ou même avant 2021.

"C'est avec une grande tristesse que j'ai appris la démission du premier ministre Abe, a déclaré Bach, qui a attribué à Abe le retour des Jeux olympiques au Japon, après les Jeux olympiques de Tokyo de 1964 et les Jeux olympiques d'hiver de 1972, à Sapporo.

« Tous les athlètes japonais et les athlètes du monde entier lui sont très reconnaissants », a ajouté Bach.

Yoshiro Mori, ancien Premier ministre japonais et président du comité organisateur de Tokyo, a également louangé Abe.

« Nous prêteront une oreille très attentive aux conseils du premier ministre pendant le reste de son mandat, a fait savoir Mori, dans un communiqué. Nous espérons recevoir son généreux soutien à l'avenir, quelle que soit sa position officielle. »

Un sondage effectué ce mois-ci auprès d'environ 13 000 entreprises japonaises a montré que 53,6 % d'entre elles veulent que les Jeux soient annulés ou reportés à nouveau.

Le CIO a dit que si les Jeux olympiques ne pouvaient pas avoir lieu en 2021, ils seraient annulés.

Un sondage réalisé en juillet a révélé que les deux tiers du public étaient aussi favorables à un autre report ou annulation.

Les organisateurs de Tokyo disent qu'ils dépensent officiellement 12,6 milliards $ pour organiser les Jeux, même si un comité d'audit national affirme que c'est le double.

Selon les estimations locales, la facture pour le retard pourrait ajouter plusieurs milliards $.

Les organisateurs et le CIO n'ont pas encore précisé la répartition des nouveaux coûts.