La dernière fois que le Canada avait battu les États-Unis, le 11 septembre n’était pas encore une date marquante dans l’histoire de l’humanité, Bouscotte était encore en ondes et il restait du gâteau d’anniversaire dans le frigo de Jessie Fleming qui venait de fêter ses trois ans.

La victoire de 1-0 face aux Américaines va bien au-delà des 90 minutes disputées sur la pelouse de Kashima.

Justice faite

Neuf ans après une demi-finale aux Jeux de Londres où un arbitrage douteux (pour ne pas dire scandaleux) l’a privé d’une place en finale, le Canada a reçu un énorme coup de pouce de la VAR.

Sans l’utilisation de la technologie pour l’assister dans ses décisions, jamais Kateryna Monzul n’aurait décerné ce penalty en fin de match.

La VAR a eu son rôle à jouer parce que Deanne Rose a rempli le sien. Il aurait été tellement facile pour l’attaquante d’abandonner l’action et laisser Tierna Davidson dégager calmement en touche.

Pendant que le visage de Fleming sera à jamais associé à ce but historique, Rose pourra raconter à ses petits-enfants que sans elle, Fleming n’aura jamais eu l’opportunité de propulser son équipe vers une première finale olympique.

L’héritage Herdman

Dans le monde du sport, on parle souvent de legs.

Dans les faits, peu de gens en laissent un derrière eux. John Herdman fait partie de ce groupe spécial d’individus.

Avant qu’il ne passe à la barre de l’équipe masculine en 2018, il a préparé le terrain pour ce qui s’est passé à Tokyo.

Si Fleming a pu prendre de telles responsabilités à 23 ans, c’est qu’elle était à la Coupe du Monde en 2015 sous Herdman, alors qu’elle n’avait que 17 ans.

Si la mission était de changer la couleur de la médaille à Tokyo, c’est qu’un plafond de verre avait été brisé avec le bronze à Londres et Rio.

Repris de flambeau

Bev Priestman est aussi allée à l’école de Herdman, ayant été son adjointe de 2013 à 2018. Sa manière de se comporter et de communiquer nous fait oublier qu’elle a trois ans de moins que Christine Sinclair.

L’Anglaise de 35 ans ne devait même pas être en poste à Tokyo.

C’est Kenneth Heine-Moller qui devait mener les troupes, mais le Danois a quitté son poste après le report des Jeux en 2020. Au final, c’est peut-être la plus belle chose qui pouvait arriver aux Canadiennes.

Il s’agit de l’observer pendant quelques minutes pour comprendre que Priestman a un dévouement pour son équipe qui dépasse largement son contrat avec Soccer Canada. Son équipe en a été le reflet en demi-finale.

Mise en garde

Une présence en finale est un exploit à célébrer.

Une fois les célébrations terminées (idéalement avec l’or au cou), il faudra se rappeler qu’il y a encore du rattrapage à faire. Individuellement et collectivement, le Canada accuse encore un retard technique sur trop de nations.

Les Néerlandaises, Japonaises et Britanniques, pour ne nommer qu’elles, offrent un jeu plus abouti et maîtrisé.

Il en va de même pour les Suédoises que le Canada affrontera jeudi soir au Stade olympique.

Loin de moi l’intention de bouder notre plaisir dans la foulée d’une première victoire en 20 ans face aux États-Unis.

Une simple mise en garde, afin qu’on évite un nuage de fumée et qu’on s’assure d’utiliser les succès à Tokyo comme tremplin vers de plus hauts sommets en Coupe du monde.