Tammara Thibeault s'est donné les moyens de rêver
Depuis qu'elle a assuré sa participation aux Jeux olympiques de Paris l'automne dernier, la boxeuse québécoise Tammara Thibeault est pratiquement toujours présentée comme la favorite du tournoi poids moyens (moins de 75 kilos), au même titre que la nageuse Summer McIntosh et la judoka Christa Deguchi sont très fortement pressenties pour remporter des médailles d'or.
Il faut dire que l'athlète de Shawinigan n'a rien fait au cours des dernières années pour modérer les attentes. Elle est en effet invaincue depuis que la Néerlandaise Nouchka Fontijn l'a privée d'un podium il y a 3 ans à Tokyo. Une heureuse série de 25 victoires sans défaite, selon BoxRec.
Médaillée d'or aux Championnats du monde et aux Jeux du Commonwealth en 2022, médaillée d'or aux Jeux panaméricains en 2023... Thibeault a collectionné les honneurs ces deux dernières années. Et elle a également profité d'un tournoi préparatoire organisé à la mi-avril à Pueblo, au Colorado, pour venger de vieilles défaites subies il y a de cela plusieurs années contre la Chinoise Li Qian ainsi que l'Australienne Caitlin Parker, que la Québécoise pourrait d'ailleurs croiser à Paris.
Bref, le niveau d'excellence affiché par Thibeault est loin d'être anecdotique ou dû à un concours de circonstances. Elle arrivera dans le pays de Glass Joe par la grande porte et les attentes seront extrêmement élevées lorsque le tournoi des moyennes commencera officiellement le 31 juillet.
« Ce n'est pas tout le monde qui a cette pression-là. Pour moi, c'est un privilège, a dit Thibeault, mardi, en marge de l'annonce officielle de l'équipe qui représentera l'unifolié en pugilat à Paris.
« C'est un privilège d'avoir la chance de “performer” à un niveau aussi haut avec autant de succès. Je prends cette pression-là et je l'amène avec moi. Je suis une personne qui performe sous pression, qui gère très, très bien la pression et qui parvient également à en tirer avantage. »
Si Thibeault se permet de qualifier de « privilège » toute cette pression, c'est d'abord et avant tout parce qu'elle ne cesse de gagner en confiance depuis qu'elle travaille aux côtés de Vincent Auclair, nommé coentraîneur-chef de l'équipe nationale par Boxe Canada il y a près de deux ans.
« Vincent sait comment faire sortir mes forces dans des contextes et circonstances différents, explique la pugiliste âgée de 27 ans. Cela a vraiment été intéressant de travailler avec lui dans les deux dernières années, puisque je me suis améliorée. J'ai confiance en mes habiletés grâce à lui.
« Je ne suis plus du tout la même athlète [par rapport aux Jeux de Tokyo]. Je suis maintenant en mesure d'aborder chaque situation de manière différente. Je me fais beaucoup plus confiance... je fais confiance à mon expérience. Au-delà des victoires, j'ai acquis énormément d'expérience. »
Et cette confiance risque d'être exacerbée par la présence de ses parents dans les gradins de l'Aréna Paris Nord – où seront présentés les combats préliminaires – et ceux du mythique court Suzanne-Lenglen du Stade de Roland-Garros – où auront lieu les demi-finales ainsi que les finales.
« À Tokyo, cela avait été décevant. Ma famille n'était pas là. Même mes coéquipiers [de l'équipe nationale] n'avaient pas pu assister à mon dernier combat, rappelle Thibeault. J'ai hâte de voir mes parents dans les estrades. J'ai hâte de voir mes amis, mes proches... j'ai hâte de voir c'est quoi la vraie ambiance des Jeux. Ce seront les premiers Jeux “normaux” depuis la pandémie... »
Au final, Thibeault s'est donné les moyens de vivre des Jeux de rêve qui pourraient évidemment lui servir de tremplin pour un éventuel passage dans les rangs professionnels. Elle n'a d'ailleurs pas nié qu'elle entend évoluer dans les rangs payants à son retour de Paris, mais elle n'a pas l'intention de tourner le dos aux rangs amateurs. Elle souhaite mener les deux carrières de front.
« Il y a un dicton qui dit que si tu aimes la boxe, tu as intérêt à rester amateur, conclut Thibeault. Dans les rangs amateurs, tu as juste à te concentrer sur tes combats et tes performances. Chez les pros, il est souvent plus question d'affaires que de sport. Je sais que cela va être très différent.
« J'ai vraiment l'intention de faire les deux, puisque nous en avons l'option, comme au tennis. J'aime beaucoup trop la boxe pour arrêter. Si quelqu'un est capable de le faire, c'est bien moi... »