KRASNAÏA POLIANA, Russie - Après avoir connu une première semaine et demie aux accents plutôt mélodramatiques aux Jeux olympiques de Sotchi, Marie-Michèle Gagnon a décidé d'opter pour la comédie légère. Et cela a fonctionné puisqu'elle a obtenu le meilleur résultat de sa carrière à des JO, vendredi, à l'occasion du slalom féminin.

Sa neuvième place, obtenue après trois courses olympiques d'affilée où elle a enfourché ou raté une porte, est ainsi venue récompenser un changement d'attitude qui a suivi le slalom géant de mardi. Après avoir subi une luxation de l'épaule lors du super-combiné au début de la quinzaine olympique, et après avoir avoué que ses sorties de piste consécutives étaient attribuables à un blocage psychologique, elle a décidé de faire un virage à 180 degrés dans sa façon de voir les choses.

«Après le slalom géant, Marie-Pier (Préfontaine) et moi, on est allées (dans la vallée) à Rosa Khutor manger chez McDonald, juste pour se changer les idées, a raconté Gagnon. Pour donner de bonnes performances, il faut être heureuse et avoir du plaisir. Et c'est ça que j'ai fait, même à l'entraînement ces deux derniers jours.»

Le résultat, c'est qu'après une première manche prudente qui l'a laissée à 1,70 seconde de Mikaela Shiffrin, la plus rapide de la première manche et l'éventuelle gagnante de l'épreuve, Gagnon a attaqué sans retenue en deuxième manche. Cela lui a permis de finir neuvième, à 2,83 secondes de l'Américaine de 18 ans. Et ce, malgré une erreur en milieu de parcours qui l'a considérablement ralentie.

«J'ai vraiment attaqué, j'avais vraiment une meilleure attitude, a commenté la Québécoise de 24 ans. N'eut été de mon erreur, qui est arrivée à la pire place puisque c'était juste avant le plat, j'aurais pu espérer un podium ou au moins un top-5.»

«C'est décevant de savoir qu'autrement, j'aurais eu une chance, a-t-elle ajouté. En fait, j'étais surprise, après ma descente, d'être aussi bien placée au classement. J'ai constaté que l'attitude que j'ai eue en deuxième manche, c'est ça qui fait gagner des médailles. C'est cette attitude-là que je dois avoir sur deux manches, sans erreur majeure... pour peut-être rattraper Shiffrin un jour!»

Malgré une perte d'équilibre au détour d'une porte en deuxième manche, Shiffrin a remporté l'épreuve et est ainsi devenue la plus jeune athlète en ski alpin, homme ou femme, à remporter un slalom olympique. Son temps après deux manches d'une minute 44,54 secondes lui a permis de devancer de 53 centièmes de seconde l'Autrichienne Marlies Schild. L'Autrichienne Kathrin Zettel a obtenu la médaille de bronze, avec un retard de 0,81 seconde.

Shiffrin a éclipsé l'exploit de l'Italienne Paoletta Magoni, qui avait remporté l'or aux Jeux de Sarajevo en 1984 à l'âge de 19 ans. La jeune Américaine a ainsi complété sa collection d'honneurs en slalom — médaillée d'or aux JO et aux championnats du monde et Globe de cristal de la spécialité sur le circuit de la Coupe du monde — avant son 19e anniversaire de naissance.

«Mikaela (Shiffrin), c'est un prodige. On ne voit pas ça souvent, aussi jeune du moins, a souligné Gagnon. C'est quelqu'un qui travaille fort et elle est tellement concentrée. Elle sait tellement ce qu'elle doit faire, et elle fait tout parfaitement depuis plusieurs années. Elle le mérite.»

Même si un podium au slalom aurait été le conte de fées souhaité par Gagnon, sa neuvième place lui permettra maintenant d'entrevoir la fin de la saison de la Coupe du monde et même la prochaine olympiade avec optimisme.

D'autant plus que Gagnon est chef de file d'une équipe canadienne des épreuves techniques qui a un avenir prometteur. Les prestations des skieuses canadiennes au slalom, vendredi, en ont d'ailleurs donné une bonne idée.

C'est ainsi que la skieuse de Mont-Tremblant Britanny Phelan, 22 ans, est allée chercher une 15e place, à 4,57 secondes de Shiffrin, en affichant une belle combativité en deuxième manche.

«Un top-15 à ma première course olympique, c'est correct. J'ai hâte aux prochains!», a lancé Phelan.

Même Erin Mielzynski, qui a enfourché une porte en première manche, à l'instar de sa compatriote Elli Terwiel, avait des éléments positifs à retenir de sa journée de travail. L'Ontarienne de 23 ans était en voie d'afficher un temps plus rapide que Gagnon quand son ski a glissé du mauvais côté d'une porte.

«Je suis fière du fait que j'étais prête pour la course, et d'avoir pu réussir des temps rapides lors des deux premiers intervalles», affirmé Mielzynski.

«Ensemble, on a construit une équipe et on va continuer à la bâtir ensemble, a noté Gagnon. Chacune a ses forces et ça va être vraiment intéressant ces prochaines années. Ça faisait longtemps qu'on n'avait pas eu une équipe comme ça en épreuves techniques.»

«Il y a eu Geneviève Simard en slalom géant mais en slalom, il n'y a eu personne pendant longtemps. J'adore notre équipe, c'est une grande famille», a ajouté Gagnon, qui a par ailleurs dressé un bilan somme toute positif, quoique mitigé, de ses Jeux olympiques, les deuxièmes de sa carrière.

«Ce ne sont pas mes derniers Jeux, alors ce n'est pas la fin du monde... Je les imaginais mieux, mais en même temps, j'ai beaucoup appris.»