Est-ce un avion? Est-ce un oiseau? Non, ce sont les Canadiennes qui survolent le tournoi de soccer olympique! Victorieuses devant la France en quart de finale, elles poursuivent leur parcours avec un espoir de médaille de plus en plus tangible.

Avant le tournoi, on se disait que c’était possible, mais que la tâche serait énorme. Six équipes du tournoi ont un meilleur classement mondial que le Canada (10e) dont deux dans son groupe. Et amorcer la rencontre contre une Australie (5e) en pleine progression, complètement remodelée par l’entraîneur Allen Stajcic qui a vu son contrat prolongé pour un autre cycle olympique, présentait déjà un gros défi. C’est pourtant ce match qui a donné le ton au tournoi des Canadiennes.

Une victoire remportée dans des conditions difficiles, privées de Zadorsky durant la majorité du match, les a mises en confiance. Puis, l’affrontement contre le Zimbawe, adversaire plus « facile », permettait les ajustements avant la rencontre ultime contre l’Allemagne, que le Canada n’avait pas réussi à battre en douze rencontres, pour la tête du groupe. Cette ultime victoire a permis au Canada de garder la seule fiche parfaite du tournoi, tant chez les femmes que chez les hommes. Déjà, sur la scène internationale, on ne voyait plus cette équipe de la même façon.

Le match quart de finale contre la France allait être costaud, on le savait. Les Françaises avaient encore sur le cœur cette médaille de bronze qui leur avait échappé dans les arrêts de jeu, arrachée alors qu’elles l’effleuraient du bout des doigts, par les Canadiennes. Et le match fut serré, comme on s’y attendait. Il aura fallu patienter jusqu'à la 57e minute pour que Sophie Schmidt marque son premier but du tournoi sur une superbe passe de Janine Beckie, ce but allait être le seul du match. Les Françaises n’ont pas su donner le coup de reins nécessaire, n’ont pas trouvé l’accélération qui leur aurait permis de peser dans le match. Écrasées par le fait d’être menées, conscientes de la terrible perspective de l’élimination, elles ont vu le chronomètre écouler inexorablement les secondes jusqu’à ce que l’arbitre de la rencontre scelle l’issue du match avec son coup de sifflet. Le Canada a joué de chance quand la faute de Buchanan sur Le Somer est passée sous le radar, et encore une fois quand la déviation de la tête de Christine Sinclair a envoyé le ballon sur la barre transversale de son propre but, évitant un embarrassant et catastrophique contre son camp. Mais la chance fait aussi partie du jeu.

Les Canadiennes ont énormément progressé depuis la Coupe du monde de l’an dernier. De ce groupe jeune avec peu d’expérience, est émergée une formation solide, rodée, une formation qui a pris de la maturité comme si cinq ans s’étaient écoulés depuis l’an dernier. De nouveaux leaders émergent, les responsabilités sont de plus en plus partagées et subitement, l’équipe ne dépend plus que du seul brio de Christine Sinclair. La capitaine émérite peut avoir l’esprit en paix, la relève est assurée.

Le prochain défi sera de taille, à la hauteur du brio des matchs quart de finale jusqu’ici. C’est à nouveau l’Allemagne que devra affronter le Canada, mais avec un enjeu beaucoup plus grand que lors de la dernière fois, en demi-finale pour connaître la couleur de la médaille pour laquelle on se battra. L’Allemagne ne sera plus la même, ayant certes appris de sa première défaite contre le Canada. Mais l’inverse est aussi vrai et les filles de John Herdman seront elles aussi bien préparées.

La malédiction de Manaus

Suite à la Coupe du monde de 2014 au Brésil, on avait évoqué la « malédiction de Manaus ». Les équipes qui avaient joué dans cette ville de la forêt amazonienne perdaient leur match subséquent, à l’exception du Portugal (sauvé par ses liens avec le Brésil?). Les États-Unis avaient fait match nul avec la Colombie, déjà là une malédiction, à Manaus. Ils affrontaient ensuite la Suède, à Brésilia. Ce fut un duel terrible qui s’est terminé sur une douloureuse séance de tirs au but. Et l’incroyable s’est produit, les triples championnes olympiques, championnes du monde en titre, ont été sorties du tournoi par quatre tirs à trois. Une défaite très amère pour les Américaines véritablement sonnées à l’issue de la rencontre. Une grande satisfaction pour l’entraîneuse Pia Sundhage, retournée dans son pays d’origine après avoir mené les Américaines à deux médailles d’or olympiques. L’amertume, la déception, et le manque de classe ont fait dire à Hope Solo, gardienne des États-Unis, qu’elles « avaient perdu devant une bande de peureuses ». Ce à quoi Pia Sundhage, qui la connaît bien , a répliqué : « c’est bien d’être peureuse si vous gagnez ».

Cette malédiction de Manaus a bien failli faire une autre victime quand le Brésil a aussi dû se rendre aux tirs au but avec une équipe d’Australie vaillante qui n’a cessé de lui poser des problèmes tout au long du match. Et le drame a frôlé une ampleur démesurée quand Marta a raté le cinquième tir du match, ouvrant grand la porte aux Australiennes pour une participation à la demi-finale. Et c’est là que le sort a été conjuré. Katrina Gorry, qui tirait juste après, n’a pu profiter de l’occasion qui valait peut-être de l’or, et a raté à son tour. C’est Alanna Kennedy qui a porté l’odieux de la défaite en voyant son tir arrêté par Barbara. Défaite dévastatrice pour l’Australie, victoire qui a fait pousser un immense soupir de soulagement à toute la nation hôte.

Les choses se sont équilibrées, les deux équipes qui s’affronteront en demi-finale, Brésil et Suède, ont toutes deux vécu une prolongation et une épuisante séance de tirs au but. Le carré d’as est maintenant connu, reste à savoir qui a les meilleurs atouts.