Une délégation nord-coréenne de haut niveau emmenée par un général considéré comme un « criminel de guerre » par l'opposition sud-coréenne est arrivée dimanche au Sud pour assister à la cérémonie de clôture des Jeux olympiques.

La visite de cette délégation de huit membres emmenée par le général Kim Yong Chol est l'ultime illustration de la frénésie diplomatique intercoréenne depuis que le Nord a annoncé à la surprise générale le 1er janvier qu'il participerait aux JO de PyeongChang.

Après deux années de montée des tensions sur la péninsule divisée, en raison de la fuite en avant de Pyongyang vers l'arme atomique, la Corée du Nord s'est lancée depuis dans une offensive de charme à destination de la communauté internationale lors de ces Jeux, que Séoul a vendus comme ceux « de la paix ».

Certains experts pensent que le régime nord-coréen cherche à polir son image pour obtenir un assouplissement drastique des sanctions internationales qu'ont engendrées ses programmes militaires interdits et tente d'enfoncer un coin entre Séoul et Washington.

Dimanche matin, la délégation officielle a franchi la Zone démilitarisée (DMZ), qui divise la péninsule, au poste-frontière de Dorasan, au nord de Séoul, a indiqué un porte-parole du ministère de l'Unification à Séoul.

La télévision sud-coréenne a diffusé des images montrant le très controversé Kim Yong Chol, vêtu d'un long manteau foncé, accueilli par le vice-ministre de l'unification de Séoul, Chun Hae-sung, avant de monter dans une berline noire préparée par le Sud, tandis que d'autres responsables montaient dans un bus et un fourgon.

« Diabolique »

Les chaînes d'information ont par ailleurs montré le général et sa délégation arrivant à l'hôtel de luxe Walkerhill de Séoul, d'où ils sont repartis quelques heures plus tard au milieu d'un impressionnant dispositif de sécurité comptant des centaines de policiers armés.

La venue de Kim Yong Chol a provoqué l'ire de l'opposition conservatrice sud coréenne car il est soupçonné d'avoir un temps dirigé le Bureau général de reconnaissance gérant les opérations nord-coréennes d'espionnage et d'avoir ordonné notamment le torpillage de la corvette sud-coréenne Cheonan en 2010, qui avait fait 46 morts. 

Pyongyang a toujours rejeté toute responsabilité dans cette affaire.

Environ 70 parlementaires du Parti de la liberté de Corée, l'opposition conservatrice, avaient manifesté vendredi devant la Maison bleue (siège de la présidence sud-coréenne) pour demander au chef de l'État Moon Jae-in de ne pas autoriser la venue de la délégation nord-coréenne.

« Kim Yong Chol est un criminel de guerre diabolique qui a attaqué le Sud. Il mérite d'être pendu dans la rue », avait déclaré dans un communiqué le chef de file du parti à l'Assemblée, Kim Sung-tae.

Des élus conservateurs ont encore manifesté près de la frontière dans la nuit de samedi à dimanche, avec plusieurs centaines de personnes.

« Arrêtez Kim Yong Chol! », « Kim Yong Chol devrait demander pardon à genou aux familles de victimes », pouvait-on lire sur une banderole.

Sanctions

S'il n'est pas visé par les mesures de rétorsion prises par le Conseil de sécurité de l'ONU, le général Kim Yong Chol est la cible de sanctions unilatérales de la Corée du Sud et d'un gel de ses actifs.

À Séoul comme à Washington, on assure qu'il n'y aura pas de rencontre entre Kim Yong Chol et la cheffe de la délégation américaine, qui n'est autre que la fille aînée et conseillère de Donald Trump, Ivanka.

Mais la délégation nord-coréenne inclut Choe Kang Il, directeur général adjoint pour les affaires américaines du ministère nord-coréen des Affaires étrangères. Ce qui laisse penser que Pyongyang pourrait être ouvert à l'idée de négociations.

Pour la cérémonie d'ouverture, le leader nord-coréen avait dépêché sa soeur Kim Yo Jong qui se trouvait à quelques rangs seulement du vice-président américain Mike Pence. 

Elle ne lui avait pas parlé mais avait profité de son voyage historique au Sud, le premier d'un membre de la dynastie qui dirige le Nord depuis des décennies, pour inviter le président sud-coréen Moon Jae-in à un sommet à Pyongyang.

Donald Trump a annoncé vendredi de nouvelles sanctions visant à isoler encore plus la Corée du Nord, « les plus lourdes jamais imposées contre un pays ».