LONDRES - Des milliers d'olympiens sont retournés dans leur pays après la fin des Jeux de Londres, mais une dizaine d'athlètes africains ont choisi de ne pas rentrer. L'un d'entre eux a déjà annoncé son intention de demander l'asile politique au Royaume-Uni.

Avant même la cérémonie de clôture, certains athlètes originaires de pays pauvres ou déchirés par des conflits, notamment du Cameroun, de l'Érythrée, de la Guinée et de la Côte d'Ivoire, ont disparu du village des athlètes, et l'endroit où ils se trouvent reste un mystère.

Ce n'est pas la première fois que des athlètes se volatilisent pendant les Jeux: il existe une histoire bien établie d'athlètes qui tirent profit des compétitions internationales dans des pays étrangers pour tenter de se donner une vie plus prometteuse. Les défections étaient courantes durant la guerre froide.

Les athlètes qui ont participé aux Jeux olympiques de Londres ont le droit de rester au Royaume-Uni jusqu'en novembre en vertu des conditions prévues par leur visa. Mais l'un d'entre eux a déjà annoncé qu'il demanderait l'asile politique.

«J'aime vraiment beaucoup mon pays, mais ce sont les conditions difficiles et le manque de respect des droits de la personne qui me poussent à demander l'asile», a déclaré l'athlète érythréen Weynay Ghebresilasie, âgé de 18 ans, dans une entrevue au quotidien «The Guardian» publiée mercredi.

Le jeune homme, qui a participé au 3000 m steeple, a déclaré au journal qu'il était devenu désillusionné face à la dégradation des conditions politiques dans son pays natal. Il affirme qu'il n'est pas seul: trois de ses collègues de l'équipe érythréenne, sur un total de 12 membres, vont aussi demander l'asile au Royaume-Uni, mais ils ne veulent pas en parler en public de crainte de causer des problèmes à leurs proches restés en Érythrée, a-t-il dit.

L'Érythrée fait partie des dix principaux pays d'origine des demandeurs d'asile au Royaume-Uni l'an dernier, aux côtés du Soudan, de l'Afghanistan et de l'Iran, selon l'organisation londonienne Refugee Council.

Ce n'est pas la première fois que des athlètes érythréens demandent l'asile en marge d'une compétition: en 2009, tous les membres de l'équipe nationale de soccer avaient fait défection lors d'un tournoi au Kenya.

Le chef de la délégation olympique de la Côte d'Ivoire, Salamata Cissé, a confirmé mardi que deux nageurs et un entraîneur de lutte avaient disparu de leur lieu d'hébergement à Londres.

En Guinée, le ministre des Sports, Titi Camara, a aussi confirmé que trois athlètes guinéens n'étaient pas rentrés au pays après les Jeux.

«Ils ont dit à leurs amis qu'ils ne reviendraient pas en Guinée», a déclaré un journaliste sportif guinéen, N'famara Bangoura. «Ici, il n'y a pas d'infrastructures, pas d'équipement, pas d'entraîneurs qualifiés pour les aider à devenir de bons athlètes.»

La semaine dernière, l'équipe olympique du Cameroun avait demandé l'aide des autorités londoniennes pour retrouver sept athlètes disparus après avoir participé à leur compétition. Un responsable de l'équipe, Emmanuel Tataw, a indiqué que des athlètes camerounais avaient déjà fait défection lors des Jeux de Sydney et d'Athènes.

Selon des médias africains, quatre athlètes de la République démocratique du Congo, dont le judoka Cedric Mandembo, ont aussi disparu après les Jeux de Londres.

Les autorités britanniques ont refusé de commenter ces informations, précisant qu'elles ne discutaient pas publiquement des cas individuels.