PEKIN - La nourriture cacher ne cesse de séduire les restaurateurs et patrons de bars chinois. A six mois des Jeux olympiques d'été, ils sont un nombre croissant à compter sur cette alimentation, reconnue plus saine et plus hygiénique par une large part des consommateurs, qu'ils soient juifs ou non.

Lewis Sperber, restaurateur cacher, espère bien tirer profit des quelque 550.000 étrangers attendus à Pékin pour les JO d'août prochain. "Nous voulons nous rapprocher des sites olympiques afin d'offrir un repas cacher aux personnes qui assisteront aux épreuves", précise-t-il. La nourriture cacher, adaptée aux lois de la diététique juive, ne fait pas d'innombrables adeptes. Toutefois, on observe un réel boom du nombre de sociétés chinoises autorisées à exporter des produits cacher. Un phénomène que les observateurs expliquent en partie par les récentes inquiétudes soulevées par les scandales alimentaires en Chine.

Les autorisations de vente de produits cacher en Chine -qui dépendent comme ailleurs de l'Union orthodoxe, organisme de délivrance le plus connu-ont doublé pour atteindre un total de 307 ces deux dernières années. Le nombre total de labels cachers est lui passé à 2.000 environ.

"Du point de vue de l'hygiène alimentaire, peu importe qu'on soit juif ou pas. On a beau être en Chine, la nourriture cacher a la réputation d'être plus saine et plus diététique", résume Minette Ramia, gérante du Dini's, un restaurant moderne situé sur la "Super Bar Street" de Pékin, grande artère où s'alignent de nombreux bars et restaurants, à proximité de l'ambassade d'Israël. "Une femme musulmane est même venue ici. Elle ne voulait pas manger de viande ailleurs."

Le menu propose de la cuisine traditionnelle ashkenase, mais aussi séfarade. Les boulettes de pain azyme au bouillon, la carpe farcie et le foie haché -les trois plats principaux-sont rarement choisis par les Chinois, qui leur préfèrent le boeuf cacher.

Tout comme la pollution de l'air, la sécurité alimentaire représente un des risques majeurs de ces JO. Elle peut à elle seule ruiner les efforts entrepris par la Chine pour démontrer sa modernité et la distance prise avec son passé agraire.

Un seul cas d'intoxication alimentaire, comme un seul test antidopage positif -surtout s'il concerne un athlète chinois-peut faire la "une" des journaux pendant des semaines et mettre à mal l'opération de relations publiques du gouvernement communiste.

Le besoin de sécurité des autorités chinoises pourrait donc faire le jeu de l'industrie cacher. D'autant que, comme le relève le rabbin Mordechai Grunberg, chargé de contrôler les usines chinoises pour le compte de l'Union orthodoxe, l'importance accordée par les exportateurs cachers à la chaîne alimentaire "atteste de l'attention accrue que portent les sociétés et les entreprises à l'hygiène et aux installations sanitaires".

Le rabbin Shimon Freundlich, qui travaille aussi pour le compte de l'Union orthodoxe et possède une partie du Dini's, ajoute que des entreprises américaines ont fait appel à lui pour mener des inspections de nourriture non-cacher pour leurs opérations en Chine. "Elles veulent simplement s'assurer que les standards garantis le sont vraiment", explique-t-il.

Un supermarché cacher devrait ainsi voir le jour à Pékin, selon certains rabbins, du fait des problèmes d'hygiène. Il est d'ores et déjà acquis que les nourritures cacher et halal pour la viande (préparées selon les lois islamiques) seront disponibles dans le village des JO.

En Chine, la population juive ne compte que quelques milliers de personnes, exclusivement expatriées (4.000 à Hong Kong, 1.500 à Pékin, 1.000 à Shanghaï, 500 à Guangzhou). Les musulmans ne représentent quant à eux qu'entre 1 et 2% des 1,3 milliard de Chinois.