Le match supplémentaire qu'a joué le Canada puisqu'il n'a pas gagné son groupe se sera finalement avéré être une très bonne chose.

Ce n'est peut-être pas l'unique raison, mais le temps passé ensemble autant hors que sur la glace semble avoir permis à cette équipe de gagner en maturité.

Tous les joueurs autant qu'ils sont ont offert une performance inspirée emplie de cohésion et d'intensité, deux choses qu'il était plutôt difficile de trouver dans le jeu des Canadiens avant leur affrontement contre les Russes.

Ce sont des gars qui sont pratiquement tous des étoiles dans leur équipe respective et ce qu'ils sont parvenus à faire hier, c'est de mettre leurs égo de côté et faire de ce groupe de joueur une véritable équipe.

Ils ont tous accepté leur rôle et ont joué, sur le plan individuel comme en équipe, leur meilleur match depuis le début du tournoi. Ils avaient de la pression sur leurs épaules et ils ont répondu de belle façon.

Ils ont été dominants à partir de la première seconde de la partie. On s'entend que lorsque 21 lancers sont dirigés au but en une période, c'est parce que tu es toujours le premier sur la rondelle et que tu es véritablement en contrôle de la rencontre.

La clé pour le Canada aura été l'intensité. Ils ont compris qu'ils n'avaient plus de chance et qu'ils ne pouvaient pas amorcer cette rencontre en se disant « si on perd on se reprendra demain ». Si tu ne les bats pas aujourd'hui, demain ça va être trop tard.

Il faut se le dire, si les Canadiens avaient perdu cette rencontre face aux Russes, leur tournoi aurait été considéré comme un véritable échec. La seule vraie victoire que l'équipe aurait eue aurait été celle en tirs de barrage contre la Suisse… avouez que ce n'est pas fort.

Au fond, les joueurs ont compris qu'il n'était chacun qu'un simple morceau de casse-tête et que c'est en travaillant ensemble qu'il parviendrait à compléter ce casse-tête à 20 morceaux.

Il faut également donner une partie du crédit aux hommes de banc canadiens. Ce groupe devait trouver des solutions rapidement afin de régler les problèmes affligeant leur équipe et ils y sont parvenus. C'est ça l'expérience d'hommes comme Mike Babcock et Jacques Lemaire.

La débandade russe

Au fil des années, le hockey russe a perdu beaucoup de son lustre. Ce n'est pas la même chose que « dans le temps » comme on dit.

La grosse différence avec les équipes des années 70, que j'ai vues jouer d'ailleurs, c'est qu'aujourd'hui les équipes russes sont menées par des vedettes alors qu'auparavant le succès de ce pays passait par l'équipe et le jeu d'ensemble.

C'est un peu ironique que le Canada utilise comme arme ce qui faisait des Russes une équipe à battre autrefois. En jouant en équipe, les Canadiens ont simplement passé sur le corps de leur adversaire mercredi soir.

Lorsqu'on analysait l'affrontement avant la rencontre, on entendait souvent « il faudra battre Ovechkin » alors que je vous jure que l'on aurait jamais entendu « il faudra battre Kharlamov ». Tu battais l'équipe soviétique.

À la lumière de ce que l'on a vu mercredi, je vous dirais que l'équipe canadienne de 2010 se rapproche beaucoup plus du concept d'équipe qui habitait l'Armée rouge autrefois que l'équipe russe de 2010 ne peut le faire.

L'importance du concept d'équipe, mais…

On l'a vu avec la Suisse, avec les Slovaques et même avec les Lettons. Le concept d'équipe est très important, mais parfois un seul joueur peut faire la différence et cet homme se trouve devant le filet.

Avec Edgars Masalskis à la barre, les Lettons ont bien failli surprendre les Tchèques alors que les Suisses ont failli créer un précédent en éliminant les Américains en quart grâce à l'incroyable travail de Jonas Hiller. Dans les deux cas, il s'en est fallu de bien peu.

Un des joueurs du tournoi que l'on connaît bien est Jaroslav Halak et il est un de ces gardiens qui peuvent voler un match au tournoi de Vancouver. Le Canada devra se méfier du jeune Slovaque.

Je ne dis pas que les Slovaques n'ont pas eu la pédale au fond depuis le début, mais n'eut été de Halak ils auraient été hors de ce tournoi il y a un bon moment de ça déjà.

Ce que j'avais dit avant les Olypiques sur les différentes tribunes, c'est qu'Halak allait avoir l'opportunité au tournoi olympique de prouver qu'il était capable de jouer sous pression, être le numéro un sous pression, revenir devant le filet même s'il connaissait un match ordinaire et de montrer à tout le monde qu'il peut jouer avec les meilleurs et c'est ce qu'il est en train d'accomplir.

Grâce à son jeu depuis le début du tournoi, il est en train de prouver qu'il peut compétitionner avec des gars comme Ryan Miller, Henrik Lundqvist, Martin Brodeur et ses statistiques sont là pour le prouver.

Il faudra, un de ces jours, lui donner ses lettres de noblesse. Il est en train de faire ouvrir bien des yeux.

Si l'on ramène ça dans la Ligue nationale, le Canadien se retrouve à la croisée des chemins avec lui et Carey Price. Il faudra prendre une décision dans leur cas en désignant lequel des deux est le véritable gardien numéro un et lequel des deux sera prêt à accepter un salaire de deuxième...mais ça c'est une autre sujet.

Pendant ce temps à Vancouver

J'ai regardé les Américains jouer depuis le début et, un peu à l'instar de la Slovaquie, ils ont un élément plus important que les autres en la personne de Ryan Miller.

Si on regarde son cheminement, ce gars-là a toujours été dans l'ombre des grands gardiens de la LNH, et ce, malgré le fait qu'il soit un gardien de but numéro un très bien établi dans son équipe.

On n'a jamais considéré ce gardien de but là comme étant le meilleur, mais je crois qu'il est en train de changer la perception que les gens ont de lui.

Si l'on s'arrête et qu'on compare les deux équipes, l'avantage dans l'autre demi-finale va définitivement aux Américains.

Au niveau de l'attaque, on peut cependant considérer cet affrontement comme à peu près nul.

Les Finlandais peuvent compter sur un premier trio d'envergure avec Jokinen, Selanne et Saku Koivu. Leur avantage numérique est également menaçant avec Sami Salo et Kimo Timonen. Ils ont vraiment un bon gros Top 5 auquel on peut ajouter Mikko Koivu.

Je donne quand même l'avantage aux Américains en attaque pour une seule et bonne raison, l'importance de la profondeur dans leur alignement.

Chez les défenseurs, un petit quelque chose fait penché la balance du côté des États-Unis, mais de pas beaucoup. La raison est simple, je ne m'attendais pas à voir les jeunes en donner autant que ça. Les deux Johnson jouent du très bon hockey, au point où Ryan Whitney ne joue presque pas.

Chez les gardiens, malgré la présence de Miikka Kiprusoff, je suis obligé de donner un léger avantage à la troupe de Ron Wilson. Le Finlandais est très fort et a bien fait depuis le début du tournoi, mais c'est Ryan Miller de l'autre côté de la glace et il est simplement trop fort.

Un format de tournoi frustrant

Le format du tournoi olympique pourrait peut-être revu. Je ne dis pas que ce n'est pas un bon format, mais à mon avis quelques modifications pourraient y être apportées.

En fait, ma principale critique est que les favoris n'obtiennent pas la faveur d'affronter l'équipe la moins bien classée à chacun de leurs matchs.

En fait, ce n'est pas comme dans les séries de la LNH où le meilleur club affronte toujours l'équipe la moins bien classée. Ce type de tournoi est bâti selon une formule préétablie dans laquelle tu sais déjà qui affrontera qui.

Je ne dis pas que ça aurait fait une différence, mais les Suédois ont perdu un match par un seul but depuis le début du tournoi et ils ne sont plus de la fête.

Ils ont perdu au mauvais moment. C'est le format, c'est le même pour tout le monde et c'est la loi du sport, mais…

*propos recueillis par Jean-Simon Landry