ATHENS (CP) - Il fut un temps où les athlètes participaient à un ou deux Jeux olympiques, puis prenaient leur retraite de leur sport et revenaient dans le "vrai monde" afin d'y terminer leur études ou encore pour plonger dans le monde du travail.

Ce n'est plus le cas.

De nos jours, les athlètes continuent à compétitionner jusqu'à ce qu'ils approchent la quarantaine -et au-delà, qui plus est dans des sports exigeants physiquement, tels que le cyclisme, le tennis, le triathlon et l'aviron.

Le Canada compte dans ses rangs plusieurs de ces athlètes à Athènes, dont la triathlète Carol Montgomery, âgée de 38 ans, les cyclistes Eric Wohlberg, 39 ans, Alison Sydor, 37 ans et Lori-Ann Muenzer, 38 ans, de même que le marcheur Tim Berrett, qui a 39 ans.

Deux athlètes trentenaires en sont à leurs premiers Jeux, soit la cycliste Manon Jutras, 36 ans, et Pauline Van Roessel, à l'aviron, qui en a 37.

Au tennis de table, Johnny Huang a 41 ans et la joueuse de badminton Denyse Julien en a trois de plus.

La kayakiste Caroline Brunet, 35 ans, en est pour sa part à sa cinquième expérience olympique.

A 57 ans, Ian Millar, qui participe à ses huitièmes Jeux en sports équestres, serait le plus vieil athlète présent aux Jeux d'Athènes.

Défendant les couleurs des Etats-Unis, Martina Navratilova joue encore au tennis à 47 ans, la Française Jeannie Longo, de deux ans sa cadette, compétitionne à la course sur route, Merlene Ottey est une sprinteuse de 44 ans de la Slovénie et enfin Haile Satayin, à 49 ans, court le marathon pour Israel.

Nathalie Lambert, chef de mission adjointe de l'équipe olympique canadienne aux Jeux d'Athènes, avance trois facteurs qui contribuent à prolonger les carrières d'athlètes au Canada: certains sports reçoivent un meilleur financement ou plus d'argent des commandites, ce qui permet aux athlètes de gagner leur vie; les maisons d'enseignement et les employeurs font preuve de plus de souplesse en permettant aux athlètes d'élite de s'entrainer et de voyager; les progrès que connaissent les techniques d'entrainement permettent à l'organisme de se donner à fond et plus longtemps de surcroit.

"Ils sont beaucoup mieux entrainés qu'ils l'étaient il y a 20 ans", explique Lambert, une ancienne patineuse de vitesse.

Muenzer indique que dans son cas, le temps n'a pas encore fait son oeuvre.

"Je n'ai jamais été aussi en forme de toute ma vie, ce qui est vraiment sympathique puisque j'ai 38 ans," affirme-t-elle. On m'a dit que génétiquement j'avais le corps de quelqu'un de 24 ou 25 ans. Cela m'inspire beaucoup, d'autant plus que certains de mes adversaires en compétition ont 20, 22, 24 ans."

Sydor estime pour sa part que la forme physique est la clé et l'emporte sur les défis physiques présentés par l'âge.

"Bien sûr que l'âge est un facteur, rappelle Sydor, mais le facteur mental compte aussi. Cette année je n'ai éprouvé aucun problème de motivation."

"Cela fait un bon moment déjà que je fais de la compétition et il est important de reproduire ce qui fonctionne pour soi, de rester motivé, de ne pas laisser l'ennui s'installer, avertit la cycliste. En même temps il ne faut pas faire de changements extrêmes et radicaux, ni verser dans la trop grande nouveauté", précise-t-elle.

Julien a récemment découvert de nouvelles méthodes d'entrainement qui l'ont aidée à se rendre à Athènes.

"J'ai beaucoup lu à ce sujet, indique-t-elle. Il y a environ six ou huit mois j'ai appris que de 25 à 30 minutes d'entrainement poussé est plus bénéfique qu'un entrainement moyen variant entre 45 minutes et une heure. J'ai donc suivi ce conseil et cela a donné de bons résultats."

Plus elle vieillit, plus Julien trouve qu'elle a besoin de périodes de repos lorsqu'elle s'entraine.

"On dit qu'il faut souffrir pour obtenir de bons résultats, mais moi je dis qu'il faut se reposer pour bien performer."

Sydor, qui prendra part à une épreuve de vélo de montagne le 27 août, ne saurait dire si son corps s'est beaucoup transformé depuis 1996 à Atlanta, alors qu'elle avait remporté une médaille d'argent.

"Même avant Sydney j'entendais parler des effets du
vieillissement sur l'organisme et les gens s'attendaient à ce que je ralentisse, explique la cycliste. "Tant que mes résultats en course seront bons je saurai que je puis continuer à compétitionner" ajoute-t-elle.

Au cours des dernières années, Sydor s'est arrangée pour que ses aller-retour en Europe soient limités car cela est épuisant.

Côté monétaire, plusieurs athlètes olympiques ne sont plus des amateurs en ce sens qu'ils prennent part à des compétitions avec des équipes professionnelles en-dehors des Jeux, ou que des entreprises les commanditent.

"En vélo de montagne c'est un peu différent car nous
compétitionnons en tant que professionnels lors d'épreuves de Coupe du monde. C'est ainsi que je puis obtenir des commandites", indique Sydor.

Des préoccupations d'ordre financier pourraient toutefois inciter Julien à ne pas aller aux Jeux olympiques de Pékin, en 2008.

"Si seulement je pouvais obtenir du financement pour les quatre prochaines années je pourrais me qualifier pour la Chine, indique-t-elle. De toute façon, la question financière demeure toujours importante pour nous", conclut-elle.

Muenzer, une secrétaire juridique, peut quant à elle continuer à compétitionner grâce à la compréhension de son employeur.

"Mon sport ne me rapporte rien. J'ai un bon emploi, ils me laissent aller et venir comme je le veux et comme mon horaire me le permet", explique-t-elle.