C'est mercredi matin que la Ligue de hockey junior majeur du Québec a rendu publique la nouvelle réglementation en matière de bagarres et de violence pour la prochaine saison qui débute jeudi. Tel qu'annoncé par RDS mardi, plus de 90 % des recommandations du comité consultatif, présentées le 23 août dernier, ont été retenues.

Parmi les nouveaux règlements, un agresseur (joueur qui s'en prend à un autre qui ne veut pas se battre) pourrait être suspendu pour une durée minimale de 15 rencontres si cette agression est jugée de niveau 2. C'est le préfet de discipline qui aura comme mandat de juger de la nature de l'agression.

-L'instigateur d'un combat se verra automatiquement attribuer une extrême inconduite de partie. Si le tout survient dans les cinq dernières minutes d'un match et que l'écart est de deux buts ou plus, le joueur coupable sera suspendu automatiquement pour une rencontre.

-Les joueurs qui déclencheront une deuxième bagarre lors du même arrêt de jeu seront automatiquement suspendus pour cinq rencontres.

-S'il y a une bagarre pendant la période de réchauffement, l'instigateur de celle-ci sera suspendu pour 10 parties.

-Si un gardien prend part à une bagarre, il sera suspendu pour deux rencontres.

-Il y a aussi la "clause Jonathan Roy". Si un gardien agresse un autre gardien, une suspension de 10 rencontres s'ajoutera.

-Si un gardien agresse un joueur, il sera suspendu pour cinq parties.

À noter que lors d'incidents violents, un dossier disciplinaire sera ouvert pour les entraîneurs des équipes concernées.

De plus des amendes seront imposées à l'organisation pour les infractions suivantes :

1- Amende de $1000.00 pour l'expulsion de l'entraîneur ou un membre du personnel derrière le banc

2- Amende de $1000.00 lorsqu'un gardien recevra un code 4 ou 5 comme agresseur

3- Amende de $500.00 lorsqu'un joueur recevra un code 4 ou 5 comme agresseur

4- Amende de $500.00 lorsqu'un joueur recevra un code d'instigateur

5- Amende de $1000.00 lorsqu'il y aura bagarres multiples sur le même arrêt de jeu

6- Amende de $5000.00 et suspension automatique de 2 parties à l'entraîneur lorsque tous les joueurs en viendront aux prises sur le même arrêt de jeu.

7- Ajout de suspension automatique à l'entraîneur et amende supplémentaire à l'organisation pour une bagarre générale dans la période d'échauffement et durant une partie

"Avec les décisions prises par les gouverneurs et les directeurs généraux lundi dernier, notre ligue deviendra la plus sévère et la plus rigoureuse au pays en matière de prévention et de sanctions quant à la violence gratuite dans le hockey junior", a indiqué le commissaire de la LHJMQ, Gilles Courteau.

"Je l'ai répété plusieurs fois au cours des derniers mois : dans la Ligue de hockey junior majeur du Québec, la violence gratuite, c'est tolérance zéro. Les mesures que nous adoptons et qui seront en vigueur feront de cette ligue un exemple à suivre au Canada. Soyez assurés qu'une fois instaurées, ces mesures feront l'objet d'un suivi très serré de la part de notre comité d'orientation hockey. D'ailleurs, je suis convaincu qu'elles auront un effet de dissuasion de premier ordre à l'endroit de tous nos intervenants. Au cours des prochaines années, voir les prochains mois, un changement au niveau de la culture même du hockey pourra sans doute être remarqué. Enfin, si de nouvelles mesures doivent s'ajouter par la suite pour nous aider à mieux endiguer les gestes déplorables dans notre sport, il est bien évident que nous allons les considérer", a mentionné le commissaire".

M. Courteau a aussi expliqué que si la nouvelle réglementation avait été en place à l'occasion des incidents survenus le printemps dernier entre les Remparts de Québec et les Saguenéens de Chicoutimi, le gardien des Remparts Jonathan Roy aurait écopé une suspension automatique de 15 matchs s'il avait été déclaré comme étant l'agresseur par l'arbitre.

La ministre satisfaite

Plus tard dans la journée de mercredi, Michelle Courchesne, ministre de l'Education, du Loisir et du Sport, s'est dite satisfaite, estimant que les sanctions imposées sont suffisamment sévères et dissuasives.

"La ligue a fait un travail important par rapport à ce qui existait auparavant. Dans ce sens-là, on doit saluer le travail des membres du comité consultatif, des gouverneurs et du commissaire, a déclaré Mme Courchesne à Québec. Cela dit, nous allons suivre très assidûment la situation."

"J'ai la conviction que ce rapport va nous permettre de changer cette culture dans le monde du hockey. Nous allons faire un suivi très assidu de la situation. Nous avons convenu, le président de la ligue et moi-même, que chacun de notre côté, nous allons faire ces suivis. L'expérience démontre que pour un joueur, ce qu'il y a de pire, c'est de ne pas jouer."

Le commissaire a aussi indiqué que la ligue était prête à apporter des ajustements supplémentaires à sa réglementation "en cours de route", si cela devait s'avérer nécessaire, un autre élément que la ministre Courchesne a relevé comme étant positif.

Des règles claires?

Selon le commissaire, c'est aux arbitres, plutôt qu'au préfet de discipline de la ligue, que reviendra la responsabilité de déterminer si un joueur est instigateur ou agresseur. Devant les inquiétudes à l'effet que la réglementation laisse encore beaucoup de place à l'interprétation et au jugement des officiels, M. Courteau a répondu que "toutes les règles seront très claires pour les arbitres et les équipes".

"Pendant les matchs, il y aura des arbitres et des juges de ligne pour imposer les pénalités qui s'imposent, a-t-il ajouté. Après, ce sera notre travail de décerner les sanctions prévues pour ces infractions."

A ce sujet, le commissaire a indiqué qu'une série de conférences téléphoniques avec les arbitres et une campagne d'information auprès des entraîneurs et des joueurs permettront à tout le monde de bien comprendre de quoi il en retourne.

"Nous n'allons rien accepter qui dépasse le cadre normal d'un match de hockey, a dit M. Courteau. Nous voulons changer la culture du hockey. Des situations de débordement, nous n'en voulons plus."

Essentiellement, les seules recommandations du rapport initial qui n'ont pas été retenues sont celles concernant l'affectation de deux arbitres à tous les matchs de la LHJMQ et l'imposition de pénalités majeures de 10 minutes à deux joueurs impliqués dans une bagarre de routine, sans débordement.

"Je pense que ça dépasse largement l'aspect des bagarres, a mentionné le président des Remparts de Québec, Claude Rousseau. Quand on regarde l'ensemble du hockey junior majeur, il a évolué énormément dans les dernières années. Le but de l'ensemble des dirigeants de la Ligue est de continuer dans la même veine. On ne veut pas garder le statu quo, il faut améliorer le produit, c'est vers là qu'on se dirige."

"C'est un sport qui devrait être axé sur le physique des mises en échec et de l'échec avant plutôt que de lâcher les gants et d'aller aux poings, a déclaré l'entraîneur des Saguenéens de Chicoutimi, Richard Martel. C'est ce qu'on tente de diminuer au fil des ans, la culture va suivre, elle va changer."

M. Courteau a déclaré que la ligue avait décidé d'aller au-delà du cadre des simples bagarres pour mettre plutôt l'emphase sur tous les gestes de violence gratuite, tels que les coups de bâton et les coups derrière la tête.

"Si un joueur se bat sous le coup de l'émotion et que ça dure 10 secondes puis il se rend au banc... Cet aspect-là des bagarres n'est pas un problème majeur, a dit M. Courteau. Les débordements qui en découlent, c'est ça le problème.

"Notre but, c'était de mettre en place des règles qui seront plus sévères à l'endroit de ce qui peut arriver après un combat."

L'an dernier, la LHJMQ a délégué deux arbitres dans la moitié de ses matchs et le comité consultatif avait recommandé que cette proportion atteigne les 100 pour cent. Chose qu'on vise toujours, mais la ligue veut se donner deux ou trois années pour y arriver.

"Ce n'est pas une question financière, a indiqué M. Courteau à ce sujet. Notre principale préoccupation, c'est d'arriver à avoir un nombre suffisant d'arbitres qui ont la formation et la compétence pour travailler au niveau junior majeur."