RIMOUSKI - On a souvent avancé la théorie, ces derniers mois surtout, que le Canadien de Montréal n'est pas l'endroit idéal pour jouer au hockey quand on est un Québécois francophone.

Le Tricolore compte deux espoirs d'ici qui évoluent présentement à la coupe Memorial : Olivier Fortier, le capitaine de l'Océanic de Rimouski, et Dany Massé, le compagnon de trio de Yannick Riendeau chez les Voltigeurs de Drummondville.

Fortier, d'Ancienne-Lorette, a été repêché en troisième ronde, 65e au total, en 2007. Massé, de La Pocatière, a signé un contrat de trois ans avec le CH le 15 avril dernier. Les deux en sont à leur dernière année junior. Ils tenteront de se dénicher un poste au sein de l'organisation montréalaise, l'automne prochain, à tout le moins avec les Bulldogs de Hamilton.

Ni un, ni l'autre ne voit d'objection à frayer dans le grand bocal déformant du Canadien. A leurs yeux, la pression n'est pas un problème.

"Je me nourris un peu de ça, la pression, a lancé Massé, cette semaine, à Rimouski. On en a eu beaucoup ici, à la coupe Memorial. Ce n'est pas un élément qui me dérange."

Fortier, lui, considère la pression comme une source de motivation.

"D'après moi, ça prend toujours des Québécois dans l'équipe, a affirmé Fortier, qui a reçu le trophée Guy-Carbonneau, remis au meilleur attaquant défensif dans la LHJMQ, en 2008. Je regarde des gars comme Maxim Lapierre - lui, il n'a pas l'air d'avoir des difficultés avec les médias du tout. Des gars comme Steve Bégin non plus, Guillaume Latendresse...

"Si les partisans voient que tu donnes tout à toutes les parties, je ne pense pas qu'ils peuvent te reprocher grand-chose."

Les plombiers pardonnés

Selon l'entraîneur des Voltigeurs Guy Boucher - qui pourrait bientôt, justement, se retrouver à la tête des espoirs du Canadien avec les Bulldogs -, Massé a les outils qu'il faut pour carburer à la pression.

Selon lui, des joueurs comme Fortier et Massé, s'ils devaient jouer à Montréal un jour, trouveraient grâce aux yeux des médias et des amateurs.

"Je pense que c'est beaucoup plus dur pour les Québécois de talent de performer dans le contexte montréalais, a déclaré Boucher, en mettant l'accent sur le mot "talent". Parce qu'ils ont la pression de produire. Quand on regarde ces dernières années, ceux qui ont eu l'appui des gens, ce sont les Bégin, des joueurs comme ça. Ces gars-là, on leur pardonne beaucoup de choses. Les gars de talent, dès la minute qu'ils ne font pas de point...

"Je trouve qu'on est dur avec nos Québécois, a ajouté Boucher. Quand on les voit ailleurs (dans la LNH), souvent on ne voit que les faits saillants. On voit tel Québécois à telle place, et on a tellement hâte qu'il vienne jouer à Montréal, il est bon, il est beau et il est fin... Mais ce sont les faits saillants. Si tu regardes tous ses matchs, il fait les mêmes erreurs que le francophone ou l'anglophone qui joue à Montréal.

"Alors il faut faire attention. Je pense que nos Québécois sont bons à Montréal. Pas qu'il faut alléger nos commentaires, mais il faut aussi avoir le droit de pardonner à nos Québécois. Ils ont le droit d'être comme tout le monde dans la ligue.

"Il faut avoir espoir, confiance en nos Québécois. Dans n'importe quelle sphère de la société, si on ne te dit pas que tu es extraordinaire, si tu ne te sens pas extraordinaire, tu ne fais rien d'extraordinaire."

"Peut-être que la star qui a joué ailleurs dans la Ligue nationale a plus de pression à Montréal, a concédé Fortier. Mais pour moi, pour commencer ma carrière, je ne pense pas qu'il y a plus de pression à Montréal qu'ailleurs."

Fierté de famille

Quoiqu'il en soit, tant Fortier que Massé se sentent fiers d'appartenir à la grande famille du Canadien.

"Je suis le seul de la LHJMQ repêché par le Canadien en ce moment, alors c'est sûr que c'est une fierté pour moi", a souligné Fortier.

"C'est vraiment une sensation exceptionnelle. J'ai grandi avec le Canadien, alors appartenir à cette équipe-là, c'est vraiment un petit velours", a dit Massé, qui se rappelle avoir eu des frissons lors d'un match éliminatoire auquel il a assisté à Montréal, contre les Bruins. Il avait alors 12 ans.

"C'était l'année où Saku Koivu était revenu de son cancer, il n'avait pas encore tous ses cheveux, il avait joué un rôle important dans la série. J'ai assisté au sixième match, que le Canadien a gagné pour remporter la série, a raconté Massé. L'ambiance était assez incroyable, c'était complètement débile."

Et si vous croisez Fortier, ne lui demandez pas de vous faire des confidences sur les raisons profondes des déboires du Canadien cette saison. Il n'est pas dans le secret des dieux.

"Il y a des gens qui pensent ça, mais je ne sais pas ce qui se passe en haut là-bas, et ils ne me mettent pas au courant non plus!, a-t-il lancé. Mais c'est certain qu'à partir de l'an prochain, je vais être dans l'organisation, dans les mineures, alors je vais savoir un peu plus ce qui se passe."