Plus d'une quarantaine d'agents offrent leurs services à au moins un joueur de la Ligue de hockey junior majeur du Québec. Devant un tel éventail, comment le joueur, et surtout ses parents, font-ils pour s'y retrouver?

"Je suis un agent. Je suis là pour négocier les contrats, mais en d'autres circonstances, je suis aussi un vendeur", nuance l'un d'eux, Paul Corbeil.

Il y a une vingtaine d'années, il n'y avait pas autant de ces vendeurs, pour reprendre l'expression de M. Corbeil, qui rôdaient dans les amphithéâtres pour offrir leurs services à des joueurs d'âge midget ou junior. Robert Sauvé, Bob Perno et Gilles Lupien ont bénéficié d'un certain monopole au Québec pendant quelques années, mais aujourd'hui, ce n'est plus le cas et nombreux sont les agents qui frappent à la porte, surtout depuis la flambée des salaires chez les hockeyeurs professionnels.

"Il y a des gens qui pensent qu'en devenant agent de joueurs de hockey, ils vont devenir millionnaires", constate Perno.

L'an dernier, Magali Ménard faisait partie des parents qui devaient choisir entre plusieurs agents pour son fils Victor Provencher, un espoir de première ronde de la LHJMQ. Évoluant au Collège Charles-Lemoyne en 2009-2010, Provencher a finalement été sélectionné par le Rocket de l'Île-du-Prince-Édouard et il a aussi profité de la dernière saison pour choisir son agent.

"Ça prend des gens qui savent comment ça fonctionne. Qui sont capable de le conseiller et de voir un peu plus loin", énumère Mme Ménard.

Quels sont les facteurs qui devraient faire en sorte de choisir un agent plutôt qu'un autre?

"Moi, je travaille avec André Dupont, anciennement des Flyers de Philadelphie, qui est aussi un bon ami à moi. C'est certain que nous, on travaille en fonction de faire équipe avec le jeune", dit Paul Corbeil.

"Je ne parle jamais à un jeune sans la permission des parents, promet Pat Brisson. Ce sont à eux de poser les bonnes questions. Ils doivent se question sur le background, l'expérience de l'agent, parce que finalement il y a de grosses décisions à prendre."

"Des fois, les jeunes viennent nous voir pour nous demander avec quel agent ils devraient faire affaire. Personnellement, je trouve que je suis mal placé pour donner ce genre de conseil, opine le directeur général de l'Océanic de Rimouski, Yannick Dumais. Dans le fond, il faut y aller avec celui avec qui tu es le plus à l'aise comme joueur. Et le plus important, c'est que l'agent ne devienne pas un autre entraîneur."

"L'agent doit demeurer un conseiller pour la famille. Il doit rester un peu à l'écart", approuve Paul Corbeil.

Une pression sur les joueurs

"C'est quasiment comme des entrevues, compare le défenseur du Titan d'Acadie-Bathurst David Gilbert. Les agents viennent te voir et te disent ce qu'ils peuvent faire pour toi. C'est comme ça que j'ai choisi le mien lors de mon année de repêchage."

Au fil des dernières années, certains agents, sans les nommer, ont poussé l'audace jusqu'à offrir des bénéfices marginaux à certaines familles pour s'approprier un joueur au dépens de la compétition.

"Je sais qu'il y a des agents qui fournissent des autos, témoigne le directeur général et entraîneur des Huskies de Rouyn-Noranda, André Tourigny. Évidemment, ce n'est pas dans notre philosophie."

"C'est une pression, pour le joueur et les parents, de sélectionner un agent, concède le commissaire de la LHJMQ, Gilles Courteau. Je n'aimerais pas être dans leurs souliers quand vient le temps de prendre une décision."

En prenant pour acquis qu'un joueur junior ait véritablement besoin d'un agent, le premier critère de sélection devrait être la crédibilité du représentant. Si un agent oeuvre dans le métier depuis plusieurs années et qu'il compte sur une réputation sans tache, il est sans doute un bon candidat.

*D'après un reportage de Stéphane Leroux.