La simple idée d'écrire cette courte réflexion sur les Jeux olympiques de Londres me remplit de souvenirs inoubliables, d'émotions intenses et me ramène aussitôt vers l'un de mes plus beaux moments en carrière. Les Jeux de Londres furent un pur plaisir pour tous, journalistes, commentateurs et spectateurs. Et ils furent un succès retentissant sur tous les plans!

Du point de vue sportif, ils auront légué un héritage extrêmement riche. Du point de vue de l'organisation, ils auront été exemplaires, un modèle qui devrait servir de référence pour les Jeux du futur. Du point de vue de l'accueil et de l'hospitalité, les Londoniens nous ont comblés de respect, de générosité, de politesse et de chaleur. Très souvent, à la fin d'une longue assignation à l'étranger, nous avons hâte de revenir à la maison auprès de nos familles, c'est tout naturel. Mais l'été dernier, en quittant Londres, il y eut aussi un pincement au cœur. Personnellement, j'en aurais voulu encore un peu plus!

Le plus beau témoignage qui endosse mes conclusions personnelles vient de nul autre que Richard Garneau. « Le Grand », comme on aime le surnommer amicalement, a dit des JO de Londres qu'ils furent ses plus beaux en carrière. Doit-on en rajouter?

Lord Sebastian Coe a d'abord réussi un exploit gigantesque en permettant à Londres de coiffer Paris lors de la sélection finale du CIO. Mais il fallait ensuite prouver au monde entier que l'on pouvait passer de la parole aux actes, ce dont doutaient plusieurs sceptiques. Même à quelques jours de l'ouverture des Jeux, les critiques se faisaient nombreuses, autant à Londres même, que sur la scène internationale. Lord Coe a répondu calmement à toutes ces critiques, avec humilité mais fermeté, en promettant que dès la cérémonie d'ouverture, tout allait tomber en place. Lorsque le formidable numéro d'ouverture fut lancé, on a rapidement saisi que nous allions vivre une aventure exceptionnelle pendant plus de deux semaines.

Bolt, un choix incontournable

Je sais très bien que la sélection d'un « athlète de l'année » est un processus difficile, pour ne pas dire controversé. Mais personnellement, après avoir eu l'honneur de décrire ses exploits en direct, je considère qu'il n'y a qu'un choix possible : Usain Bolt! Le grand stade de Londres nous aura donné quantité d'occasions d'éclatement et d'émerveillement, lors des compétitions d'athlétisme, mais ultimement, les trois médailles d'or de Bolt et la façon avec laquelle il a dominé ses rivaux, n'a pas vraiment d'égal.

Après tout le doute qui a entouré sa progression vers les Jeux de 2012, il y avait matière à interrogation avant ses premiers pas de course. Son faux-départ à la finale du 100 mètres des Mondiaux de 2011 eut l'effet d'une bombe sur sa crédibilité de maître du sprint. Son dauphin, Yohan Blake, a lui-même nourri la situation avec ses prestations exceptionnelles qui ont suivi sa victoire de Daegu. Mais Bolt savait très bien qu'il pouvait revenir encore plus fort et s'élever au rang de « plus grand sprinter de tous les temps ». Ce qu'il fit avec éloquence devant un public exceptionnel au grand stade olympique.

Après 37 ans de métier, je ne savais pas que je pourrais vivre une expérience professionnelle aussi enivrante. J'ai eu le privilège d'en vivre plusieurs, auparavant, comme l'annonce du but gagnant de Sidney Crosby, à Vancouver, ou le reportage de la conquête de Jacques Villeneuve, en 1997, à Jerez.

Mais aux côtés de Richard et de Bruny Surin, à quelques mètres de la piste d'athlétisme, la brève description des trois courses historiques d'Usain Bolt, fut pour moi MON moment historique.

Là-dessus, je vous souhaite une bonne année 2013 et je vous remercie du fond du cœur d'avoir pris le temps de partager mes quelques réflexions au cours de 2012.