La ICW fut historiquement la première promotion indépendante à Montréal lorsque Lutte Internationale a fait faillite et après la fermeture des Loisirs St-Jean-Baptiste. En décembre 2010, elle célébrait ses 20 ans, un très bel exploit dans la conjoncture actuelle de la lutte québécoise. Plusieurs lutteurs encore actifs au Québec ont soit lutté pour la ICW ou y font fait tout simplement leurs premiers balbutiements. Malheureusement, la ICW n'est plus ce qu'elle était. Si elle a déjà été au sommet de son art, elle y est plus loin que jamais et c'est avec un pincement au cœur que je l'ai réalisé samedi dernier.

ICW - 16 aril 2011 - Montréal, Qc
La ICW a été pour moi une expérience très enrichissante alors que j'y performais entre les mois de septembre 2002 et février 2004. Si mes premiers pas dans le monde de la lutte professionnelle ont été faits à la FLQ (dirigée par Paul Leduc), j'ai acquis beaucoup d'expérience et de connaissances à la ICW. J'ai eu la chance de travailler avec des gens qui avaient un savoir incroyable sur ce sport-spectacle tels que Patrick Lono, Steve Charette et Nicolas Brouillette. J'ai eu mes premiers vrais meetings de booking à la ICW. J'ai également beaucoup appris en jasant avec et en écoutant les « anciens » comme on les appelait, Ludger Proulx en tête. J'écoutais les histoires de lutteurs qui sans avoir eu une carrière internationale comme Dino Bravo ou Rick Martel, étaient dans la « business » depuis la fin des années 70 et le début des années 80 et qui avaient eu l'opportunité de travailler avec les vedettes du temps. Finalement, la ICW m'a donné une chance en or, celle de performer à chaque semaine et d'apprendre de mes erreurs. J'étais un annonceur/commissaire/gérant ce qui veut dire que j'étais sur scène pendant 2 heures de temps à toutes les semaines, une occasion que peu de promotions auraient pu me donner.

La ICW était la meilleure promotion de lutte au Québec en 2001 (et probablement pour plusieurs années avant ça, aucun classement n'était produit alors) et était considéré parmi les 3 meilleures en 2002 et 2003. Mais de septembre 2003 à février 2004, dû à plusieurs facteurs qui diffèrent selon les personnes, plusieurs talents sont partis. Mathy 69 (que vous connaissez sous le nom d'Exess), Steve Charette, Patrick Lono, Precious Lucy (LuFisto), Mr. Internet Hugo Roy, les Twin Terrors, le Prof. Adib-Mansour (alors considéré comme le meilleur gérant au Québec), le Sultan Sidi-Mansour, Moonlight, TNT Action, Justin Diamond et moi-même avons tous quitté. En plus de perdre deux de ses meilleures têtes de lutte en Charette et Lono, la ICW perdait presque du même coup tout le talent qu'elle avait développé au cours des 3-4 années qui avaient précédé. Un an plus tard, elle perdait les 4 gars qui avaient gardé le fort après février 2004, soit Nico le Prince, Le Connaisseur, Main-Event Mart et Stéphane Bruyère. Ça serait assez pour décourager quiconque de fermer boutique, mais pas Ludger Proulx, pas un homme qui a cette passion dans le sang, lui qui est un lutteur de deuxième génération et dont toute sa famille est impliquée dans le domaine depuis belle lurette.

Ceci dit, je n'ai pas toujours été d'accord avec les décisions prises par Ludger, même après être parti de sa promotion, alors que j'étais encore en contact avec plusieurs personnes là-bas, moi-même y retournant de temps à autre. Mais malgré certaines décisions prises qui m'ont révolté plus souvent qu'autrement, il faut reconnaître la passion et le dévouement que Ludger a mis dans ce sport-spectacle et ce depuis 30 ans. En effet, le 30 avril prochain, Ludger luttera dans un combat face à une verte recrue, James, et célébrera du même coup les 30 ans de son tout premier combat à vie, le 1er mai 1981, dans une bataille royale, aux réputés Loisirs St-Jean-Baptiste. Depuis les 5-6 dernières années, rien n'a été facile pour la ICW. En plus de perdre plusieurs talents, en plus d'avoir un alignement réduit, ils ont du recommencer à zéro à plusieurs reprises alors qu'ils ont changé de salle souvent. Autant la ICW était presqu'une institution au coin de St-Germain et d'Ontario entre les années 1990 et 2001, autant la salle qui a suivit leur ont permis de vivre leurs derniers grands moments, la suite fut plus compliquée.

Ils sont passées de Parthenais (la rue), à Baldwin, à St-Clément et maintenant sur la rue Joliette, dans une salle très écho et beaucoup trop grande pour leur besoin. Mais derrière son rôle de « dictateur » et de grand manitou de la ICW, se cache un homme qui voit clair, qui sait très bien que son produit n'est plus le même qu'il y a 10 ans et lorsque je lui ai parlé une bonne vingtaine de minutes samedi (pour la première fois depuis des années), j'ai vu dans ses yeux cette nostalgie qui croisait une passion, certes difficile à expliquer, mais qui l'anime encore, malgré les blessures, malgré les conditions médicales auxquelles il s'expose et malgré toutes les embûches qu'il a du surmonter, plusieurs fois des embûches dont il était le seul responsable. De la passion et du dévouement, c'est ce qu'il faut avoir, principalement avec des galas comme celui auquel j'ai assisté samedi dernier.

Les Diaboliks, très présents, peut-être trop?
Après la SWAT dans les années 90 et début 2000 et le Fight Club en 2003, je retrouvais le même type de clan avec les Diaboliks. Un groupe de heels qui font la loi et qui sont surtout très présents. Sur 7 combats, la présence du clan fut sentie à 6 reprises. Personnellement, je trouve ça beaucoup, car je ne crois pas nécessaire de surexposer un clan comme ça. J'aime mieux opter pour la qualité des présences que pour la quantité. La moitié moins de présences mais avec plus d'impact serait encore mieux. Ceci dit, je n'ai pas assisté à assez de galas dernièrement pour juger valablement de la présence du groupe. En lisant les résultats, ils semblent intervenir souvent et du seul fait que la moitié de l'alignement fait partie du clan, veut veut pas, les chances de ne pas voir les Diaboliks sont minces. Qu'ils luttent c'est correct, mais il pourrait y avoir moins d'intervention. Par contre, un élément important à apporter est que le gala était le dernier avant le gros show annuel de la ICW Lutte-o-Mania. En langage de lutte, il s'agit donc du « go-home » show, où tu veux finaliser tes rivalités en marge de l'important gala. Il est normal aussi de voir ce genre de gala finir heel, justement pour donner une crédibilité aux heels, faire penser aux fans que les babyfaces n'auront aucune chance et ainsi, les forcer à les prendre en pitié, les encourager encore plus fort et générer des réactions lors du prochain show. Surtout pour permettre aux fans d'acheter des billets pour le prochain gala dans l'espoir de voir finalement leurs favoris avoir le dessus. Alors à mon goût à moi, on voit le clan beaucoup trop souvent, mais étant donné que c'est un « go-home » show, je suis prêt à minimiser cet aspect.

2 Tylenols SVP!
Si je suis prêt à comprendre la sur présence des Diaboliks, quelqu'un va devoir m'expliquer la situation suivante. Lors du 2e match (à noter qu'il s'agit du seul match sans la présence du clan), Yan 450, qui est maintenant doté d'une bonne shape, quoique douteuse alors qu'il est très massif mais tout autant de l'abdomen, faisait face à Loco Sanchez, un produit de la ICW. Alors que Yan est définitivement le heel, Sanchez arrive comme le babyface, même s'il n'a aucune, mais là aucune réaction et le pire, c'est qu'il ne fait rien pour en créer une. À cause de la faible foule (un peu moins de 100 personnes, avec 50% âgées de moins de 18 ans), la ICW n'ouvre que deux côtés de ring pour la foule, laissant le côté gauche quand tu entres dans la salle vide. Je n'ai pas de problèmes avec ça, car ça permet de concentrer les gens au même endroit au lieu de les avoir disperser un peu partout. D'ailleurs, Ringside MMA avait fait la même chose la semaine dernière, alors que les détenteurs de billets dans le 200 étaient relocalisés dans la section 100. Donc, à un moment donné dans le match, Yan prend une paire de ciseaux et égratigne le front de son adversaire, mais il le fait du seul côté où il n'y a pas de foule! La réaction aurait été 20 fois celle qu'il a eue s'il l'avait fait de l'un des deux autres côtés. Plus tard, Yan applique un marteau pilon mais manque littéralement son coup. J'imagine que cela devait être le finish, parce que l'arbitre Luc (Forky) compte jusqu'à 2 et arrête de compter et ce même si Sanchez n'avait aucunement levé l'une ou l'autre de ses épaules. Évidemment, personne ne comprend ce qui se passe et pendant que Luc essaye de justifier la raison pour laquelle il a arrêté de compter (et j'aurais aimé qu'il me justifie ça à moi), l'autre arbitre, Sweet Lisa, fait son entrée dans le ring. On s'engueule à 4 et soudainement, un double « headbutt » est appliqué sur les deux lutteurs et se sont les arbitres, oui, oui, vous avez bien lu, les arbitres qui couvrent chacun un lutteur, comptent chacun jusqu'à 3 et se lèvent les bras dans les airs. Si la paire de ciseaux de Yan valait une Aspirin pour enfant, si le compte de deux de Luc valait une Tylenol pour adulte, cette finition valait à elle seule 2 ou 3 Tylenols extra forte! Je n'ai jamais rien vu de tel et j'ai de la difficulté à l'expliquer. J'ai l'impression qu'on a paniqué en arrière-scène lorsque Luc a arrêté de compter, on a envoyé Lisa et le reste a soit été improvisé soit que Lisa est arrivé avec le mot d'ordre qui venait d'en arrière, mais j'ose espérer que le booking du match n'était pas ça du tout début. Alors qu'un de deux arbitres reste pour le prochain match, Sanchez attaque Yan en retournant derrière les rideaux. Pas d'autres explications nous sont données mis à part que les vainqueurs sont bel et bien les arbitres.

2 Tylenols SVP, suite et fin!
Lors de la finale, après le combat entre Johnny C et Warrior, c'est évidemment le branle bas de combat alors que le vestiaire au complet de vide. Tous les Diaboliks y sont, tous les babyfaces y sont aussi. J'aperçois alors Yan et Loco Sanchez arriver vers le ring ensemble et se ranger du côté des heels. Instinctivement je me dis que les deux seuls heels qui ne font pas partie du clan pourraient au moins tenir leurs distances, questions que tous les heels ne fassent pas partie des Diaboliks et c'est à ce moment précis que j'allume! Loco Sanchez n'est pas un heel, il était babyface contre Yan et la dernière fois que je l'ai vu, il l'attaquait en retournant aux vestiaires! Je n'ai rien manqué du gala et je suis allé à la toilette une minute un peu avant l'intermission. Alors à moins que quelque chose se soit passée pendant cette minute là, je ne comprends pas du tout pourquoi tout d'un coup, Sanchez n'était plus babyface. À moins qu'il était heel du début, que le match était heel vs heel et que ça expliquerait pourquoi il n'allait pas chercher la réaction de la foule? Mais alors pourquoi ne serait-il pas encore fâché d'avoir eu une paire de ciseaux dans le front, d'avoir subit un marteau pilon et pourquoi aurait-il attaqué Yan après le match? Peut-être en fait que les babyfaces étaient les arbitres? Arghhhh, j'ai vraiment mal à la tête, je passe aux Advils!

Justin Diamond et Johnny C, les deux vedettes de la promotion
Ça faisait une éternité que je n'avais pas vu Justin Diamond en action. Même si je suis quelque peu déçu de voir qu'il a la même petite constitution qu'il avait il y a 10 ans (et oui, Justin Diamond a 10 années d'expérience déjà, ça me fait vieillir!), ainsi qu'un costume de lutte très similaire s'il n'est pas identique, j'étais content de voir qu'il n'avait rien perdu de ses habiletés. Lui qui a commencé à lutter plus régulièrement sur la rue Parthenais avec le plafond trop bas pour même faire un moonsault de la 3e corde, il a maintenant toute la place nécessaire pour performer, lui qui fut déjà considéré comme l'un des bons highflyers au Québec. Avec ce que j'ai vu de lui samedi, je suis certain que s'il avait la chance de lutter contre des gars du même style, qui sont meilleurs que lui, il apprendrait et performerait encore plus. Il est un élève d'Exess et ça parait. Il vend presqu'aussi bien que son professeur et a une réaction monstre surtout avec la jeune clientèle. D'ailleurs, le fait que la salle soit si écho donne l'impression que le toit va lever à chaque fois que la foule réagit fortement. Comme mentionné plus haut, il avait quitté la ICW en 2004 et avait lutté dans plusieurs autres promotions, mais je crois qu'avec l'expérience qu'il a aujourd'hui, on pourrait voir de bonnes choses de lui face à des gars comme Stupefied, Player Uno, El Generico et Mike Bailey par exemple.

Johnny C est l'opposé en style de Diamond mais tout aussi performant, sinon plus. Ça faisait des années que je n'avais pas vu un gala régulier de la ICW et à mon avis, il est celui qui a le plus ressorti du lot. Il a l'intensité, il est gros, il est crédible, joue très bien son rôle de heel et a un bon potentiel. Le finish de son combat avec James (un lutteur qui n'a que 5 semaines d'expérience et qui sort de l'école de la ICW) était minuté au quart de tour et l'exécution de celui-ci (qui impliquait qu'un des Diaboliks lance de la poudre à James qui esquivait le lancer) était très bien fait. Réussir à bien faire paraître un lutteur si peu expérimenté est une très bonne qualité et démontre un certain talent. Il me fait un peu penser à Nico le Prince. J'aurais aimé le voir comme un adversaire de calibre, mais je pense que tout comme Diamond, il aurait avantage à lutter contre meilleur que lui.

Carl Leduc vs Paul Proulx, trop peu trop tard
Évidemment, quand j'ai vu le nom de Carl Leduc sur la carte comme arbitre spécial, j'ai tout de suite sursauté. Encore plus quand j'ai vu qu'il serait impliqué dans un combat avec Paul Proulx. Pour ceux qui ne sont pas au courant, la rivalité entre la FLQ (de Paul Leduc) et la ICW (des frères Proulx) est la première réalité que j'ai eu à faire face alors que je commençais à suivre la scène en septembre 2001 et c'est une rivalité qui a duré longtemps. Lorsque je suis passé de la FLQ à la ICW, cela m'a attiré les foudres de plusieurs personnes d'ailleurs. Sans rentrer dans les détails, une altercation a eu lieu à l'extérieur de la salle impliquant Paul Proulx et Carl Leduc en septembre 2001. Selon la version que vous croyez, la bataille n'avait comme combattants que Proulx et Leduc ou bien elle impliquait plusieurs personnes du côté de Proulx, alors que Leduc était seul de son côté, mais peu importe, les deux personnes importantes dans le débat sont Paul et Carl. À plusieurs reprises, la ICW a tenté de faire un match entre Carl et un Proulx (pas Paul nécessairement, mais Serge et/ou Ludger) et encore en 2003, ce match aurait vraiment attiré car la rivalité était connue et c'était un genre de grudge match ou de dream match, appelez-le comme vous voulez, qui faisait salivez les fans sur les babillards de lutte. Mais pour différentes raisons, le match n'a jamais eu lieu.

Nous sommes maintenant en 2011, 8 ans trop tard et on ramène cette désormais vieille histoire, connue par plus de gens qui ne font plus partie de la scène et par plus de fans qui ne suivent plus la lutte québécoise et même si l'idée aurait pu quand même être intéressante, on n'explique pas pourquoi l'intensité serait à son climax entre Carl Leduc et Paul Proulx. Pas de communiqué. Pas de promos. Rien. Comment voulez-vous qu'une nouvelle génération de fans comprenne ce qui se passe si on ne leur explique pas. Je crois qu'on a tort de penser que les fans connaissent toute l'historique de la promotion, parce qu'elle a 20 ans derrière la cravate. C'est justement en fait la raison pourquoi la foule ne comprend pas. Si Steve Charette (voir plus loin) n'a aucune réaction alors qu'il a quand même fait quelques présences éparpillé dans les 5-6 dernières années, imaginez une histoire qui ne s'est pas déroulée dans le ring, que probablement même des fans du temps de savaient pas et qui est vielle de presque 10 ans. Que Carl Leduc n'ait pas été présent samedi dernier devient secondaire, car de toute façon, je n'ai reconnu aucun spectateur qui suivait la lutte québécoise il y a 10 ans et qui serait venu expressément pour ça.

Commentaires en rafales
-Sweet Lisa, qui est la même que celle que certains ont connu en 2002, n'est pas mauvaise comme arbitre, mais a semblé perdu à quelques occasions. Peu de filles ont arbitré au Québec de façon régulière et personne jusqu'à maintenant n'arrive à la cheville de Anick de la JCW. Elle pourrait facilement être incluse dans un débat sur le meilleur arbitre au Québec, tout sexe confondu.

-J'ai bien aimé Frank Drouin. Il a entre autres fait une belle variation d'un brise-dos que je n'avais encore jamais vue. Il trouvait aussi des façons variées de travailler la jambe de son adversaire, Blackout Brad Alexis (j'y reviendrai) et c'était tout à fait logique et dans l'ensemble bien exécuté. Il pourrait certes être plus heel, mais il a un visage très jeune ce qui ne l'aide sûrement pas.

-Blackout Brad Alexis, ou si vous aimez mieux Velvet Jones, est le lutteur qui s'est démarqué avec son look, qui diffère de tous les autres. Une robe de chambre jaune, des bottes jaunes et un maillot jaune, une couleur vive qui donne un réel contraste au noir par-dessus noir que la plupart des autres lutteurs utilisent. Ça passe pour les Diaboliks. Pour une raison que j'ignore vraiment, le noir a toujours été associé aux heels (nWo, Demolition, André) alors de voir le clan porter un t-shirt noir avec pour la plupart des jeans cargo noires, ça ne m'a pas surpris et ça leur donne un look commun. Mais là où j'ai un problème, c'est quand un babyface comme Rebel porte une camisole noire avec un pantalon d'armée noir, blanc et gris. C'est quand je vois le partenaire de Rebel, Taz, avec une camisole noire et une paire de pantalon cargo noire. Ou bien Alex Dynamite, qui a déjà eu des looks plus colorés et de très beaux à part de ça, avec devinez quoi? Une camisole noire et un pantalon noir. Tout comme Rebel, Taz et Alex sont babyfaces. Dans ce cas ci, non seulement je leur reproche d'avoir des looks trop identiques, mais encore plus quand la moitié de l'alignement est un clan qui utilise justement ce genre de look. Je me répète, mais est-ce que le bleu, le rouge ou le vert sont devenus des denrées rares et personne ne m'avait avisé? Un peu d'imagination messieurs…

-Pour revenir à Brad, j'ai adoré la façon avec laquelle il vendait sa jambe. Mais pour une raison que je m'explique mal, la fin du match a vu Brad revenir en force sur son adversaire avec une seule grosse manœuvre, remporter le combat et arrêter de vendre sa jambe. Premièrement, je ne comprends pas que Drouin, qui avait dominé tout le combat, puisse se faire battre avec un seul move, move qui n'était pas « buildé », qui n'avait pas amené ou secondé par un autre ou par un « comeback » décent. Ensuite, pourquoi Brad arrête-t-il de vendre une fois le combat terminé? La psychologie avait pourtant si bien été respectée tout au long du match, c'est désolant de voir que la fin n'en avait aucune.

-La salle avec tout l'écho fait en sorte que d'un côté, on entend mal les promos au micro et de l'autre, on entend fort mieux. Malheureusement, dans la lutte indépendante au Québec et partout ailleurs, il faut vivre avec les limitations de sa salle. Les endroits prêts à abriter une promotion de lutte ne sont pas nombreuses et on peut se compter chanceux d'en avoir une. En fait, présentement, et depuis plusieurs années déjà, la lutte québécoise est dans une genre de récession qui ne semble pas vouloir se résorber et avoir une salle adéquate à plusieurs niveaux même si elle n'est pas parfaite est l'équivalent d'avoir un travail lorsque l'économie va mal, même si ce n'est pas un travail facile ou valorisant, au moins tu en as un.

-Des trois matchs annoncés pour Lutte-o-Mania (Justin Diamond vs Shawn Richards, Lucky Ranger vs Blackout Brad et Paul Proulx vs Johnny C), j'ai été déçu du peu de build-up qu'on a fait pour Proulx vs Johnny, match qui sera quand même pour le championnat Ultime de la ICW. Dans une fin beaucoup trop longue et quelque peu incompréhensible, alors que tout le vestiaire était dans le ring ou aux abords, Proulx a eu le dessus sur Johnny, mais puisque les « spotlights » n'étaient pas sur eux et avec tout le brouhaha, la majorité de la foule ne l'a probablement pas vu. D'autant plus qu'au lieu de faire ça dans le ring ou à tout le moins sur l'un des deux côtés où il y avait une foule, ils l'ont fait du côté vide et non pas debout, mais sur le plancher, ce qui fait que le côté opposé ne pouvait absolument rien voir. Curieusement, on a mis plus d'emphase sur le match Richards vs Diamond que ce qui devrait être la finale du show.

-On a annoncé un match entre Ludger Proulx et James comme je l'ai mentionné mais ce match aura un arbitre spécial. En fait, sur les communiqués émis sur l'Internet au cours de la semaine et à au moins deux reprises au cours du gala, on laissait savoir aux gens qu'il y aurait un nouveau membre des Diaboliks de nommer au courant de la soirée. Ce nouveau membre est l'arbitre spécial du combat en question, soit le « Roi du Hardcore » Steve Charette. Malheureusement, ce fut annoncé à la fin de l'intermission et personne n'a réagit car personne dans la foule présente (n'oubliez pas que 50% de la foule n'était pas née ou à peine quand Charette était un régulier) ne connait Steve. Ce genre d'angles fonctionnait dans le temps de St-Germain ou même de Parthenais car c'était les mêmes fans depuis des années, mais là la clientèle a changé, s'est rajeunie et de ramener des gars qui étaient réguliers à la ICW il y a 10 ans et s'attendre à une grosse réaction est utopique. De ce fait, les fans présents qui pensaient voir un nouveau membre du clan le soir même, non seulement ne l'ont pas vu (Charette n'était pas présent) mais ne le connaissent pas. La même problématique est arrivée avec l'arbitre spécial de la finale de samedi, Grant Gray (aussi connu sous le nom de Danny Dallas), alors que s'il n'avait pas eu ses enfants à lui pour crier Danny Dallas (alors que la ICW ne l'a jamais annoncé sous ce nom), n'aurait eu aucune réaction.

-J'étais surpris de voir comment on avait booké le match entre deux babyfaces, deux partenaires, soit Rebel et Taz. Le match est annoncé comme étant une décision de Ludger Proulx. On appointe Ringmaster (membre du clan) comme arbitre spécial. Au tout début, Ringmaster pousse Taz dans le dos de Rebel ce qui fait exploser ce dernier qui pense que son partenaire veut le trahir. Mais il réalise finalement que c'est Ringmaster qui est derrière cette action. S'ensuit une série de compétitions, passant d'un concours de bras de fer à une partie de roche papier ciseaux. La fin vit les deux partenaires attaquer l'arbitre, qui rendu à la finale, de semblait plus avoir mal même après avoir subit le poids de deux gros gars comme Rebel et Taz. Ce type d'angle est habituellement booké de deux façons. Soit on donne un vrai bon match babyface vs babyface soit ça sert à faire tourner heel l'un des deux. Et c'était ça que je croyais quand j'ai vu Rebel perdre patience quand Ringmaster a poussé Taz. Je croyais même que Rebel serait le nouveau membre des Diaboliks, ce qui aurait eu plus d'impact. Mais ce qui est encore plus illogique, est que si le combat avait été demandé par Ludger, dans le but de voir deux favoris de la foule se frapper dessus (ce qui jusque là est très correct), lorsqu'il a vu que les deux belligérants ne voulaient pas se battre et tournaient la chose en comédie, pourquoi n'est-il pas sorti pour les arrêter? Pourquoi n'a-t-il pas fait sortir ses gars pour leur donner une bonne rince, surtout que nous n'étions pas à une présence près des Diaboliks. Ça aurait été beaucoup plus logique et les babyfaces auraient pu avoir leur revanche dans deux semaines.

En conclusion
J'avoue que je suis quelque peu nostalgique quand je relis cette chronique. Je n'ai pas connu les vraies belles années de la ICW, mais je suis arrivé juste à temps pour connaître les dernières bonnes et bien franchement, ça me fait mal au cœur de voir la condition dans laquelle la promotion est rendue. J'ai vu des shows de lutte bien plus mauvais que celui de samedi dernier, j'ai vu des lutteurs bien plus mauvais que ceux de samedi dernier, mais je ne veux pas comparer la ICW à ce qui se fait de pire au Québec, je veux la comparer à ce qui se fait de mieux parce que j'ai connu une ICW qui était parmi les meilleurs au Québec. Neuf lutteurs de la ICW faisaient partie du Top 50 en 2002, dont deux dans le Top 5. Le match de l'année en 2002 s'est déroulé à la ICW entre Mathy 69 et Keven Martel. Voir la ICW dans cet état me trouble car c'est comme si je voyais l'un de mes parents dépérir avec l'âge et que tous les souvenirs qui me viennent en tête alors que je le vois s'enliser sont des souvenirs où il était si fort et en pleine santé. Tout ce que tu souhaites c'est qu'un remède miracle vienne l'aider. Et c'est ce que je souhaite à Ludger Proulx et à la ICW, pour qu'au moins, lorsque le moment sera venu, elle puisse partir avec la dignité qu'elle mérite.

C'est finiiiii
Voilà, c'est déjà tout pour cette semaine. J'espère que vous avez apprécié. Je vous reviendrai donc la semaine prochaine pour un autre Pat Laprade Live et d'ici là, n'oubliez pas qu'en avril, il ne faut pas perdre la lutte d'un fil!

Si vous avez des questions ou commentaires, n'hésitez pas à communiquer avec moi au patric_laprade@videotron.ca ou bien vous pouvez visiter mon site Internet au www.quebeclutte.com