Pas de lutte québécoise pour moi le week-end dernier, alors que j'étais aux États-Unis pour un gala de la promotion féminine WSU et pour le iPPV de la Ring of Honor. Si Femmes Fatales n'a rien à enlever à la WSU, il faudra cependant que ses lutteuses locales se reprennent en main. Du côté de ROH, Kevin Steen y effectuait un retour très attendu après 6 mois tandis qu'El Generico est devenu le champion TV de la promotion. Dans les nouvelles en rafale, on parle des Québécois qui pourraient obtenir un dark match à la WWE, du champion de la NWA qui était en ville et de quelques autres nouvelles concernant la lutte québécoise.

Pat Laprade Live - 25-26 juin 2011 - WSU & ROH
La lutte féminine est quelque chose de très populaire au Québec depuis les 5 dernières années. Lorsque Kim Leduc, avec l'aide principalement de Geneviève Goulet (LuFisto), a débuté la ALF en juillet 2006, plusieurs pensaient que cette promotion féminine ne serait qu'un feu de paille. Si le concept de produire un show à tous les mois a eu des hauts et des bas, la ALF a donné de solides bases à une division qui n'était jusque-là qu'utilisée comme attraction à travers une promotion régulière composée majoritairement d'hommes. Les lutteuses étaient quelque peu éparpillées à travers la province. La ALF a permis de ramener tout le talent féminin au même endroit et de développer ce talent par le fait même. Elle a permis de faire connaître La Parfaite Caroline, Stefany Sinclair, Kacey Diamond et Midianne, qui sans la ALF, seraient fort probablement restées à Jonquière ou au mieux à Québec, mais peut-être même pas sur une base régulière. Elle a permis de sortir également de Sorel les Mary Lee Rose, Anastasia Ivy et Charlotte Lamothe. Elle a permis l'éclosion d'une Anna Minoushka qui n'avait pas beaucoup la chance de lutter avant ça. Mais par-dessus tout, elle a permis à Femmes Fatales d'exister. Femmes Fatales est un tout autre concept que la ALF, mais qui n'aurait pas existé sans. La ALF utilisait des hommes puisqu'elle roulait à chaque mois et ne pouvait amener des filles de l'extérieur à tous les shows. Faire un show mensuel uniquement avec les filles locales, ça deviendrait redonnant et une promotion ne peut espérer attirer 200 personnes mensuellement avec que des filles locales. Ça n'aurait pas été rentable non plus de produire un show mensuel avec la moitié des filles venant de l'extérieur. Mais trois ou quatre fois par année, oui c'est faisable et c'est le concept derrière Femmes Fatales.

Depuis ses débuts, Femmes Fatales s'est bâtie une solide réputation, encore plus à l'extérieur du Québec et surtout, dans le milieu de la lutte féminine, merci à LuFisto et Stéphane Bruyère. Peu de lutteuses indy dans le monde, s'il y en a, n'ont pas entendu parler de Femmes Fatales. Qu'elle soit appelée Femmes Fatales, NCW Femmes Fatales, « the all-women promotion in Canada », la promotion de LuFisto ou bientôt la promotion que Stéphane Bruyère roule, on y fait référence d'une manière ou d'une autre.

Si SHIMMER est considérée comme la meilleure promotion de lutte féminine en Amérique du Nord, le débat est entier sur celle qui la suit. Certains diront Femmes Fatales, d'autres la ACW au Texas et d'autres la WSU au New Jersey.

Cette dernière présentait justement un show samedi dernier à Union City. Le gala était même retransmis via la nouvelle technologie qu'est le iPPV, un PPV qu'on peut acheter et qui est diffusé via l'Internet.

Je fais rarement des commentaires sur une salle de lutte, mais celle-ci était particulière. À mi-chemin entre la salle noire et sombre de la CRW, avec un restaurant placé de la même façon et celle de la JCW où il y a deux estrades placées contre le mûr avec peu de chaises autour du ring, la salle de la WSU, qui contient bien tassée au maximum 150 personnes, a l'air plus cheap et n'a pas les bons côtés des salles de la CRW et JCW. Sans compter qu'il fait chaud sans bon sens, un bain sauna aurait été rafraîchissant samedi dernier. Mais ce n'est pas tant la salle que l'entrée à celle-ci. Dans un quartier qui ressemble à Hochelaga-Maisonneuve avec un soupçon de St-Henri, une grosse porte en métal est ouverte et sur celle-ci on y retrouve une feuille mobile où il est inscrit « WSU Wrestling tonite 7 PM ». « Classy » comme ils disent là-bas!

Plusieurs bonnes lutteuses y luttaient, dont Mercedes Martinez, Allison Danger, Brittney Savage, Cindy Rogers, Amy Lee, Nikki Roxx (Roxxi à TNA), Serena Deeb (Serena à WWE), Jillian Hall (anciennement de la WWE aussi), Rain (Payton Banks à TNA) et Sassy Stephanie.

Le match de la soirée, devant une foule d'environ 90 personnes, fut sans aucun doute celui entre Nikki Roxx et Serena Deeb. Dès le premier lock-up, tu savais que tu avais affaire à des pros. Alors qu'une des deux a passé tout droit sur un move, Roxx, qui fut entre autres entraînée par Killer Kowalski, a fait un roll-up à Serena pour ainsi pouvoir caller la prochaine séquence et ainsi se remettre dans le match. Combien de fois a-t-on vu des lutteuses (ou même lutteurs) complètement geler et ne plus savoir quoi faire? Elles vendaient et rentraient leurs coups, bref, un régal de 20 minutes.

J'ai bien aimé aussi le match entre Cindy Rogers et Allison Danger, alors qu'il s'agissait du dernier match en carrière pour Rogers. Danger me fait beaucoup penser à Kevin Steen alors qu'elle déborde de charisme et parle constamment avec la foule. Dans les autres filles que je voyais pour la première fois, j'ai particulièrement aimé Jessica Havok, Allysin Kay (qui a un surnom bien connu à Montréal, AK 47) et Lexxus. C'est plutôt au niveau du booking que le show m'a déçu. Mis à part non pas un, mais deux concours de danse pour débuter un combat, le show se terminait par une bataille royale à la Royal Rumble, alors qu'une fille rentrait à chaque 90 secondes. Une bataille royale est souvent le match qui peut te servir à commencer de nouvelles rivalités, à préparer un nouveau programme, c'est donc un type de combat beaucoup plus difficile à booker que les gens peuvent penser.

Comment bien booker une bataille royale
Dans ce cas-ci, le match n'a pas livré. Premièrement, les éliminations se faisaient à partir du moment que la lutteuse était sortie de l'arène, que ce soit par-dessus la 3e câble ou en dessous de la première. Alors la question que je me pose est la suivante. Pourquoi une fille essayerait de sortir une autre par-dessus la 3e? C'est beaucoup plus facile autrement non? Dans un match plus tôt dans le gala, un 4 vs 4, il avait été dit que la première personne à être éliminée rentrerait première dans le Rumble, mais ce ne fut pas le cas alors qu'elle est rentrée plus loin dans le combat. C'est en lisant les résumés du gala le lendemain que j'ai su que les commentateurs sur le iPPV avaient spécifié que la personne en question avait simulé une blessure pour éviter de rentrer en premier. Bien que je sois content que les commentaires ne soient pas live comme à Granby, c'est le genre de détails que la foule sur place doit quand même savoir et c'est à l'annonceur de transmettre ce genre d'informations.

Alors qu'il n'y avait qu'une seule babyface dans le ring avec 3 ou 4 heels, une ancienne lutteuse effectue un retour surprise, soit Annie Social. Évidemment elle reçoit un gros pop, mais à son arrivée dans l'arène elle se fait attaquer non pas par l'une des heels, mais par la seule autre babyface! Puis, quelques instants plus tard, alors qu'il y avait 3 babies et 3 heels dans le ring, les 3 heels se battaient ensemble et les 3 babyfaces aussi. Je veux bien comprendre qu'un Rumble, c'est « every woman for herself », mais il y a des situations où les heels doivent affronter les babyfaces. Puis à la toute fin, alors qu'il ne reste qu'une babyface, Roxx, et deux heels, Deeb et Lexxus, cette dernière élimine Roxx. Deeb se prépare pour son spear, mais Lexxus esquive et Deeb passe tout droit, à travers les câbles et s'élimine. Très beau finish, bien exécuté, mais je rappelle que Lexxus est heel et que ce finish est un finish de babyface. Elle a donc reçu un pop. Le problème, c'est qu'elle a droit à une chance au championnat, qui est détenu par la babyface numéro un de la compagnie, Mercedes Martinez. Lexxus et sa partenaire Amber sont les championnes par équipe. Amber vient d'ailleurs rejoindre Lexxus et elles appellent Martinez au ring pour un challenge. On s'échange quelques mots et les heels finissent par quitter le ring sous les menaces de Martinez et on termine le show ainsi. Et ça, c'est supposé vendre le prochain show où Lexxus, qui fait un bon pied de moins en grandeur que Martinez, va affronter la championne dans un match de championnat. L'amateur est-il sensé croire aux chances de Martinez de se faire battre? Parce que c'est ce qui est supposé faire pencher la balance. Tu te déplaces dans un show de lutte ou tu achètes un PPV parce que tu te sens interpelé par quelque chose ou quelqu'un. Quand tu as une championne heel, tu veux voir la babyface gagner. Quand tu as une babyface comme championne, tu espères qu'elle va pouvoir garder son titre. Dans ce cas-ci, personne ne va croire que Martinez a une chance de perdre ce match.

Il y avait deux heels et une babyface, je m'attendais donc à une attaque sournoise des championnes par équipe. Ensuite, je voyais les 2 heels, un pied chacune sur la championne avec les 3 ceintures dans les mains sous les huées de la foule. Là au moins le fan se dit qu'avec l'aide de sa partenaire, Lexxus a peut-être des chances de l'emporter. Au moins, elle aurait paru forte. Elle n'aurait pas eu l'air d'une « chicken heel » qui se sauve de la championne. À la limite, c'est le genre d'angle où tu peux faire gagner la heel afin de créer une surprise et ensuite faire une série de matchs où la présence de la partenaire vient toujours nuire à la babyface jusqu'à ce qu'il y ait un match de cage ou un match où la partenaire est bannie des abords du ring pour redonner le titre à la babyface. Tu t'assures ainsi que les fans vont te suivre car ils veulent que la babyface regagne son titre. En plus, ça élève tes championnes par équipe à un statut de main-event. Mais même si on décide de garder le titre sur Martinez, au moins Lexxus aurait donné l'illusion qu'elle pouvait battre la championne. Les scripteurs hésitent souvent à terminer un shows heel, mais quelques fois c'est nécessaire au futur de la compagnie.

De plus, mis à part ce match, la seule nouvelle histoire qui fut créée est une rivalité pour devenir la première aspirante au titre entre Brittney Savage et Amy Lee. Rien concernant la championne Spirit (le 2e titre en simple d'importance) Sassy Stephanie, ce qui est surprenant.

En résumé, une salle très moyenne, un booking déficient, mais de bonnes lutteuses. Avec le show que j'ai vu, Femmes Fatales n'a rien à enlever à cette promotion. Elle y est peut-être même supérieure. La salle est supérieure, les vidéos le sont également, le booking est bien mieux construit et la qualité des lutteuses est similaire. La différence majeure est que Femmes Fatales fait des profits tandis que la WSU, sans certains commanditaires, seraient dans le trou et de beaucoup.

Ce qui m'amène à parler des lutteuses de Femmes Fatales. Plus particulièrement des filles locales, ceux-là mêmes qui avait grandement contribuées au succès des débuts de la ALF et qui ont continué dans l'aventure en septembre 2009.

Les lutteuses québécoises ont-elles vraiment un désir de s'améliorer?
Les lutteuses au Québec ont une chance en or, mais on dirait qu'elles prennent cette chance pour acquis ou bien qu'elles ne réalisent pas la chance qu'elles ont réellement. Elles peuvent compter sur la meilleure lutteuse ne s'appelant pas Vachon que le Québec ait connu, qui de plus a une excellente expérience et réputation internationale, que ce soit au Japon, au Mexique, en Europe ou aux Etats-Unis. Ce qui les favorise davantage est que LuFisto mange, boit et dort de la lutte depuis 15 ans et a toujours aimé enseigner aux autres son savoir. Sweet Cherrie fut sa première et meilleure élève; Kacey Diamond, Stefany Sinclair, Mary Lee Rose, Angie Skye et Kalamity ont toutes profité des conseils et de certains entraînements avec elle. Elle a aussi aidé plusieurs filles à lutter dans des endroits qu'elles ne seraient jamais allées sans son aide. Anna Minoushka et Kacey Diamond n'auraient jamais lutté à SHIMMER et Kalamity et Mary Lee Rose n'auraient jamais lutté à JAPW. Elles sont donc chanceuses. Mais il arrive dans la vie que lorsque tu prends quelque chose pour acquis ou quand tu le regardes de trop près, tu ne vois pas comme il faut ce qu'il peut vraiment t'apporter et de ce fait, tu prends des mauvaises décisions à son sujet.

Il y a quelques semaines, LuFisto décide enfin de faire quelque chose que plusieurs personnes dans le milieu de la lutte lui avaient conseillé de faire il y a longtemps déjà, soit une clinique de lutte pour filles uniquement. LuFisto emploie donc les réseaux sociaux, les forums de discussions et profite du dernier show de Femmes Fatales pour faire passer le message et parler aux filles directement. Elle demande aux filles intéressées de lui envoyer un courriel car elle veut créer un groupe afin de donner toutes les infos nécessaires. Kalamity, Mary Lee Rose, Angie Skye, Dézirée, Kira, Sweet Cherrie et Missy répondent positivement à cette missive. Si Anna Minoushka a des raisons légitimes de ne pas pouvoir y prendre part en ce moment, Anastasia Ivy, en plus d'avoir eu un match atroce face à Allison Danger, n'a jamais envoyé de courriel à LuFisto confirmant son intérêt, s'étant contenté de lui répondre par l'affirmative au show de Femmes Fatales. Caroline demeure à Jonquière ce qui est plus difficile, tandis que Loue, Milouu, Moonlight et les autres n'ont tout simplement jamais répondu selon les informations que j'ai eues.

Suite à cette première étape, LuFisto envoie un courriel aux filles intéressées pour connaître leurs disponibilités, ce qui est normal car avec le peu de filles, tu ne veux pas choisir une date et te ramasser avec seulement 2 d'entre elles. Elle envoie ce courriel un mardi. Le samedi suivant, elle n'avait reçu qu'une seule réponse et par-dessus le marché, il s'agissait de la moins expérimentée du groupe, Dézirée. Mary Lee Rose, quant à elle, n'aurait pas reçu le courriel. Dans une ère où l'internet est si facilement accessible, à une époque où recevoir ses courriels via Blackberry ou iPhone est aussi facile que d'obtenir une arme au Texas, dans un temps où on se créé des besoins en allant sur le Web pour un tout et un rien et où on passe nos journées sur Facebook, 4 jours avant de répondre à un simple courriel est long, très long. Je serais très surpris d'apprendre qu'elles n'ont pas été voir leurs courriels en 4 jours. Donc, elles ont décidé de ne pas répondre immédiatement, ce qui est carrément un manque de respect envers la personne qui veut simplement aider les filles à mieux performer et c'est aussi selon moi un signe du manque de passion ou du manque d'intérêt que ces filles ont pour la lutte. Quand tu veux vraiment quelque chose, tu fais les démarches et les suivis nécessaires. Si tu attends qu'on te prenne par la main, c'est peut-être parce qu'en bout de ligne, tu ne veux pas y aller. Le samedi matin, LuFisto a donc annulé son projet de clinique de lutte. Elle offre maintenant des cours privés pour celles qui le veulent vraiment, mais évidemment, le prix va augmenter car on ne parle plus de la même chose et elle s'attend à avoir que des filles sérieuses. Pour l'instant, seules Kalamity et Rose ont confirmé vouloir des services de LuFisto pour ainsi se préparer aux défis qui les attendent à Femmes Fatales.

Ça a aussi laissé un certain goût amer dans la bouche de LuFisto. « Je ne cours plus après personne. », laissait-elle savoir. Qui peut la blâmer ? Non seulement apprendre de LuFisto est une chance en or, mais il y a plus. Si Bruyère doit choisir une fille locale pour lutter contre une vedette américaine, il va certes demander l'opinion de LuFisto au sujet de « ses » filles. Bruyère et LuFisto sont très proches de Dave Prazak et d'Allison Danger, les grands manitous de SHIMMER ; ils sont aussi très près de Mercedes Martinez qui présentement est en charge du vestiaire à la WSU ; Danger est aussi propriétaire de Pro Wrestling Sun qui a ses connections avec le Japon via son frère Steve Corino. Ce n'est plus juste une question de ne pas avoir répondu à un courriel, c'est un monde d'opportunité que ces filles là manquent. LuFisto et presque autant Bruyère sont les références en matière de lutte féminine au Québec, voir une partie du Canada.

Dans 5 ans, lorsque LuFisto va avoir pris sa retraite et que Femmes Fatales n'existera plus car il n'y aura pas assez de lutteuses locales ou plutôt de lutteuses locales de qualité, ce n'est pas LuFisto ni Bruyère qui seront à blâmer. Car la promotion ne pourra continuer de booker des filles locales contre des Américaines si elles n'arrivent pas à performer comme il se doit. Des matchs comme Ivy vs Danger, Rose vs Daffney et même Brooks contre Caroline n'aident pas la réputation de certaines lutteuses aux yeux des filles de l'extérieur. Si Kevin Steen avait eu l'air d'un amateur face à Steve Corino en 2004 à la EWR, sa carrière aurait pu prendre un tout autre sens. Kalamity devra peut-être commencer à travailler son cardio et/ou arrêter la cigarette pour ainsi être capable de finir des matchs de 20 minutes sur une bonne note. Mary Lee Rose devra travailler son intensité, la solidité de ses coups et son cardio. La promotion n'a pas fait appel aux services de Brooks lors de son dernier show et les lutteuses locales devront se botter le derrière si elles désirent y demeurer. Présentement, la compagnie considère les Courtney Rush, Portia Perez et Cheerleader Melissa comme des « locales » et avant de se faire complètement envahir, elles devront réagir. Et des « fausses locales » c'est plus cher que des « vraies locales ».

Je n'ai jamais cru que la prochaine fille à connaître du succès devait devenir la 2e LuFisto. Mais il y a des qualités de cette fille là doit quand même avoir et qui ont caractérisé la carrière de cette dernière. Et la plus importante de ces qualités est la capacité à faire des sacrifices pour réussir. La lutte professionnelle doit devenir ta 2e priorité dans la vie après faire de l'argent et cette 2e priorité peut aussi t'aider avec la première.

Faire des sacrifices ça veut dire quoi ? Pour certaines ça veut dire déménager à Montréal. Pour d'autres, ça veut dire passer plus de temps à l'entraînement qu'avec le chum ou les amies. Ça veut aussi dire investir dans ton personnage, dans ta carrière. Pas uniquement de façon pécuniaire, mais aussi en temps. Ça veut dire écouter des matchs de lutte, étudier tes prochaines adversaires. Quand tu sais qu'une lutteuse comme Allison Danger avait pris le temps de regarder des matchs d'Anastasia Ivy avant son match contre elle parce qu'elle ne la connaissait pas, c'est tout dire. C'est aussi parler de lutte et vouloir en apprendre le plus possible en jasant avec les bonnes personnes. Ça veut également dire de prendre les occasions qui nous sont offertes et de capitaliser de ces situations.

Voici la liste des lutteuses actives au Québec : Sweet Cherrie, Kalamity, La Parfaite Caroline, Kira, Loue, Anna Minoushka, Dézirée, Angie Skye, Missy, Mary Lee Rose, Anastasia Ivy, Milouu, Mercedes, Thirsty Domino, Taina, Moonlight, Xervia Vexx. (j'en oublie peut-être quelques-unes) De ce groupe, la seule qui pourrait être excusée est Cherrie (et Anna en ce moment), qui est visiblement en fin de carrière et qui a déjà bénéficié plus que quiconque des conseils de sa mentor. Cependant, si un gros combat venait à elle, elle ferait le nécessaire pour être prête comme elle l'a démontré dans sa préparation pour son match avec Kellie Skater. Toutes les autres auraient du envoyer un courriel à LuFisto. Toutes sans exception. La clinique de LuFisto aurait du exister. A ce jour, toutes celles qui ont eu le tag de la « prochaine LuFisto » n'avaient pas cette passion au moment où elles auraient du l'avoir. Le timing fait souvent foi de tout dans cette industrie. Il faut être prêt quand le train passe, sinon on le manque et trop souvent, il ne repasse pas.

La moyenne d'âge de ces lutteuses est relativement basse ce qui pourrait donner l'impression que la lutte féminine est en santé au Québec. Cependant, je ne suis pas sûr si c'est vraiment le cas. Présentement, la grande majorité d'entre elles se complaisent à lutter dans les mêmes salles de lutte, à ne pas sortir du Québec et à lutter pour leurs amis et avec leurs amis. C'est la triste réalité de la lutte féminine au Québec présentement. Elle sera en santé tant et aussi longtemps que LuFisto et Stéphane Bruyère seront derrière Femmes Fatales, mais certainement pas par excès de passion et de travail de la part du talent local.

Steen et Generico font un (autre) tabac à New York !
Parlant de sacrifices, deux Québécois en ont fait depuis plusieurs années déjà et ils ont été récompensés d'une certaine façon dimanche à New York. En effet, lors du iPPV présenté par la Ring of Honor au Hammerstein Ballroom devant environ 2000 personnes, El Generico a remporté le titre TV de la ROH défaisant Christopher Daniels tandis que Kevin Steen a participé au segment de la journée, alors qu'il faisait un retour très anticipé par les fans. L'histoire raconte que Steve Corino est un homme changé grâce à Jimmy Jacobs et qu'ils veulent que Jim Cornette donne une seconde chance à Steen, « congédié » pour ses mauvaises actions. Corino avant son match demande à Steen de venir le rejoindre et il reçoit un pop monstre. Mais Cornette et la sécurité le renvoient de la salle, tel un « outsider », disant qu'il ne peut être ici. Puis, après le combat, Corino et Jacobs se font tabassés par Michael Elgin et son gérant Truth Martini jusqu'à ce que Steen arrive et vide le ring. À la demande de Corino, Cornette laisse Steen s'expliquer et il sort la ligne suivante : « My name is Kevin Steen and….Fuck Ring of Honor ! », après quoi il attaque Jacobs et fait un Package Piledriver (et non pas un Powerbomb Buster !) sur Corino que ce dernier a vendu pendant 10 minutes. Steen, après avoir craché sur Cornette et Carey Silkin (l'ancien propriétaire), s'est fait sortir par la sécurité. C'était très bien monté, phénoménalement bien exécuté de la part de tous ceux qui ont eu à jouer un rôle dans ce segment, qui a d'ailleurs terminé la première partie du show.

Cela faisait un bon bout déjà que j'étais au courant que Steen revenait à ce show avec ROH. En fait, depuis son départ en décembre, il était déjà prévu qu'il reviendrait à la mi-année, alors qu'il était resté en contact avec Jim Cornette et Delirious (le scripteur de la compagnie). Le temps d'arrêt était prévu afin de lui permettre de se mettre en forme, de revenir avec quelques nouveautés et de faire un gros impact à son retour. Steen a donc perdu 30-40 livres depuis le début de l'année et a maintenant 2 tattoos.

Generico, pour sa part, remporte son premier titre en simple à la ROH, lui qui fut champion par équipe avec Steen du 19 septembre 2008 au 10 avril 2009. Son combat avec Christopher Daniels fut le 2e meilleur combat de la journée derrière la finale opposant Davey Richards et Eddie Edwards. Lorsque ROH va faire ses débuts sur les réseaux détenus par Sinclair Broadcasting Group, Generico y sera donc leur premier champion TV. La décision de mettre Generico champion est surtout due au fait que la ROH a montré la porte à Daniels étant donné qu'il est sous contrat avec la TNA et qu'avec Sinclair maintenant propriétaire de ROH, un lutteur sous un contrat avec une autre compagnie de lutte diffusant des iPPV ou des PPV ne pourra demeurer avec ROH. Homicide se retrouve dans une situation semblable d'ailleurs, lui qui a signé avec la UWF. Reste maintenant à savoir combien de temps Generico gardera le titre. ROH n'a cependant pas la réputation de changer leur champion régulièrement.

Generico et Steen ne l'ont pas eu facile avec ROH. En 2004, ils étaient tous les deux allés voir un show de ROH afin de donner en mains propres leur package à l'ancien scripteur Gabe Sapolsky. Puis après plusieurs représentations auprès de Gabe, ils ont fait leurs débuts en février 2005. Au mois d'août de la même année, un match l'un contre l'autre a mal tourné et a marqué leur départ de ROH. Steen est allé entre autres au Japon tandis que Generico a lutté surtout avec la PWG et finalement, le téléphone sonna à nouveau. Pour Generico, ce fut à la fin de 2006 tandis qu'en février 2007, les deux faisaient leurs débuts en équipe dans un match face aux Briscoes qui leur méritera une place permanente sur l'alignement de ROH. Mais il a fallu qu'ils prennent les moyens nécessaires pour y arriver au début et même entre août 2005 et février 2007, ils se sont assurés de ne pas se faire oublier. C'est facile de dire qu'on veut lutter pour ROH, TNA ou la WWE, c'est une autre chose de prendre les moyens pour y survenir.

De façon générale, le show de ROH était excellent, alors qu'aucun mauvais match n'a été présenté. La finale entre Richards et Edwards, avec Richards qui devient champion de la ROH pour la toute première fois, était un potentiel match de l'année sur la scène mondiale. Jay Lethal face à Mike Bennett et Homicide face à Rhino furent deux bons matchs également. Le 4-way par équipe entre Shelton Benjamin & Charlie Haas, les Briscoes, Kings of Wrestling et All Night Express m'a déçu car je m'attendais à beaucoup de ce match, mais le match ne fut pas mauvais comme tel. Par contre, un match présenté avant la diffusion du iPPV opposant les Young Bucks (Generation Me) à Kyle O'Reilly et Adam Cole était tout simplement phénoménale. Il sera disponible sur DVD et vaut le prix du DVD à lui seul.

Nouvelles en rafale
-Dru Onyx a lutté contre le champion de la NWA The Sheik à la PWL à Lachine le 17 juin dernier. Le match, qui s'est soldé par un no-contest, a bien été selon les commentaires que j'ai eus. Le show a attiré une foule de seulement 75 personnes. La PWL est la propriété d'Andy Rossetti, Paul Rossetti et de Jeremy Barnoff, les 3 mêmes qui ont également la PWF à Dollard-des-Ormeaux. The Sheik, de son vrai nom Joseph Cabibbo, est âgé de 37 ans et lutte depuis une douzaine d'années, ayant fait ses débuts en Floride. Il aurait obtenu la permission de Sabu (le neveu de The Sheik, Ed Farhat) d'utiliser le nom. Il a battu Colt Cabana le 23 avril dernier pour devenir champion. Il s'agit donc de la deuxième présence du champion de la NWA en peu de temps au Québec. Toujours selon certaines informations, Dru Onyx est en processus d'obtenir un visa lui permettant de lutter au Japon. The Sheik a travaillé pour Zero-One dernièrement et il y aurait des pourparlers à l'effet qu'il formerait une équipe ou lutterait contre Onyx là-bas. Selon ce que j'ai entendu cependant, Zero-One n'a pas les moyens financiers de faire venir des lutteurs de l'extérieur or, il est possible qu'Onyx doive payer son vol mais qu'une fois rendu là-bas, Zero-One le ferait lutter.

-Dru Onyx, Darkko et Sylvain Grenier vont être à Boston et à Uncasville au Connecticut les 11 et 12 juillet prochains pour Raw et Smackdown. J'ai entendu deux versions, une qui disait qu'ils auraient un try-out et l'autre qui parlait de dark matchs. Je rapportais dernièrement que Pat Patterson avait jasé avec Darkko lors du dernier gala de la ToW et suite à ça, la WWE a demandé à Darkko de leur envoyer des nouvelles photos. Ils ont contacté Grenier pour l'amener ainsi que Darkko. Dru Onyx avait pour sa part fait belle figure aux derniers essais de la FCW en Floride et a reçu l'appel pour ces deux dates. Grenier de son côté est en pourparlers avec la WWE depuis plusieurs mois. Darkko n'avait reçu aucune nouvelle de la WWE depuis environ un an, alors il est fort à parier que Patterson y est pour quelque chose. Raw sera à Ottawa le 12 septembre et Smackdown à Toronto le 13, peut-être bien qu'ils seront rappelés là aussi. Le dernier Raw à Ottawa avait vu plusieurs lutteurs québécois dans son vestiaire, alors que les Grenier, Onyx, Generico, Prophet, Twin Terrors et Alex Silva y étaient.

-La NCW a maintenant un nouveau président. En effet, le 18 juin dernier était jour d'élections pour la NCW, qui renouvelle son conseil d'administration à chaque 2 ans. Yan O'Cain, aussi connu sous Nova Cain remplace donc le président sortant Luciano Luprano (Don Paysan). Benjamin Tull (Jay Phenomenom) est devenu le nouveau vice-président remplaçant Éric Salottolo. Jeff Racette (Marvelous Jeff) devient le nouveau secrétaire, André Therrien (Drénuke) le nouveau publiciste, le poste de trésorier, anciennement détenu par O'Cain est maintenant occupé par la conjointe de ce dernier, Josée Lauzon, le directeur technique demeure Frank Credali (anciennement Inmate et le plus costaud des deux dans le duo Those Guys) et finalement, Guil Reno reste le représentant des lutteurs.

Éric Ferland fut le premier président de la compagnie au milieu des années 90. Il fut remplacé durant son mandat par André Plouffe qui y resta un bon nombre d'années. Ont suivi Lyzanne Blouin, Benoit St-Denis et David St-Martin (Chakal) avant que Luprano devienne l'homme de la situation.

-Le gala NCW Fight Nationale a attiré une foule d'environ 120 personnes et s'est terminé avec un bon match entre le champion de ROH Eddie Edwards (il était encore champion) et l'ancien champion Québécois de la NCW James Stone. De ce que j'ai su, ce fut une performance surprenante de Stone qui a part un spot, a connu un très bon match. Même Edwards a trouvé que Stone n'était pas mauvais du tout. Edwards a d'ailleurs fait un très bon travail de foule et a reçu de très bonnes réactions de la part de la foule, plus qu'à l'habitude pour un lutteur indy venant de l'extérieur. Le match entre Steen et Thomas Dubois a également été un bon match, tandis que Tommasso Ciampa contre Alex Silva aurait été un peu décevant, sans être mauvais pour autant. J'ai obtenu des commentaires de gens qui disent que le show dans son ensemble est l'un des bons que la NCW a présenté cette année.

- À la question « Qui est le meilleur champion actuellement ? »
Franky The Mobster (ToW) 34,55%
El Generico (NSPW) 29.09%
Johnny C (ICW) 9.09%
LuFisto (Femmes Fatales) 9.09%
Jay Phenomenom (NCW) 5.45%
Mathieu St-Jacques (CRW) 3.64%
Soa Amin (MWF) 3.64%
Zircon (GEW) 1.82%
Stupefied (C*4) 1.82%
Darkko (FCL) 1.82%

Les deux premières places ne me surprennent pas du tout. Je suis content de voir un gars comme Johnny C troisième car même si la ICW n'est plus ce qu'elle était, il est le meilleur lutteur là-bas et a un très bon règne de champion. LuFisto est définitivement la championne du titre le plus prestigieux en province, le seul titre vraiment reconnu à l'extérieur du Québec. Stupefied est trop bas selon moi. Il a un règne d'un an avec la C*4, il a défendu son titre à plusieurs reprises, affronte une qualité de lutteurs impressionnants et donne une performance à couper le souffle dans la plupart de ses matchs.

C'est finiiiii
C'est déjà tout pour cette chronique, je vous reviens comme promis dans quelques jours avec une chronique spéciale. On va parler des commotions cérébrales, de la véritable histoire derrière la fermeture potentielle de la TUW, d'un show qui aurait pu mal tourner pour la NWC et de plusieurs autres nouvelles.

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