John Cena a décrit Montréal comme étant le « bizzaroworld » de la lutte professionnelle, là où les réactions de la foule ne sont jamais comme les autres et là où il se passe des choses presqu'inexplicables. Si on retourne dans le temps, l'oreille de Yukon Eric, le Survivor Series 1997, les « two » et les chants francophones dirigés à Lita ne sont que quelques exemples parmi tant d'autres. Un heel peut être applaudit à tout rompre et un babyface hué comme un escroc. Le Raw du 10 septembre n'a pas fait exception à la règle. Le retour de Bret Hart à Montréal après 15 ans et l'hommage qu'on voulait décerner à Pat Patterson mettaient la table à toute une soirée de lutte en perspective. Malheureusement, le lendemain à Ottawa ne fut pas une soirée aussi mémorable.

Si on met de côté l'incident impliquant Jerry « The King » Lawler - ce qui n'est pas une mince tâche, principalement pour quelqu'un qui était là en direct - le retour de Monday Night Raw à Montréal fut réussi.

Pour ceux qui voudrait en savoir plus sur l'arrêt cardiaque que Jerry Lawler a subi pendant le show, je vous invite à lire mon article sur le sujet au http://www.rds.ca/lutte/chroniques/347751.html. Un autre article, avec les plus récents détails de sa condition sera également publié demain.

Raw a débuté fort avec l'arrivée du « Hitman », sa première présence dans un ring de la WWE à Montréal depuis le 9 novembre 1997, soirée qui n'a plus besoin de présentation. La foule lui a réservé un chaleureux accueil en l'applaudissant à tout rompre et en lui donnant une ovation qui dura trois bonnes minutes. Des chants de « Bret, Bret » et même un chant de « Ole, Ole, Ole » se font faits entendre par la foule, estimée entre 10 et 12 000 personnes.

Un récent sondage aux États-Unis disait que pour la majorité des amateurs de lutte, cette soirée n'avait rien de très spécial car tout a été dit et redit avec les dernières présences de Bret à la WWE et surtout avec le DVD relatant la rivalité entre Hart et Shawn Michaels.

Pour Montréal, c'était tout à fait différent. Les fans de la WWE n'avaient pu revoir leur héro depuis 15 ans et ils ne voulaient pas manquer cet événement. Il est même à se demander si la WWE n'a pas fait erreur de ne pas publiciser la présence de Bret plus longtemps d'avance, alors qu'ils auraient pu attirer encore plus.

Bret y est allé de plusieurs commentaires élogieux qui ont fait réagir la foule dès le début.

« Thank you very much you're too kind. Thank you very much. 15 years so I will take it. Merci! It took a long time to get here. Thank you very much. I hope everybody in Canada is listening to this. This is a great moment for me to come back to Montreal. I hope all of Canada is watching. It's a great moment for me to come back to Montreal. I am a little bit speechless. I don't really know what to say after 15 years. So many things have happened. But I want to say that, the last time I was here, turned out to be one of the darkest hours of my life. But I can say it was also one of the proudest. I owe everybody in Montreal, all the fans here that supported me all those years. I want you to know, that you have been in my heart for 15 years. When I look back on things, I remember that day and that it was the people of Montreal and the fans here that got me through those dark days. I will never forget it. EVER!

To me it was the distinctively unique Canadian moment and I stand proud of everything I did that day. And I thank all you people for supporting me, not just for a little while, years and years of support. God bless everybody in Montreal. Thank you very much and I mean that from the bottom of my heart. Thank you very much »

L'interaction qu'il a eue avec CM Punk dans les minutes qui ont suivi a aussi très bien été accueillie, alors que Punk était complètement heel dans cette promo, laissant même présager que si ça avait été lui contre Bret Hart en 1997, il n'aurait pas eu besoin de Vince McMahon pour vaincre Bret et que toute l'ère attitude n'aurait pas eu lieu.

Bref, c'était une belle façon de commencer Raw.

Le dernier segment de la soirée, en plus d'avoir été présenté dans des circonstances extraordinaires, a été l'un des bons moments de lutte que j'ai eu la chance de voir live.

John Cena, qui juste là avait une réaction mitigée de la part des fans, a offert l'une de ses meilleures promos. Seul avec Bret Hart dans l'arène et après que la foule lui ait crié le célèbre « You can't wrestle », il s'est tourné vers Bret et a dit : « The thing I love most about Montreal is that they recognize a hall of famer when they see it. I could not have ever even laced your boots and that's a fact. »

Il commençait alors à faire tourner la vapeur de son côté.

Puis, lorsque CM Punk est arrivé, Cena s'est mis en deuxième vitesse.

« Je parle un petit français », a-t-il annoncé à la foule.

Celle-ci a réagi comme si le Canadien venait de gagner la Coupe Stanley.

« CM Punk parlez de grande victoire avec la nuit des champions, a-t-il enchaîné, pour ensuite finir avec un grand coup. « Mais je vais te botter l'cul ! »

C'est en fait tout ce que Cena devait faire pour se faire presque béatifier au Centre Bell lundi soir. En cette période où la cause linguistique refait surface, laissez-moi vous dire que même les anglophones ont apprécié le discours de l'ex-champion. Les fans de Montréal venaient encore une fois de prouver qu'ils étaient particuliers, alors qu'on n'a pas assisté à une réaction aussi babyface pour Cena depuis fort longtemps, même lorsqu'il est à Boston.

La foule a aussi très fortement réagit au coup de poing donné par Bret à Punk.

Ces deux segments font maintenant partie des meilleurs que la WWE a produit à Montréal. Ce n'était peut-être pas l'ovation d'Hogan ou le début du Raw après Wrestlemania X8, mais ce n'était pas loin derrière.

Par ailleurs, si la GM de Raw AJ Lee avait eu un rôle plus restreint les deux ou trois derniers lundis, elle s'est bien reprise à Montréal, qui demeurait aussi un show important étant celui qui est supposé te faire vendre ton PPV de dimanche, en l'occurrence Night of the Champions. Elle a eu des segments avec Punk, les Prime Time Players et un segment en direct avec Sheamus et Booker T. Encore une fois, je trouve qu'elle fait un bon travail. Ses expressions faciales en disent souvent long et sont très à propos et elle est différente des autres Divas, ce qui est également un avantage.

Au niveau de la lutte comme telle, je dois avouer qu'à partir de l'incident de Jerry Lawler, je n'ai pas beaucoup porté attention aux combats. Ironiquement, jusqu'à ce point dans le show, les deux matchs que j'avais particulièrement aimé étaient Randy Orton vs CM Punk et le match par équipe entre Punk et Dolph Ziggler contre Orton et Lawler.

Partie remise pour un hommage qui promettait
Pat Patterson m'avait dit que la WWE voulait mettre le paquet pour son hommage et il avait raison.

À trois reprises dans les premières deux heures trois vidéos ont été diffusées sur le Titantron durant les pauses publicitaires, chacun relatant une partie de la carrière de Patterson.

La première était plus introductive que d'autres choses. On montrait des images de sa carrière, dans différents matchs. Plusieurs Superstars de la WWE y allaient de commentaires, dont John Cena, Santino, JR, Booker T, Cody Rhodes, CM Punk, Michael Hayes, Dolph Ziggler et Rey Misterio.

« Il était le meilleur pour écœurer la foule », disait Punk.

« Il arrivait à faire sentir à la foule qui quittait l'aréna qu'ils en avaient eu plus pour leur argent », affirmait Hayes.

La deuxième vidéo, le plus court des trois, était uniquement des images de son fameux match contre le Sergent Slaughter au Madison Square Garden. Encore ici, plusieurs personnalités furent interviewées, dont Punk, Fit Finlay, Rhodes et Drew McIntyre.

La troisième et dernière vidéo était concentrée sur l'époque des Stooges avec Gerald Brisco, une idée que Patterson lui-même n'aimait pas trop au début. On y entend dans celle-ci les Ross, Tyson Kidd et The Miz.

La WWE avait même fait produire des t-shirts de Patterson, qui deviennent par le fait même des items de collection étant donné que l'hommage n'a jamais eu lieu. Sur le gaminet, on y voit une photo de Patterson ainsi que plusieurs inscriptions. En plus de la date du show et de l'inscription Pat Patterson Appreciation Night, on y indique que Pat fut le tout premier champion Intercontinental, qu'il fut le créateur du Royal Rumble, qu'il fut intronisé au HOF de la WWE en 1996, qu'il est le plus vieux champion Hardcore de l'histoire, qu'il a fait ses débuts à Montréal à l'âge de 17 ans, qu'il était un commentateur réputé (revered color commentator) et qu'il était l'hôte de « Le Brunch de Pat ».

Le t-shirt donne de bonnes informations sur Patterson, à part une petite erreur alors que Pat animait « Le Brunch du Rêve du Québec » et non pas « Le Brunch de Pat ». Selon mes souvenirs, c'est la première fois ou sinon l'une des rares fois que la WWE en fait autant pour un hommage local.

L'hommage qui devait avoir lieu après le gala a simplement été remis à cause des événements entourant Jerry Lawler.

Superstars et des notes générales
Pas grand-chose à signaler lors des enregistrements de Superstars.

Peut-être juste un spot durant le match entre Lord Tensai et Justin Gabriel, alors que l'arbitre Charles Robinson a compté un, a arrêté son compte, l'a recommencé et rendu à deux, les gens pensaient que le match était terminé. Si ça avait été le cas, Gabriel aurait reçu un bon pop. D'ailleurs son springboard top rope Moonsault était de toute beauté.

Le seul lutteur québécois en arrière-scène durant le show était Jeremy Prophet.

Maryse Ouellet était elle aussi dans les coulisses.

Évidemment, plusieurs personnalités de la lutte au Québec étaient dans les gradins. Parmi ceux que j'ai vus, notons les Kevin Steen, Sylvain Grenier, Franky the Mobster, LuFisto, Bertrand Hébert, Sexxxy Eddy, Dru Onyx, JF Kelly, Sébastien Maltais, Handsome JF, Leon Saver, Surfer Mitch, Stéphane Bruyère, Éric Salottolo, Twiggy, Johnny la Magouille, René Lemay et Patrice Maltais. Plusieurs membres de la maintenant défunte GEW de même que plusieurs personnes œuvrant à la NCW se trouvaient aussi dans la foule. Désolé si j'oublie des gens, mais il doit y en avoir encore plus que je n'ai pas vu que ceux que je viens de nommer.

Arda Ocal de The Score était aussi présent, de même que Ménick le barbier des sportifs, qui a regardé le show en compagnie de Rodger Brulotte.

Deux pancartes m'ont bien fait rire. L'une disait « La lutte c'est vrai! » et l'autre « AJ c'tune folle! ». Pour ceux qui ont vu une pancarte qui disait « Buy Laprade's book », sachez que ce n'était pas moi qui la tenait, en fait, ce n'est même pas mon idée. J'avais des amis très proches assis dans une section qu'on voit à la télévision et qui ont décidé de vouloir publiciser mon livre (et à Bertrand Hébert) lors de Raw. Disons que j'en ai entendu parler par plusieurs personnes, incluant certaines personnes sur la côte ouest canadienne et américaine!

Les plus grosses réactions babyfaces sont allées à Bret Hart, John Cena (à la fin), Randy Orton, Jerry Lawler (pour le match) et Santino Marella (lors de Superstars). Il n'y a pas eu de réactions monstres pour un heel, mais CM Punk est celui qui s'en est rapproché le plus.

Enregistrements de Smackdown!
Le lendemain à Smackdown!, les choses étaient plus tranquilles alors qu'on devait encore être sur les contrecoups de la veille.

Michael Cole semblait encore sous le choc, ce qui est tout à fait compréhensible.

Ils ont enregistré un match pour Saturday Morning Slam, avec un Rey Misterio qui a reçu toute une réaction et deux matchs pour Superstars. Lorsque la musique de Natalya a commencé, la foule a réagi fortement, pensant peut-être qu'il s'agissait de Bret. Le match de la soirée, tout show confondu, fut celui à Superstars entre Zack Ryder et Cody Rhodes.

Il y a eu quelques chants de « Jerry », jamais aussi forts que la veille et jamais aussi forts qu'on les décrits dans certains rapports. Il y avait au maximum 10 pancartes mentionnant Lawler, la plus fréquente étant le traditionnel « Get well soon King ».

Les enregistrements de Smackdown! comme tels ne passeront pas à l'histoire.

Que ce soit le segment d'ouverture ou celui de fermeture, qui impliquait pour les deux Sheamus et Daniel Bryan, aucun des deux ne m'a donné l'envie d'acheter le PPV de dimanche, ce qu'un dernier Smackdown! devrait pourtant faire.

The Miz et Sin Cara ont offert une contre-performance, principalement du côté de Sin Cara qui a manqué plusieurs moves. Très sloppy comme match.

Vickie Guerrero a reçu de la heat comme personne. Même en incluant le Raw de la veille, personne d'autre n'a été conspué de cette façon-là.

C'était plaisant de revoir Antonio Cesaro (Claudio Castagnoli) en direct dans un ring de lutte, alors que je l'ai vu lutté tellement souvent dans les années où il était avec ROH.

Le seul segment qui m'a accroché est celui d'anger management avec Bryan et Kane. Alors que les deux avaient une balle de stress dans les mains, le docteur leur a dit « You both have balls » et Kane qui dit à Bryan « My ball is bigger than yours ». Des jokes faciles, j'en conviens, mais ça a fait rire la foule.

Parlant de celle-ci, elle est estimée entre 5000 et 7000 personnes.

Le seul Québécois en arrière-scène était encore une fois Jeremy Prophet, qui a probablement eu un essai en après-midi. En fait, cinq lutteurs ont reçu un essai, dont la lutteuse de Toronto, élève d'Edge (qui était backstage) et qui faisait partie du dernier Femmes Fatales, Leah Von Dutch. Même si l'information n'a pu être confirmée, étant donné la présence de Prophet, il est fort à parier qu'il a été vu par William Regal qui s'occupe de ces essais.

Un fait à noter et j'y reviendrai dans une chronique ultérieure, mais William Regal a annoncé que la WWE cherchait maintenant des lutteurs qui sont dans le moule de ceux de la Ring of Honor. Un 180 degrés par rapport aux derniers mois, où on disait regarder uniquement les gars de 6 pieds 4, 240 livres, principalement les athlètes venant d'autres sports.

En terminant, on vendait aussi à Ottawa les t-shirts hommage de Pat Patterson. J'imagine que c'est la dernière fois qu'on voyait ces items sur une table de marchandise.

Merci à Bertrand Hébert pour la transcription du discours de Bret Hart.

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Le livre sur l'histoire de la lutte professionnelle au Québec, intitulé « Mad Dogs, Midgets and Screw Jobs : The Untold Story of How Montreal Shaped the World of Wrestling » et écrit par Pat Laprade et Bertrand Hébert, sera disponible à compter de février 2013. Il est présentement disponible en pré commande au www.amazon.ca