Mise en situation: Dans ma dernière chronique qui a été mise en ligne le 12 octobre dernier, je vous avais laissé en vous déclarant que j'avais été promoteur avant de devenir lutteur professionnel. C'est exactement ce qui s'était passé, mais à un âge où les jeunes pensent plutôt à astiquer leur bicyclette qu'à organiser des combats de lutte.

Je vous avais aussi mentionné que j'avais déjà à cet âge commencé à la Palestre nationale à m'entraîner à la lutte de style gréco-romain. S'il y avait un endroit où je me sentait bien, c'était les gyms de la Palestre nationale où, sous un même toit, on pouvait pratiquer différentes disciplines sportives. Au grand dam de mon instructeur Monsieur Beaulieu, l'ère de mon entraînement en lutte olympique sera écourtée par un attrait pour la lutte-spectacle.

Mon attrait pour la lutte-spectacle

Alors que je fréquentais la Palestre nationale, un amis, Émilien Lucas, qui faisait partie de la même équipe que moi en lutte gréco-romaine et qui était un peu plus vieux que moi, allait avec son père le dimanche après-midi au sous-sol de l'église St-Jean Baptiste (le centre n'était pas bâti à cette époque) pour assister à des combats de lutte de style professionnel (lutte-spectacle). Notre coach en lutte gréco a eu vent de l'affection que portait Émilien pour la lutte-spectacle, ce qui ne faisait pas son affaire du tout, car il craignait que nous soyions attirés vers cette discipline.

Monsieur Beaulieu avait vu juste en me suggérant de ne pas suivre les traces d'Émilien. Après un certain temps, je me décide d'accompagner Émilien pour aller assister à mon tout premier combat de lutte-spectacle. Pour pouvoir me payer cette sortie, je faisais les vidanges du quartier pour ramasser des bouteilles de liqueur ou de bière vides et je les refilais à l'épicier du coin en échange de quelques sous.

Cette première rencontre avec la lutte-spectacle a été pour moi le coup de foudre avec cette discipline sportive et petit à petit, j'en suis venu à espacer mes entraînements en lutte gréco-romaine au profit des entraînements de lutte-spectacle.

Promoteur à 13 ans

J'ai été tellement enjoué par la lutte-spectacle que j'aurais voulu que tous les jeunes de mon âge résidant dans mon quartier s'y adonnent. À cet âge, je pratiquais différentes disciplines sportives comme le baseball (Immaculé Conception Père Sablon), et le hockey avec les frères des écoles chrétiennes (De Salaberry et Mont-St-Louis)

En lutte-spectacle, au fur et à mesure que j'apprenais de nouveaux trucs, je réunissais dans ma cour arrière les copains du quartier pour leur montrer et enseigner les trucs.

Petit à petit, c'est devenu un rendez-vous hebdomadaire et avec le groupe, on s'était fabriqué un tapis en cousant ensemble plusieurs poches de patates vides que l'épicier me vendait à coup de .04$ la poche. Le sous-tapis était composé du surplus de vieux journaux que nous ramassions pour feu Charles Mayer (à cette période journaliste à Photo Journal) en échange d'équipements sportifs pour le hockey ou le baseball.

À l'âge de 13 ans, tu apprends assez vite et les autres amis évoluaient assez vite. Un jour, le père de Denis Faucher (je crois) vient visiter nos installations dans ma cour arrière et lance une boutade: pourquoi ne pas faire une séance de lutte pour les parents et amis de nos jeunes? Même à cet âge, ces paroles n'étaient pas tombées dans l'oreille d'un sourd.

Je me mis dans la tête de donner suite aux paroles du père de Denis Faucher. Comme facilité pour asseoir les parents et amis, j'avais aménager des piles de journaux autour de notre tapis (pas de câbles). L'admission avait été établie à .05$ par personne.

Aussi avec la vente de bouteilles vides, j'achetais du concentré de jus de raisin que je réduisais: quatre portions d'eau pour une portion de jus concentré. Je vendais mon breuvage .02$ le petit gobelet de papier.

En tout et partout, j'avais fait six séances avant que les voisins commencent à se plaindre et que certaine séances tournent au vinaigre. Le manque de sécurité pour nos spectateurs n'aidant pas et le fait que mon équipe de lutteurs prenait du coffre dans leurs prestations, il n'était pas rare que les parents en viennent aux coups ou encore par accident qu'un jeune se blesse à la tête et que les parents ou les amis de l'autre veulent s'en prendre aux lutteurs, et que les voisins appellent la police. Après plusieurs visites de la police, cela a mis fin à ma carrière de promoteur.

La Fédération Lutte Québécoise (FLQ) est la seule fédération de lutte loisir active à Montréal qui est dirigée par un ex-professionnel. Elle présente des spectacles de lutte à tous les vendredis au Centre Sportif St-Barthélemy situé au 7111 Des Érables, Montréal, portes 19h30 gala 20h30, salle climatisée, stationnement gratuit, trois rues des stations Métro Iberville ou Papineau. Admission 8.00$, moins 15 ans 5.00$

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