Ostracisé à Vancouver!
Jeux olympiques mardi, 19 janv. 2010. 09:30 samedi, 14 déc. 2024. 13:42
Il y a quelques semaines, je vous ai glissé quelques mots sur mon amour pour Vancouver. Je le répète, j'adore la métropole de la Colombie-Britannique. Tout ce que j'exige d'une ville, Vancouver me l'offre sur une base quotidienne.
Mais... oui, il y a toujours un mais.
Sans vouloir me lancer des fleurs, je me considère comme une personne relativement intéressante. Je fais du sport, je mange bien, je sens bon, je ne perds pas mon poil. Mais peu importe ce que je fais, je me sens parfois un peu rejeté par les habitants de ma nouvelle ville d'adoption. Je suis une personne cool, mais ici je ne passe pas pour une personne cool. N'ayons pas peur des mots, je suis ostracisé! Comme un vulgaire métèque dans la Grèce antique!
Non, je ne me fais pas lancer des roches quand je pose le pied sur le trottoir. Le dédain et le mépris des gens, je le sens dans le regard... tout se fait en subtilité. Je n'ai pas peur de le dire, j'ai des sentiments. Mais mes sentiments, les gens semblent ne pas s'en soucier quand ils me trucident du regard.
Voyage au coeur de mes malheurs...
À Vancouver, TOUT le monde boit du café. C'est la ville par excellence du café. Ce n'est pas moi qui le dit; l'an dernier, Vancouver a remporté le titre de la capitale du café au Canada. Si ma mémoire est bonne, Vancouver a raflé la palme au cours des cinq dernières années. Moi, je ne bois pas de café. Je pense que j'ai bu du café trois fois dans ma vie. Combien de cafés-internet à Vancouver? Impossible de répondre à la question avec exactitude.
Chose certaine, il y en a plus que de dépanneurs... et le compte n'est même pas serré. Comment voulez-vous que je m'intègre dans une ville où tout le monde va au Starbucks, au Blenz, au JJ Bean, au Waves, ou au Tim Horton's trois fois par jour? Je trouve que du café, ça pue. Comment voulez-vous que je me sente accepté dans une ville où tout le monde se délecte les narines de l'odeur du café?
Quand j'entre dans un café avec des amis (oui, il m'arrive de fréquenter ces endroits), je me sens comme Linda Hébert la première fois qu'elle est entrée dans le vestiaire du National de Québec dans Lance et Compte. Le temps arrête de tourner et je sens le poids du regard des autres sur mes épaules. Pourquoi? Parce que je commande un jus d'orange.
Au lieu de commander un moka-chai-latte-macha-double-vapeur-mousse-allongé-grains rôtis au chalumeau-sumatra à sept dollars, je commande un vulgaire jus d'orange. Commander cette absinthe infecte au royaume de la graine brune, c'est comme manger une salade du jardin au Pied de Cochon.
Au coin des rues Robson et Thurlow, il y a deux Starbucks! Deux Starbucks sur le même coin de rue! Faut le faire. Quand je soulève l'aberration, je me fais assassiner du regard comme si j'avais utilisé le fameux mot de quatre lettres qui commence par F à l'église.
Intenable...
La ségrégation se manifeste aussi au niveau vestimentaire. La marque Lululemon, vous connaissez? Des vêtements essentiellement utilisés par les gens qui font du yoga et qui veulent avoir l'air cool et à la mode. Comme huit filles sur dix portent des vêtements Lululemon, j'ose estimer que leurs vêtements sont confortables. Mais pour être confortable, il faut débourser au bas mot 95$ dollars pour un pantalon et 65$ pour t-shirt/camisole. Moi, j'achète des vêtements Le choix du président dans le quartier chinois. J'épargne donc environ 80$ dollars pour le pantalon de sport et 55$ pour le t-shirt. Et le pire dans tout ça, c'est que je cours pas mal plus vite que ces Paris Hilton de l'espadrille.
Mais leur vengeance est sournoise. Au lieu de me dire que j'ai des beaux mollets ou que je cours vite quand j'aborde la gent féminine, je me fais traiter de pouilleux parce que je ne porte pas la marque des gens cool et célèbres, surtout quand je leur dis que je ne fais pas de yoga! Si ce n'était que ça, ça irait. Mais quand j'ajoute que je ne regarde pas Etalk ou So you think you can dance Canada, qu'il m'arrive de manger de la viande et des légumes non-biologiques et que je ne mets pas mes médicaments à jour, je sens que j'ai franchi le point de non-retour. Un seul mot de plus de ma part et la Paris demanderait à son viril poméranien en laisse de m'attaquer...
Droit au coeur...
Pendant un bout, je me disais que seules les Paris Hilton de l'espadrille avaient tendance à se moquer des coureurs ne portant pas du Lululemon. J'avais tout faux! Même les vrais sportifs vous traiteront comme des moins que rien si vous n'êtes pas capables d'entrer dans leur club. Je n'ai jamais regardé les taux d'audience du Tour de France à la télévision à Vancouver. Mais sur la route, les Lance Armstrong en herbe pleuvent. J'adore faire du vélo vers UBC ou vers Horseshoe Bay, la vue sur la mer est imprenable. Je pensais avoir trouvé mon oasis de paix. Mais c'était avant de faire la connaissance des 234 598 cyclistes professionnels de Vancouver.
Mon crime est grave, mon père, je m'en confesse. Je fais encore du vélo avec vélo de montagne payé 700$ il y a 15 ans. 700$, c'est le prix de la selle des cyclistes que je rencontre lors de ma balade du dimanche. Non seulement ai-je l'air d'un cycliste du tiers-monde quand je me compare à ces gens qui ont payé 5000$ en moyenne pour leur vélo, j'ai l'air d'Hal Gill. Ça va beaucoup trop vite pour moi. D'habitude, c'est moi qui dépasse les gens dans les côtes. Ici, je me fais battre à plates coutures dans chaque montée, et ce, même par des cyclistes qui ont l'âge de ma grand-mère... des fois, je me dis que je devrais peut-être commencer à boire du café pour me donner une petite dose d'énergie supplémentaire...
Me dire que je devrais commencer à boire du café... c'est dire à quel point je suis perdu entre les deux oreilles...
En terminant, un petit conseil. Si vous avez l'intention de visiter Vancouver, apprenez de tout de suite à terminer chacune de vos phrases par « awesome ». Pour moi, il est déjà trop tard. Trop souvent ai-je utilisé autre chose que le A-word. Je suis déjà marqué. Je ne peux plus me faire d'amis parmi les Anglais de Vancouver. C'est terminé. Le métèque a posé ses armes.
Mais... oui, il y a toujours un mais.
Sans vouloir me lancer des fleurs, je me considère comme une personne relativement intéressante. Je fais du sport, je mange bien, je sens bon, je ne perds pas mon poil. Mais peu importe ce que je fais, je me sens parfois un peu rejeté par les habitants de ma nouvelle ville d'adoption. Je suis une personne cool, mais ici je ne passe pas pour une personne cool. N'ayons pas peur des mots, je suis ostracisé! Comme un vulgaire métèque dans la Grèce antique!
Non, je ne me fais pas lancer des roches quand je pose le pied sur le trottoir. Le dédain et le mépris des gens, je le sens dans le regard... tout se fait en subtilité. Je n'ai pas peur de le dire, j'ai des sentiments. Mais mes sentiments, les gens semblent ne pas s'en soucier quand ils me trucident du regard.
Voyage au coeur de mes malheurs...
À Vancouver, TOUT le monde boit du café. C'est la ville par excellence du café. Ce n'est pas moi qui le dit; l'an dernier, Vancouver a remporté le titre de la capitale du café au Canada. Si ma mémoire est bonne, Vancouver a raflé la palme au cours des cinq dernières années. Moi, je ne bois pas de café. Je pense que j'ai bu du café trois fois dans ma vie. Combien de cafés-internet à Vancouver? Impossible de répondre à la question avec exactitude.
Chose certaine, il y en a plus que de dépanneurs... et le compte n'est même pas serré. Comment voulez-vous que je m'intègre dans une ville où tout le monde va au Starbucks, au Blenz, au JJ Bean, au Waves, ou au Tim Horton's trois fois par jour? Je trouve que du café, ça pue. Comment voulez-vous que je me sente accepté dans une ville où tout le monde se délecte les narines de l'odeur du café?
Quand j'entre dans un café avec des amis (oui, il m'arrive de fréquenter ces endroits), je me sens comme Linda Hébert la première fois qu'elle est entrée dans le vestiaire du National de Québec dans Lance et Compte. Le temps arrête de tourner et je sens le poids du regard des autres sur mes épaules. Pourquoi? Parce que je commande un jus d'orange.
Au lieu de commander un moka-chai-latte-macha-double-vapeur-mousse-allongé-grains rôtis au chalumeau-sumatra à sept dollars, je commande un vulgaire jus d'orange. Commander cette absinthe infecte au royaume de la graine brune, c'est comme manger une salade du jardin au Pied de Cochon.
Au coin des rues Robson et Thurlow, il y a deux Starbucks! Deux Starbucks sur le même coin de rue! Faut le faire. Quand je soulève l'aberration, je me fais assassiner du regard comme si j'avais utilisé le fameux mot de quatre lettres qui commence par F à l'église.
Intenable...
La ségrégation se manifeste aussi au niveau vestimentaire. La marque Lululemon, vous connaissez? Des vêtements essentiellement utilisés par les gens qui font du yoga et qui veulent avoir l'air cool et à la mode. Comme huit filles sur dix portent des vêtements Lululemon, j'ose estimer que leurs vêtements sont confortables. Mais pour être confortable, il faut débourser au bas mot 95$ dollars pour un pantalon et 65$ pour t-shirt/camisole. Moi, j'achète des vêtements Le choix du président dans le quartier chinois. J'épargne donc environ 80$ dollars pour le pantalon de sport et 55$ pour le t-shirt. Et le pire dans tout ça, c'est que je cours pas mal plus vite que ces Paris Hilton de l'espadrille.
Mais leur vengeance est sournoise. Au lieu de me dire que j'ai des beaux mollets ou que je cours vite quand j'aborde la gent féminine, je me fais traiter de pouilleux parce que je ne porte pas la marque des gens cool et célèbres, surtout quand je leur dis que je ne fais pas de yoga! Si ce n'était que ça, ça irait. Mais quand j'ajoute que je ne regarde pas Etalk ou So you think you can dance Canada, qu'il m'arrive de manger de la viande et des légumes non-biologiques et que je ne mets pas mes médicaments à jour, je sens que j'ai franchi le point de non-retour. Un seul mot de plus de ma part et la Paris demanderait à son viril poméranien en laisse de m'attaquer...
Droit au coeur...
Pendant un bout, je me disais que seules les Paris Hilton de l'espadrille avaient tendance à se moquer des coureurs ne portant pas du Lululemon. J'avais tout faux! Même les vrais sportifs vous traiteront comme des moins que rien si vous n'êtes pas capables d'entrer dans leur club. Je n'ai jamais regardé les taux d'audience du Tour de France à la télévision à Vancouver. Mais sur la route, les Lance Armstrong en herbe pleuvent. J'adore faire du vélo vers UBC ou vers Horseshoe Bay, la vue sur la mer est imprenable. Je pensais avoir trouvé mon oasis de paix. Mais c'était avant de faire la connaissance des 234 598 cyclistes professionnels de Vancouver.
Mon crime est grave, mon père, je m'en confesse. Je fais encore du vélo avec vélo de montagne payé 700$ il y a 15 ans. 700$, c'est le prix de la selle des cyclistes que je rencontre lors de ma balade du dimanche. Non seulement ai-je l'air d'un cycliste du tiers-monde quand je me compare à ces gens qui ont payé 5000$ en moyenne pour leur vélo, j'ai l'air d'Hal Gill. Ça va beaucoup trop vite pour moi. D'habitude, c'est moi qui dépasse les gens dans les côtes. Ici, je me fais battre à plates coutures dans chaque montée, et ce, même par des cyclistes qui ont l'âge de ma grand-mère... des fois, je me dis que je devrais peut-être commencer à boire du café pour me donner une petite dose d'énergie supplémentaire...
Me dire que je devrais commencer à boire du café... c'est dire à quel point je suis perdu entre les deux oreilles...
En terminant, un petit conseil. Si vous avez l'intention de visiter Vancouver, apprenez de tout de suite à terminer chacune de vos phrases par « awesome ». Pour moi, il est déjà trop tard. Trop souvent ai-je utilisé autre chose que le A-word. Je suis déjà marqué. Je ne peux plus me faire d'amis parmi les Anglais de Vancouver. C'est terminé. Le métèque a posé ses armes.