PARIS (AFP) - Dans l'impossibilité de dissimuler les risques liés aux mouvements sociaux, le Comité de candidature de Paris à l'organisation des JO-2012 a pris le parti de les assumer, alors que manifestations et grèves sont prévues dans la capitale française le 10 mars durant la visite d'évaluation du CIO.

"Il ne faut pas s'en cacher: de l'étranger, la France est vue comme un pays de grèves. Nous allons montrer que nous sommes en position de discussions positives pour manager ce problème", a déclaré jeudi le directeur général du Comité de candidature de Paris, Philippe Baudillon.

La Commission d'évaluation du Comité international olympique (CIO) jugera le dossier parisien sur place du 9 au 13 mars. Le 10 mars, jour où des syndicats ont appelé à des manifestations et des grèves pour défendre le temps de travail, les salaires et l'emploi, elle doit visiter les sites olympiques.

Mais ce jour là, justement, la délégation doit se déplacer en bus... "La commission prendra le RER et le métro un autre jour", a précisé M. Baudillon, laissant ainsi entendre que même en cas de grève de la SNCF (Société nationale des chemins de fer) et de la RATP (Régie autonome des transports parisiens), ces visites ne seraient pas compromises.

Car si cette coïncidence de dates est "malheureuse", "une ville candidate ne nie pas les problèmes, elle doit montrer comment elle les règle", selon le responsable de Paris-2012.

Dossier ébréché

Certes, le très solide dossier parisien se trouve légèrement ébréché, mais le Comité de candidature travaille avec les syndicats afin de voir comment faire pour que le mouvement social, qu'il ne s'agit vraisemblablement plus d'éviter, soit "le moins pénalisant possible".

Il s'agit notamment de se mettre d'accord pour que les manifestations aient lieu à l'écart des sites visités par la délégation du CIO. Ceux-ci sont regroupés dans l'ouest et le nord de Paris, le village olympique étant dans le nord-ouest.

Toutefois, "si nous sommes interrogés par la Commission d'évaluation, nous répondrons qu'en France nous sommes en démocratie, qu'il existe un droit de grève, et nous ajouterons que si Paris a les Jeux, nous mettrons en place un management qui limite les risques dus aux problèmes sociaux", a précisé M. Baudillon.

C'est que, avec la sécurité, le thème de la circulation est l'un des points centraux du dossier de Paris-2012.

Béret, baguette et grèves

En s'appuyant sur le réseau de transports en commun parisien, "l'un des meilleurs au monde", le Comité de candidature a élaboré un "plan olympique de transport" et va tenter de convaincre la Commission d'évaluation de l'efficacité de ce plan "pendant les Jeux".

D'autant que la présidente de la RATP, Anne-Marie Idrac, sera "impliquée" dans la délégation parisienne qui recevra la Commission du CIO, selon M. Baudillon.

Les démonstrations de colère sociale peuvent "faire des dégâts", mais Philippe Baudillon et le Comité de candidature parisien sont prêts à apporter des réponses "très fortes" aux questions que pourra poser la Commission d'évaluation.

"On a le béret basque, la baguette et les grèves, OK. On garde le béret et la baguette, et on montre qu'on est capables de manager un problème social", a-t-il poursuivi. Mais à l'arrivée, "s'il y a des grèves et des manifestations... il y aura des grèves et des manifestations", s'est-il résigné.

Paris est en concurrence pour l'organisation des jeux Olympiques 2012 avec Londres, Madrid, New York et Moscou. La ville organisatrice sera désignée par le CIO le 6 juillet à Singapour.